Chapitre 46 : Liés

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« Sarah !

-Maman ! »

Le corps de ma mère retombe lourdement sur le sol, son sang giclant partout autour d'elle. Je me précipite vers elle, suivie par mon père, tandis que Cyrus se recule, décontenancé pendant une courte seconde. Sa griffe devait blesser Tobias, pas ma mère.

Je secoue vainement son épaule, comme si elle allait se relever et m'informer que tout ça n'était qu'une simple blague, mais mes sens lupins m'informent déjà de la triste vérité : son cœur ne bat plus. Elle ne se relèvera plus jamais. Je sens une onde de choc me parcourir de la tête aux pieds et des larmes rouler sur mes joues, un vent frais parcourant ma nuque comme si quelque chose y avait disparu.

« Je l'ai vraiment tuée... » réalise Cyrus comme pour enfoncer le clou.

Lui-même n'a pas l'air d'y croire. J'entends Tobias, toujours transformé, tenter de lui foncer dedans, mais Cyrus l'esquive. Tobias s'arrête en plein dans son geste, visiblement surpris. Il se retourne et effleure son flanc du bout de son museau. Il pose ses yeux bleus sur moi d'un air inquiet, mais je ne le regarde même pas. Mes yeux ne sont posés que sur Cyrus, dont les griffes et les crocs sont toujours apparents.

La devise de ma mère, celle de l'ordre des chasseurs, me revient en mémoire. Toujours vaincre. Ne jamais se soumettre.

C'est ce qu'elle m'aurait dit, dans un moment pareil.

Cyrus s'avance vers moi d'un air menaçant tandis que j'abaisse la tête. J'entends mon père lever son fusil, et un craquement sec au niveau de mes doigts. Ma bague vient de se fendre en deux. Je serre le poing sans dire un mot, mais je me sens sursauter quand la voix grave de Cyrus commence à menacer Papa.

« Tu veux subir le même sort que ta femme, chasseur ?

-Je... Tu n'approcheras pas, espèce de... » balbutie mon père en essayant de nous défendre, moi et la dépouille de ma mère.

Cyrus s'avance vers lui et lève sa main ornée de longues griffes comme il l'a fait il y a quelques minutes pour achever ma mère. Mon sang ne fait qu'un tour.

« Je t'interdis de le toucher, espèce de crevure ! » je le coupe dans un hurlement.

Mes instincts ont parlé tout seuls. Je bondis sur Cyrus d'une telle force que j'arrive à le faire basculer en arrière, sentant ma bague fendue tomber de mon doigt. C'est alors que je réalise que mes ongles sont devenus des griffes.

Parfait, songe avec délice ma partie animale.

Je profite de l'ahurissement de Cyrus pour lui lacérer la joue une, deux, puis trois fois, avant qu'il ne se ressaisisse et m'attrape par les poignets. Je lui assène un coup de tête retentissant en plein dans le front, ce qui me permet de commencer à littéralement lui déchirer la poitrine à grands coups de griffes.

« Crève ! Crève ! Crève ! je m'entends crier.

-Ethel ! Le lien ! Les Alphas pris en otage ! Arrête, tu vas tous les tuer ! »

C'est la voix de Tobias, je la reconnais. Je m'arrête en plein mouvement : il est à moitié transformé, encore recouvert de poils gris. Il tend les mains vers moi comme pour me calmer. Même Cyrus arrête de se débattre, comme s'il venait de se rendre compte de quelque chose.

Je ne contrôle pas grand-chose, en ce moment. Mais une chose est sûre, mes instincts lupins sont terriblement versatiles, et je sens mes pulsions meurtrières s'effacer au profit d'un flux d'hormones quand je l'aperçois. Je frissonne en réalisant à quel point je deviens animale, incapables de me concentrer sur plus d'une chose à la fois.

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