Chapitre 37 : Liens rompus

10.9K 1.2K 295
                                    

Ok, Ethel. Du calme. Du. Calme.

Je regarde autour de moi pour vérifier qu'aucune Mahu ou aucune Alma ne se jette à ma gorge dans la seconde. Je ne perçois aucun bruit, aucune présence. Tobias est venu seul. Mon poing se desserre autour d'Artémis.

Bon sang, Ethel, ne meurs pas d'une crise cardiaque maintenant !

Je relève la tête vers Tobias. Il vient de reprendre forme humaine, assis dans les marques de pneus de la Camaro de Thomas. Son corps est entièrement dissimulé par l'obscurité. Je ne vois que ses yeux bleus qui me fixent d'un air féroce. Féroce, mais pas meurtrier.

« Je... » j'hésite.

Qu'est-ce que je dois lui dire ? Que je suis désolée ? Qu'il m'a beaucoup trop manqué ? Que si je pouvais revenir en arrière, je...

« Qu'est-ce que tu faisais avec cet humain ? » me demande-t-il, d'un ton affreusement sec.

Je referme la bouche. Ses yeux sont toujours braqués sur moi, et semblent luire dans l'obscurité. Je me demande un court instant s'il ne me fait pas une blague, ou si j'ai mal compris la question. Mais Tobias n'est pas d'humeur à plaisanter.

« Pardon ?

-Il t'a parlé. Il t'a touchée. »

Sa voix est grave et autoritaire. Il est plus que sérieux.

Je me sens rougir – de colère. De toutes les questions, de toutes les choses qu'il aurait pu me dire, il a décidé de me dire ça ? D'accord, je suis en faute. J'aurais dû lui dire toute la vérité. Mais lui aussi est en tort. Il ne manque pas d'air pour revenir me traiter comme sa propriété, alors qu'il a filé sans crier gare, et sans me laisser le temps de m'expliquer !

« Et alors ? Où est le problème ? je persifle, mon intonation tremblant légèrement malgré moi.

-Ethel... gronde-t-il.

-Quoi, « Ethel » ? je grogne en imitant sa voix bourrue. C'est la seule chose que tu as à me dire ? »

Ses yeux luisent d'autant plus et ses muscles se tendent. Je serre les lèvres. Qu'il vienne. Je n'ai pas peur de lui. Dans tous les sens du terme.

Il reste silencieux. J'entends des bruits, au loin. La bataille se rapproche, je crois percevoir une légère odeur de brûlé et des pas qui courent vers nous. Plusieurs. On ne peut pas rester là.

Je me relève en évitant son regard.

« ...Tu m'as manqué aussi, Tobias. » je lui lance.

Je ne vois pas sa réaction. Je tourne la tête vers la source du bruit, avant de me faire tacler par une force me faisant reculer de plusieurs pas. J'entends Tobias se redresser sans un mot.

« Ethel ! Génial, tu es vivante ! » se réjouit une voix.

La force s'éloigne et j'aperçois Nina qui m'attrape fermement par les épaules, les dents recouvertes de sang, ma veste encore posée sur son dos. Elle me lance un sourire sanguinolent devant ma mine inquiète, avant de reprendre son sérieux.

« L'humain est parti ? Bon, tant mieux. On ne doit pas rester là.

-Nina... fait Tobias.

-Ah, Tobias. Je savais bien que tu étais là aussi. Je t'ai senti. »

Elle lance à l'Alpha un regard riche en sens dont j'ignore la signification, et je me demande si elle n'a pas fait exprès de ne pas le saluer quand je vois le visage de Tobias se refermer. Nina ricane.

Adopte un AlphaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant