Chapitre 41.

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Un dernier regard dans le miroir et je décidai de descendre de l'étage. Je redoutais la réaction de Parker, j'avais pris plus de temps que prévu pour me préparer.

Mes talons claquèrent contre le parquet des escaliers tandis que je percevais la voix de ce dernier plus clairement. Une fois au salon, je le vis au téléphone et il n'avait pas l'air content du tout.

Vêtu d'un pantalon gris et d'une chemise blanche à peine boutonnée, il faisait de grand geste des mains, le téléphone à l'oreille tout en allant et revenant dans le salon. Débout aux pas des escaliers, je l'observais silencieuse.

Il me vit et se stoppa, cria une dernière fois sur son interlocuteur avant de raccrocher. Il se jeta par la suite son téléphone sur le canapé, se passa la main sur le visage avant de soupirer bruyamment.

- Désolé, c'est que je déteste quand on joue avec de l'argent. M'expliqua-t-il tout en boutonnant les derniers boutons de sa chemise.

Il fourra par la suite sa chemise dans son pantalon avant d'enfiler sa ceinture de couleur marron foncé, tout en me regardant, un sourire aux lèvres.

Je me rendis compte que je ne cessai de l'observer depuis le début et qu'il venait une fois encore de me choper. C'était plus que la honte là !

- Viens donc m'aider, ne reste pas dans ton coin. Me dit-il en me montrant deux cravates différentes.

Je m'approchai de lui, observai attentivement les deux cravates sous mes yeux. L'une était d'un marron simple pareil à la ceinture et l'autre d'un bleu roi avec de jolie motif blanc dessus. Je jetai un regard aux alentours et remarquai sa veste d'un bleu nuit et ses chaussures d'un marron foncé.

- La bleue. Lui dis-je.

Il me sourit et lança la marron sur le canapé avant de réduire le peu d'espace qui existait entre nous deux.

- J'aurai parié que tu allais choisir le marron, n'est-ce pas ta couleur préférée ? Me demanda-t-il.

- Si. Répondis-je simplement. Mais je crois que ça aurait fait un peu trop de marron. Lui dis-je en pointant du doigts sa montre en cuir marron clair.

- En effet ! Se contente-t-il de dire avant de me tendre la cravate bleue. Avec tes talons, il te sera facile de la nouer autour de mon cou. Termina-t-il.

Je regardai la cravate dans sa main avant de reporter mon regard sur lui.

- Je ne sais pas nouer une cravate. Lui avouai-je.

La surprise passa dans son regard avant qu'il ne fronce les sourcils.

- Tu n'as jamais noué celle de ton père ? Me demanda-t-il incrédule.

- Non. Répondis-je timidement.

Mon père ne m'aimait pas. Il supportait à peine ma présence, sa chambre et son bureau m'étaient formellement interdit. Je n'avais pas le droit de toucher à ses affaires et je devais toujours baisser le regard face à lui. Il ressentait une telle haine pour moi que j'arrivais à me demander les nuits seule dans ma chambre, si j'étais vraiment sa fille...

- D'accord, regarde alors je vais t'apprendre. Me dit Parker me sortant ainsi de mes tristes souvenirs.

Au bout de cinq longues minutes, je réussis enfin à nouer impeccablement la cravate autour du cou de Parker. Juge difficile, il m'avait fait dénoué plus dix fois la cravate avant de reprendre le nouage.

- Pas mal. Me dit-il comme simple compliment.

Quand je disais qu'il était difficile !

Il alla s'asseoir dans le canapé, se chaussa tandis que moi j'allai m'asseoir en face de lui. J'attardai mon regard sur le lot de feuilles parfaitement rangé sur la table basse, ce sont celles sur lesquelles, travaillait Parker hier.

Ma curiosité prenait le dessus, j'avais tant envie de voir ce qu'il faisait. Je lui jetai un regard en coin et remarquai qu'il s'activai encore sur ses chaussures. Je m'emparai rapidement des feuilles et fut surprise de voir des croquis.

De croquis de voiture, tous dans un style ancien avec une petite touche de modernité. Les étoiles aux yeux, je regardais les dessins, les uns après les autres.

- Ce n'est pas bien de fouillé dans les affaires des autres sans autorisation. Me dit Parker d'une voix froide.

Le sourire aux lèvres, je relevai la tête pour encrer mon regard dans le sien.

- C'est toi qui a fait ça ? Lui demandai-je sans tenir compte de ce qu'il venait de dire. Ils sont magnifiques !

Il souffla avant de me prendre les feuilles des mains et de les ranger dans son cartable.

- Ce ne sont que des croquis, j'allai te les montrer quand je les aurais finalisés. M'informa-t-il.

- Qu'est-ce que tu es au juste ? Tu n'es pas architecte, tu me l'as dit toi-même et de plus un architecte ça ne dessine pas de voiture...

- Je suis ingénieur génie industriel. Dit-il en enfilant sa veste d'un geste fluide.

Ingénieur génie industriel ? Je ne le voyais pas du tout dans cette branche, j'aurai plutôt opter pour une formation en mangement ou encore en économie, mais pas pour une formation aussi spécifique.

Il se dirigea vers la sortie et d'un signe de la tête m'invita à faire de même. J'empoignai mon sac à main et sortis de ma maison avant de la verrouiller. Parker m'attendait dans sa voiture, je montai à l'avant à ses côtés et il démarra le moteur sans attendre.

Il n'existait plus aucune gêne entre nous deux et c'était quelque peu déroutant. Il venait de passer la nuit chez moi, nous nous étions embrassé deux fois la nuit dernière et nous nous dirigions au travail comme-ci de rien n'était.

Je n'arrivais même pas à regretter la soirée que nous avions passé ensemble. La présence de Patricia m'avait apporté de la joie et celle de Parker de la sécurité car même si je savais que nous n'étions pas amis pour autant, je sentais cette volonté de me protéger qui émanait de lui, cette même volonté qu'avait sentis mon cœur pour supposer qu'il ne me ferrait jamais de mal...

Mais il avait été très clair hier soir, s'il voulait me reconstruire c'était bien pour me détruire par la suite, pour tester ainsi ma force de caractère... et vérifier si j'étais bien à sa hauteur...

...seulement si tu te relèves après ça, j'accepterai de tomber pour toi...

Mais quand bien même j'arriverai à me relever après qu'il m'ait détruit, je ne serai jamais à lui...

... car j'appartenais déjà à quelqu'un d'autre... 

Juste Une Dernière FoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant