Chapitre 10 : Anneau de chasse

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Est-ce que j'ai déjà précisé que je vis actuellement les pires vacances de ma vie ?

Ah, oui. La première fois, c'était au domaine Burnwood, fusil anesthésiant en main, en train de traquer du loup blessé dans la forêt de la réserve. L'histoire se répète, je songe. Si je disais à celle que j'étais il y a trois jours qu'elle finirait dans une autre forêt, avec ledit loup blessé, à chasser d'autres bêtes sauvages avec l'aide d'un chasseur dont j'ai assommé le cousin... Elle tomberait dans les pommes, clairement. J'en viendrais presque à souhaiter d'être restée avec ma grand-mère. Elle doit s'être réveillée de la dose de somnifères d'Hécate, maintenant... Qu'est-ce qu'elle devient ?

« Ouaf ! »

Je fusille du regard le chien qui a interrompu mon flot de pensées. Stupide animal. C'est un des chiens de la bande de chasseurs que Ryan -le crétin blond du diner- a réussi à rassembler pour sa battue. Ces sinistres acharnés de la gâchette ne me disent rien qui vaille : armés jusqu'aux dents, parlant d'un air mauvais entre eux, ils n'ont pas l'air d'être venus pour s'amuser. Peu importe ce qu'ils trouveront dans la forêt : ce soir, ils s'en serviront comme descente de lit.

Qui plus est, ces dingues ont ramené leurs sacs à puces. Ils gambadent joyeusement dans la clairière où nous sommes tous rassemblés avant le début de la battue. La lumière verte de la forêt ne m'empêche pas de ronger mon frein ; surtout quand les chiens de chasse se rassemblent d'une manière suspecte autour de Tobias et Nina. Ces derniers lui rendent un regard hostile, comme s'ils étaient capables de communiquer. Amos, installé dans un porte-bébé sur le torse de Nina, pousse des grognements enthousiastes, heureusement assez discrets. Cela dit, tout ça commence à être assez bizarre.

 «Allez pssst ! Dégage, vilain toutou ! je chuchote méchamment.

-Ethel ! Arrête de regarder ce chien de travers, c'est on ne peut plus louche ! persifle Hécate dans mon oreille.

-Tu préfères que j'écoute le discours de ce vieux fou ? » je proteste à voix basse.

Si nous sommes tous rassemblés dans cette clairière, c'est pour écouter les paroles de motivation d'un grand homme blond ressemblant fortement à Ryan : son père. Se tenant fièrement debout sur une souche d'arbre, il domine l'assemblée et malgré sa voix apaisante, l'abreuve de paroles guerrières :

« ...nous ne laisserons pas les coupables de ces assassinats vaquer dans notre forêt ! Peu importe la nature de ces créatures, nous l'abattrons avant la nuit ! »

A ses côtés se tiens Ryan, qui n'écoute rien du discours de son père. Il observe son fusil, le chargeant successivement d'une salve de balles plus brillantes les unes que les autres. Rien à voir avec les pétoires que nous a prêtés la serveuse de chez Nancy ; ces machins ne doivent pas avoir servi depuis vingt ans. Nina et Tobias les observent d'un air embêté. Ces loups n'ont jamais eu d'armes en main.

« Je sais que nous en sommes capables. Alors si vous croisez la bête... pas de quartier ! »

Une clameur furieuse et barbare s'élève de la foule et je frissonne, même si la température est agréable. Il ne fait pas bon d'être ici.

Le père de Ryan descend de sa souche et j'aperçois les chasseurs se rassembler en petits groupes. Puisqu'ils s'apprêtent visiblement à chasser en bande, je me tourne vers mes partenaires, quand une voix trop suave pour être amicale m'empêche de leur parler :

« Ethel ! fait Ryan. On se met ensemble ? Je veux voir si tu chasses aussi bien que tu parles !

-Plutôt crever. » je marmonne.

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