Chapitre 1 : Le Domaine Burnwood

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Je passe probablement les pires vacances de ma vie.

Quand on termine le lycée, l'été de ses dix-huit ans, on part généralement à la plage avec ses amis. On fait la fête, on s'amuse dans la piscine d'un camping, on fait des feux de camps au bord de la mer. C'est censé être l'été de notre vie, avant de tourner la page et de se lancer vers l'université.

« Ethel, arrête de râler dans ta barbe ! » me reproche Hécate.

Je lance un regard furieux à ma partenaire, resserrant mes doigts sur le fusil à balles anesthésiantes que je tiens entre mes mains.

Où j'en étais, déjà ? Ah oui. Les pires vacances de ma vie. La plage, l'éclate... Ce n'est pas au programme de mon été. Non. Moi, Ethel Griffith, dix-huit ans, je passe mes vacances à m'occuper des loups de ma terrible grand-mère, Mary-Jane Griffith, dans sa réserve naturelle, la réserve Burnwood. Exit la plage en Floride -je viens d'Orlando-, bonjour les montagnes rocheuses et les températures glaciales même en plein mois de juillet.

« Regarde. Il est là. Ta grand-mère ne s'est pas trompée, il est tout seul. » m'indique Hécate.

La voix d'Hécate, une autre fille recrutée on-ne-sait-où par Grand-Mère pour son domaine, me tire de mon monologue. Cela fait deux heures que nous traînons comme des âmes en peine dans le domaine, à la recherche d'un loup blessé. Notre mission : l'anesthésier et le ramener à Grand-Mère pour qu'elle le soigne et le réintroduise dans le domaine comme neuf. Au moins, c'est toujours quelque chose de plus intéressant que la réparation des barrières, tâche qui nous a été attribuée pendant toute la première semaine passée au sein du domaine.

Hécate m'attire dans un buisson pour nous cacher de la vue de la bête, alors que je réprime un petit cri d'exclamation. Un frisson parcourt mon échine : c'est la première fois que j'aperçois un des loups du domaine Burnwood. C'est même la première fois que je vois un loup tout court ; ce ne sont pas des animaux très courants à Orlando.

« Il n'a pas l'air en très bonne santé, en effet... » je murmure.

Pas de bol, le premier loup que j'aperçois dans ma vie est un loup blessé. Affalé sur un rocher, la gueule aussi ensanglantée que son poil d'un gris orageux, ses yeux d'un bleu vif fouillent les environs. Malgré le fait qu'il soit bigrement massif, on dirait une bête traquée.

« C'est une chance qu'il soit seul. Avec la Meute autour, ça aurait été beaucoup plus compliqué... » se réjouit Hécate.

Ses boucles d'un brun profond s'agitent autour de son visage poupin, tandis qu'elle baisse les yeux sur son fusil. A côté de mon chignon roux débraillé et de la crasse sur mon visage, elle a l'air d'un mannequin. Hécate semble être nettement moins dérangée que moi par le contact avec la nature.

« Allez, on l'endort et on le ramène chez ta grand-mère ! » chuchote-t-elle en chargeant une balle anesthésiante dans son fusil.

Je l'imite, au cas où Hécate raterait son coup, sans détacher mes yeux du loup que nous sommes censés abattre. Il a des traces de morsures partout sur le corps, et j'en viens à ressentir de la pitié pour cette pauvre bête. Cela dit, sa gueule remplie de crocs acérés ne me donne pas particulièrement envie de lui faire des caresses.

Mon regard continue de s'attarder sur le loup, quand tout à coup, deux yeux jaunes se dessinent derrière lui. Le propriétaire de ce regard lupin apparaît rapidement de l'obscurité : un de ses semblables presque roux, moins massif que celui sur le rocher, qui s'avance doucement vers notre cible.

« Hécate... je murmure, un peu paniquée à la vue du second loup.

-Quoi ? »

Un grognement à peine audible se dégage de la gorge du loup blessé et je comprends rapidement que le nouveau venu n'est pas venu prendre des nouvelles de son ami. Non, il semble être venu pour l'achever.

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