Chapitre 96.

1.6K 109 18
                                    

Le lendemain matin, la tension était tombée et la bonne humeur avait pris place. L'on était en route pour la villa des Afandé. La mère d'Ebiereyma nous avait invité à déjeuner.

Une fois arrivé sur les lieux, c'est une magnifique femme dans la cinquantaine qui nous accueillit avec des larmes et des cris de joie. Elle l'embrassa sa fille avec amour et l'émotion des deux femmes nous ému tous.

Elle porta par la suite son regard sur Patricia puis sur moi. Et alors que Patricia se retenait de sauter dans les bras de sa « mami » comme elle aimait le dire, la veille dame vient l'embrasser du même amour qu'elle porta à sa fille.

Après Patricia arriva mon tour, d'une accolade simple, elle me souhaita la bienvenue. Nous entrâmes finalement dans la pièce à vivre. La mère d'Ebiereyma invita cette dernière à l'aider en cuisine et Patricia se porta volontaire. Je restai donc tout seul dans le salon et pavanait par-ci par-là pour admirer la belle architecture de la maison.

Je me demandais si le père d'Ebiereyma était à la maison ou s'il était au travail. Mais Ebiereyma m'avait fait comprendre qu'il y avait peu de chance qu'il soit présent au déjeuner. C'était mieux ainsi pouvais-je dire, il ne fallait pas que ça mauvaise humeur gâche cette rencontre.

Alors que je revenais dans mes pensées, je me rendis compte que je m'étais perdus quelques parts dans la maison. Je tentai de retrouver mon chemin quand cette voix que j'espérais ne pas entendre arriva à mon oreille.

- Comment oses-tu inviter cet homme et sa fille dans ma maison?

Je devinai très vite que l'on parlait de moi.

- Que tu le veuilles ou non, Reyma l'aime et est enceinte de lui, tu vas devoir t'y faire.

- Cette petite sorcière n'est que source de déshonneur pour cette famille.

- Comment peux-tu parler ainsi de ta fille?

-Ce n'est pas ma fille. Je n'ai pas de fille. Ma fille est morte avec sa mère pendant l'accouchement.

- Ma sœur n'aurait jamais accepté que tu traites ainsi l'enfant pour laquelle elle est a donné sa vie.

-Assez, Mariam. Tu n'as aucune autorité dans cette maison. Tu n'es là que parce que tu t'occupes d'Ebiereyma et rien d'autres.

Je restai devant la porte figé, perplexe, perdu. Le père d'Ebiereyma sortit de la pièce et me fixa avec haine, mais je ne bougeai point. Il finit par s'en aller sans un mot.

Puis s'en suivit Mariam, la mère d'Ebiereyma... ou du moins sa tante... Qui était-elle au juste? Que se passait il dans cette famille?

Elle avait essuyé ses larmes et affichait un faux sourire. Elle sorti de la pièce et s'apprêtait à faire comme ci de rien n'était. Mais quand elle croisa mon regard, elle perdit la face. Je vis la peur et la honte l'envahirent, ne sachant pas depuis combien de temps j'étais présent.

Il eut un moment de silence. Puis voulant jouer la carte de l'ignorance elle me dit:

- Oh James, je te cherchais. Le repas est bientôt prêt l'on va passer à table d'ici peu. Me dit-elle d'une fausse voix enjouée.

Gardant le silence un moment, je lui répondis:

- Qui es-tu pour Ebiereyma? Sa mère ou sa tante?

Une larme se mit à couler de ses yeux sans qu'elle ne se rende compte. Elle reperdit à nouveau cet élan enthousiaste et de confiance qu'elle avait pris pour me parler. Je vis quelque chose dans son regard se briser.

Cependant, elle ne pouvait éviter ma question. La détermination avec laquelle je l'avais posé et mon impassibilité lui firent comprendre qu'elle n'avait d'autres choix que de me dire la vérité.

D'un soupir désemparé, elle m'invita du regard à la suivre dans la pièce de laquelle elle venait d'en sortir. Je la suivis sans un mot. Puis une fois à l'intérieur du bureau qui devait être celui du père d'Ebiereyma, elle prit le soin de bien fermer la porte cette fois-ci.

- Assois-toi. M'invita-t-elle.

Je m'assis sur l'une des deux chaises en face du bureau puis elle s'assît sur l'autre, auprès de moi. La tête baissée, elle jouait avec l'une de ses bagues aux doigts ne savant pas par où commencer.

- Je suis contente que ma fille est rencontrée quelqu'un comme toi. Commença-t-elle en levant la tête pour poser son regard sur moi.

Toujours silencieux, je la laissai continuer.

- Quelqu'un qu'il l'aime et qu'elle aime en retour. Quelqu'un a qui elle a pu confier ses peurs et qui a su l'écouter sans la juger. Quelqu'un qui la rendra heureuse...

- ... Je sais qu'elle a besoin de toi autant que tu as besoin d'elle. Et je suis contente que vous vous soyez trouvés même si tu n'as pas été très gentil avec elle. Me dit-elle en me fusillant du regard.

Un peu honteux, se fit à mon tour de détourner le regard.

- Mais tu l'as rend heureuse maintenant et c'est tout ce qui compte pour moi... Ebiereyma n'a pas eu une enfance heureuse, comme tu dois le savoir son père ne lui a pas rendu la vie facile.

- À sa naissance, sa mère, ma sœur jumelle a perdu la vie. Dans la culture de son père cela est perçu comme une malédiction, l'enfant est vu comme un sorcier qui aurait tuer sa propre mère. L'enfant est abandonné par tous et généralement finit par mourir de faim...

- Quand j'ai su le destin qui lui était réservé, je n'ai pas pu rester les bras croisés. Stérile et moi-même rejeté par ma famille car je ne peux donner de vie, un enfant dans toute circonstance est pour moi une bénédiction.

- Le mariage entre ma sœur et Malick, le père de Reyma n'était pas seulement un mariage d'amour mais surtout un contrat entre deux grandes fortunes d'Afrique. Ma famille n'a eu que des filles, Malick par son mariage avec ma sœur devenait le gestionnaire de notre fortune. Mais avec la mort de ma sœur, il n'y avait plus aucun lien entre nos familles si ce n'était que les enfants. J'ai accepté de me marier pour préserver ce lien mais surtout pour pouvoir élever Reyma. Ma seule condition était de ne pas révéler à Reyma que je n'étais pas sa vraie mère.

Désabusé par ce que j'entendais, je gardai tout de même le silence.

- Malick faisait vivre un enfer à Reyma, il l'a haïssait de tout son être, ne la considérant pas comme sa propre chair. Reyma a toujours recherché l'amour de son père ne comprenant pas pourquoi il ne l'aimait pas, elle se rejetait toujours la fausse se persuadant qu'elle devait être coupable. Je ne pouvais pas ajouter à son désespoir que sa mère était morte en lui donnant la vie. Elle ne se serait jamais pardonnée. Alors j'ai joué le jeu et plus le temps avançait plus il était difficile de lui dire la vérité.

- Donc si je comprends bien, jusqu'à présent elle ne sait toujours pas la vérité ? Demandai-je choqué par l'ampleur de ce secret.

- Non, elle ne le sait toujours pas.

- Et Jason?

- Jason avait déjà 3 ans à la naissance de Reyma et donc à la mort de sa mère. Il n'a pas toute de suite fait la différence entre sa mère et moi, il hésitait souvent mais se trompait en m'appelant maman. Avec le temps il s'est habitué à moi, mais à finir par apprendre la vérité à 16 ans en écoutant son père et moi se disputer. Jason est un garçon au grand cœur. Je lui ai expliqué la situation et il n'a lui aussi pas eu le courage de dire la vérité à sa sœur.

- Comptez-vous lui cacher la vérité toute sa vie?

Baissant la tête honteuse, elle me répondit avec douleur:

- J'aimerais tellement lui dire la vérité mais j'ai peur de la perdre. Reyma est ma fille, c'est moi qui l'ait élevé depuis petite, elle est mon bébé. Je veux la voir heureuse mais je ne sais comment lui dire la vérité sans la blesser. Je ne supporterais pas qu'elle me déteste en sachant la vérité... elle est la fille que je n'ai jamais pu avoir. Elle est ma vie...

Comprenant la douleur qu'elle pouvait ressenti et le choix déchirant auquel elle devait faire face, je ne suis quoi répondre.

Quelle était la bonne décision? Lui dire la vérité ou continuer de lui mentir? Il n'y avait aucun aucun bon choix entre les deux.

Juste Une Dernière FoisWhere stories live. Discover now