Chapitre 30.

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La bouche entrouverte, les yeux grands ouverts, les battements de cils répétés et le corps stoïque, je crois que je réunis toutes les conditions pour affirmer que je suis choquée. Non surprise mais choquée.

Je ne sais quoi dire et je pense même avoir perdu l'usage de la voix. Lui ne cesse de me fixer d'un regard indéchiffrable, intense et qui semble rétrécit l'habitacle de l'ascenseur.

Le bip sonore se fit entendre et l'ascenseur s'ouvrit sur le hall du treizième étage. Je me précipitai à l'extérieur comme-ci ma vie en dépendait, mais très vite, la main de Parker autour de mon poignet m'arrêta.

Avec appréhension, je me retournai puis lui fit face.

- Sois dans mon bureau dans une heure. M'avait-il dit d'un timbre de voix que je n'arrivai à déterminer.

Etait-ce un ordre ou une demande ? Je ne saurai le dire, il n'avait été ferme dans sa voix mais ni douce non plus. Cependant, une chose était sûr. Je n'avais pas le choix !

Embrouillée par le comportement de Parker, je me dirigeai à mon bureau. A quelque mètre de celui-ci, je remarquai que la porte légèrement ouverte. Les sourcils froncés, je m'avançai lentement me demandant pourquoi mon bureau était-il ouvert ?

Silencieusement, j'ouvrai entièrement la porte et entrai dans mon petit bureau. Un homme. Un homme était dressé dos à moi, le regard fixé sur un tableau accroché à mon mur.

John Carter. C'était mon directeur financier John Carter ou plutôt mon ex-directeur, je le reconnu sans souci par sa carrure et les mèches blondes de ses cheveux.

Soulagée que ce ne soit que lui, je n'en demeurai pas moins surprise pour autant.

- Bonjour John. Dis-je pour le sortir de sa contemplation.

Surpris, il se retourna subitement.

- Oh Reyma ! S'exclama-t-il. Vous êtes venu très tôt ce matin. Je pensais ne plus vous revoie dans ce département, je me rends compte que vous n'avez pas encore terminé vos cartons. Dit-il en passant son regard sur mes effets personnels encore dans le bureau.

- Vous avez besoin du bureau ? Vous avez déjà trouvé un autre stagiaire. Demandai-je un léger pincement au cœur.

M'a-t-on déjà remplacé ? Sitôt ! Moi qui voulait traîné encore un peu dans ce bureau et avoir un argument pour ralentir mon déménagement.

- Non pas encore mais je croyais que vous deviez commencer à travailler sur le dossier le plus tôt possible ?

- Le plus tôt possible c'est le moins que l'on puisse dire ! Je dois être dans le bureau Mr. Parker dans une heure. Lui avouai-je la moins enthousiasme du monde.

Il se contenta de hocher la tête et fixa de nouveau le tableau accroché au mur. Dans son dos, j'avançai puis me positionnai derrière lui avant de fixer à mon tour ce magnifique tableau peint en des couleurs chaudes.

- C'est un très beau tableau. Qui en est l'auteur ? Me demanda-t-il toujours obnubilé par le tableau.

- Ma mère.

Il se retourna encore une fois brusquement pour me fixer de ses yeux incrédules.

- Votre mère ? Me demanda-t-il surpris.

- Oui ma mère, elle est peintre. Lui répondis-je toute sourire, fière de ma maman à moi.

Il me rendit mon sourire et les sourcils froncés fixa à nouveau le tableau dont ce qu'il représentait était difficile à apercevoir.

- Qu'est-ce qu'il représente ? C'est tellement abstrait. Me demanda-t-il en fronçant davantage les sourcils.

- C'est du cubisme. Il représente juste un perroquet perché sur une branche entre les feuillets de l'arbre. Lui répondis-je moqueuse de le voir autant souffrir pour apercevoir ce que moi je voyais clairement.

Il se retourna une fois de plus vers moi et me lança un regard qui trahit son incompréhension. Je m'avançai jusqu'au tableau et le décrochai du mur, le renversai et lui demandai de regarder d'un œil avant de retourner le tableau dans diverses positions comme me l'avait montré ma mère.

Ses yeux s'écarquillèrent quand j'eurent finis et je compris qu'il l'avait aperçu, le perroquet. Il ne pourrait jamais voir le tableau comme je le voyais moi, car j'avais assisté à la première couche de peinture jusqu'à la dernière de ce tableau.

- Waouh ! C'est magique ! Je crois avoir aperçu son bec et ses ailes repliés. C'est vraiment très beau. J'aimerai vraiment en voir d'autres. M'avoua-t-il.

- Ma mère fait rarement des expositions mais je vous tiendrai au courant si elle en programme une.

Je raccrochai le tableau au mur et me dirigeai derrière mon bureau. Je m'assis et donnai place à John en face de moi. Je fouillai dans mes tiroirs et sortit un dossier gris que je lui remis.

- Ce sont les opérations financières portées au journal de l'année dernière que vous m'aviez demandé de vérifier. Toutes les opérations ont été vérifiées et tout est en ordre. Cependant, suite à une analyse du bilan et du compte de résultat de cette même année, je me suis permise de porter quelques critiques d'où des suggestions.

Feuilletant les feuilles de mon travail, il hocha d'un air sérieux la tête avant de m'avouer qu'il y jettera un regard plus approfondir plus tard. Il se leva du siège et se dirigea à la sortie. Il ouvrit la porte et avant de la traverser, se retourna pour me regarder.

- Ça vous dit de déjeuner avec moi ce midi ? Me demanda-t-il.

- Oui... oui, pourquoi pas ?

Il me sourit puis me fit un clin d'œil avant de sortir de mon bureau. Surprise par sa demande et son comportement, je me laissai retomber dans mon fauteuil tout en secouant la tête de gauche à droite.

Qu'avaient-ils tous avec les clins d'œil ?

Juste Une Dernière FoisWhere stories live. Discover now