Bonus 3 : Ethel et Tobias

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« Ah ! »

Au moment précis où je pousse cette exclamation, la porte de ma chambre s'ouvre en grand et Tobias débarque dans toute sa hauteur, en sueur comme jamais.

« Qu'est-ce qu'il y a, Ethel ? Tu t'es fait mal ? »

Son air affolé me fait pouffer de rire. Il a l'air complètement hagard : recouvert de poussière, les cheveux en bataille, portant une vieille salopette de mon père sans t-shirt en dessous et un bandana usé autour des cheveux pour éviter qu'ils ne lui tombent devant les yeux.

Quand Grand-Mère dit qu'il faut nettoyer le domaine Burnwood lors du seul jour de congé que nous prenons tous vis-à-vis de nos boulots respectifs, tout le monde nettoie le domaine Burnwood. Même les loups-garous. Mais évidemment, Tobias panique tellement à chaque fois que je crie qu'il est capable de descendre du beau milieu d'une pile de poussière au grenier à ma chambre en une fraction de seconde. Je m'y suis habituée, à force. Ma partie lupine en ronronne même de plaisir.

« Du calme, mon loup. J'ai juste retrouvé... ça. »

J'agite l'objet du crime sous son nez, fraîchement sorti du carton. Puisque je ne risque pas de retourner à Orlando d'ici un bon bout de temps à cause de mon nouveau job de Néo-Prime au sein du nouvel ordre des chasseurs, mon père m'a ramené un carton d'affaires qui se trouvaient dans ma chambre. Je ne vais pas m'en plaindre, même si en voyant la taille du carton j'ai soudainement réalisé que je gardais avec moi un sacré paquet de choses inutiles.

Inutiles... Sauf ça. Mon vieux Polaroïd rose, à l'époque où j'étais persuadée de pouvoir me reconvertir dans l'art de la photographie à cause de Thomas. Bon, il ne me rappelle pas que de bons souvenirs, mais je crois qu'il est encore en état de marche...

« Et c'est quoi, ça ? demande Tobias en s'approchant. Argh ! »

Alors qu'il s'agenouillait près de moi, j'ai accidentellement appuyé sur le déclencheur et actionné le flash. Tobias cligne des yeux d'un air paniqué, complètement ébloui.

« Il marche ! je m'écrie.

-Tu m'en vois ravi... » marmonne Tobias, vexé.

J'éclate de rire en lui caressant la tête pour le rassurer, tandis que le Polaroïd commence l'impression de la photo en un ronronnement sourd. Tobias et les inventions humaines, même après presque un an au domaine Burnwood, ça fera toujours deux.

La photo sort et je la retire du Polaroïd avant de la secouer pour la faire sécher. Je regarde à nouveau dans le carton et un sourire étire mes lèvres : sous un ours en peluche que je tends à Tobias, qui le toise d'un air curieux, j'aperçois de très nombreuses pellicules de Polaroïd. Wouah ! J'avais prévu un stock pré-atomique, ou quoi ?

« Les humains ne semblent pas avoir conscience d'à quel point les ours sont dangereux... marmonne Tobias en tripotant l'ours en peluche.

-Laisse-le et regarde ça ! » je m'exclame en lui prenant des mains pour lui montrer la photo qui vient d'apparaître sur le film noir.

Je me retiens de rire au nez de Tobias. La photo n'est pas très flatteuse ; sa peau est blanchie par le flash à quelques centimètres de son visage, et il a les yeux fermés comme s'il allait se prendre un coup de poing dans le nez de manière imminente. Le loup saisit la photo et fronce les sourcils.

« C'est moi, ça ?

-...Oui. »

Bon. J'ai pouffé, mais il n'a pas l'air de l'avoir remarqué. Tobias semble trop fasciné par le portrait de lui-même qu'il tient dans ses mains.

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