Chapitre 26.

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Une larme coula le long de ma joue, mais Parker ne la remarqua pas étant dos à lui. Son impatience pesait lourd dans la salle.

Il attendait ma réponse. Il attendait que je lui raconte mon passé. Mais je ne le ferai pas, je ne lui en parlerai jamais.

Un souffle exaspéré sortit de sa bouche avant qu'il ne me retourne brusquement face à lui par la taille.

- Répondez-moi. Ordonna-t-il.

Mon regard encré dans le sien, je soutenais son regard sans cillé. Je n'avais pas peur de lui et je ne cesserai jamais de le défier qu'il veule me détruire ou non.

Il n'y arrivera jamais car il ne pouvait me reconstruire. Je ne pouvais être reconstruire.

Oublier pour être heureuse. J'y croyais à un moment mais j'ai fini par me rendre compte que j'étais marquée au fer rouge par mon passé et que jamais j'arriverai à oublier. Jamais j'arriverai à me reconstruire...

Me dominant de toute sa taille, Parker me fixait avec une telle intensité que mes pupilles me brulaient. Il semblait chercher les réponses à ses questions dans mon regard sachant que je n'y répondrai pas.

Au bout de quelques minutes qui me parurent une éternité, il baissa l'intensité dans son regard, ornant ses lèvres d'un sourire fier.

De quoi était-il fier ?

Je le saurai très vite. Arrogant comme il l'était, il s'en venterait dans les minutes qui suivront.

Se reculant de quelque pas, il me relâcha enfin la taille puis enfoncèrent ses mains dans ses poches.

- Pourquoi ne voulez-vous pas me répondre, Mlle Afandé ? Me demanda-t-il.

- Peut-être parce que nous ne sommes pas amis. Lui répondis-je comme une évidence.

Il pencha sa tête sur le côté gauche en étirant davantage ses lèvres en un sourire en coin avant de repositionner sa tête droitement.

- On pourrait l'être. Dit-il simplement sur un ton qui semblait sincère.

- Pour que vous me poignarder dans le dos après ? Non, merci. Répondis-je en m'éloignant de lui pour retrouver mon siège sachant que les autres membres de cette réunion ne tarderont plus.

Colère, frustration, douleur, tristesse étaient les principaux sentiments qui s'entrechoquèrent dans mon esprit. Epuisée par ce flux de sentiments, je décidai de m'asseoir pour attendre les autres.

Les coudes contre la table en verre, je me massais délicatement les tempes. Une migraine commençait à s'attaquer à ma tête tant mon cerveau était en surchauffe.

Je n'arrivais pas à y croire. Dans quelles circonstances Parker et moi étions-nous arrivés à discuter de moi, de mon passé, de ma douleur ?

Il était manipulateur et calculateur.

Il savait détourner la situation à son honneur.

- Vous deviez beaucoup l'aimer. Parla Parker les mains dans les poches, le regard braqué sur la baie vitrée n'ayant bougé d'un centimètre du lieu.

Je fronçai les sourcils, perturbée.

De qui parlait-il ?

Je lui lançai des regards interrogateurs qu'il ne considéra pas.

- Vous deviez beaucoup l'aimer pour être autant touchée, car cette douleur dans votre regard est celle dû à une blessure émotionnelle, celle causée par un être cher. C'est une blessure qui ne guéri jamais, une douleur que l'on ne peut oublier. Dit Parker en braquant cette fois son regard sur moi.

Il ricana subitement, faisant vibrer la pièce de son timbre vocal.

- Ça me fait un sacré challenge de vous reconstruire ! S'exclama-t-il pour lui-même même s'il l'avait dit à voix haute.

Etait-ce si facile de lire en moi ?

Non. J'étais difficile à cerner, mère me l'avait toujours répété.

Alors pourquoi lui avait-il pu voir la douleur dans mes yeux et en connaitre la cause sans même me connaitre, sans même connaitre mon passé ?

Ce qui venait de découvrir sur moi, n'était certes qu'une infime partie du secret que je porte mais il en savait plus qu'il en devait et je n'appréciais pas du tout cela.

Une blessure qui ne peut être guérie, une douleur qui ne peut être oubliée. Il avait dit vrai et il le savait, il ne pourrait pas me reconstruire. Alors pourquoi persister ?

- Pourquoi persévérer à me reconstruire tout en sachant que c'est impossible ? Lui demandai-je curieuse.

Il me sourit avant de s'avancer jusqu'à moi.

J'avais conscience que je venais de lui confirmer ses affirmations mais je ne m'en souciai pas. J'avais cette petite partie en moi qui voulait croire qu'avec sa détermination, il puisse reconstruire ce que père avait détruit en moi.

Même si je me berçai d'illusions, il avait reveillé cette étincelle de vie en moi quand il avait affirmé pouvoir me reconstruire.

Cette étincelle que père avait éteint en moi à toujours, ce soir d'automne.

Pourquoi tu m'aimes ? Pourquoi tu ne m'hais pas ?...

Je serai durement les dents et fermai fortement les yeux, je ne voulais pas pleurer. Pas devant Parker. Me répétai-je.

- Parce que j'obtiens toujours ce que je veux et même si je dois passer par l'impossible pour vous reconstruire, je le ferai car mes efforts seront récompensés en plus grand quand je vous détruirai. Les deux mains appuyées contre les accoudoirs de mon siège, il avait dit ses paroles avec une telle intensité que je le croyais possible de me reconstruire.

- Et comment comptez-vous me reconstruire ? Lui demandai-je davantage curieuse sur ses plans.

Un large sourire étira ses lèvres et de son regard sombre jaillissait une étincelle de défi.

- En vous aimant, Ebiereyma.

Juste Une Dernière FoisWhere stories live. Discover now