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Chapitre 25 : Un camp à choisir

Merde, merde, merde...

Je me précipite vers l'étagère pour remettre le tiroir secret à sa place. Je le dissimule à nouveau sous les dossiers et les livres de compte de Maman, sans en respecter l'ordre. Comme si j'avais le temps ! J'entends le pas caractéristique de ma mère, qui boîte légèrement depuis un accident de randonnée il y a quelques temps, attiré par le vacarme que je crée dans son atelier en m'agitant dans tous les sens.

Alors que je l'entends arriver derrière la porte, je réalise avec effroi que j'ai oublié de ranger le dossier classifiant les loups du domaine Burnwood selon leur degré de dangerosité. Il y a encore la photo du loup Echo, alias Tobias, et ses annotations en rouge qui s'étalent sur le sol en bois sombre. Je le referme précipitamment, le cœur serré, avant de le glisser rapidement sous un autre dossier, sur le bureau. Pourquoi Tobias ? Pourquoi lui et pas un autre ?

« Ethel ? C'est bien toi, ma chérie ?

-Maman ! » je m'écrie d'un ton faussement joyeux.

Ma mère s'avance vers moi d'un pas à la fois boitant et réjoui, me serrant contre elle. Tout comme son atelier, elle sent la poudre à canon. Son magasin empeste de cette odeur. Elle m'embrasse le front et bizarrement, je me sens comme une petite fille en faute, comme celle qui n'avait pas le droit d'entrer dans l'atelier de sa mère.

« Ton père m'avait prévenue que tu étais revenue, mais il était tellement inquiet qu'il te voyait dans la moindre rouquine croisée dans la rue... Tu as l'air en bonne santé, c'est bien.

-Heu... Oui. Oui, je vais bien. »

Son détachement me paraît surréaliste. Ses longues mèches auburn encadrent son visage strict, ses yeux bleus scannent mon visage, cherchant de potentielles blessures. Cette manière d'analyser tout ce qui lui passe sous les yeux aussi rapidement... Comment je n'ai pas pu faire le lien avant ?

« Tu as fait un bon voyage ? me demande-t-elle, comme si je revenais des Bahamas.

-Excellent, Maman. » je réponds brièvement.

Est-ce que je dois lui parler de ma découverte ? Est-ce que je dois la boucler ? Son regard effleure rapidement ma marque, mais elle n'a pas l'air d'y prêter attention. Peut-être que si j'agis intelligemment, je pourrais filer à l'anglaise et éviter cette conversation qui me pend au nez.

Ma mère se détache de moi pour observer son établi. Elle jette un œil à la nouvelle arme qu'elle est en train de créer, ce fameux pistolet capable de tirer de véritables rafales de mitraillette. Ce n'est clairement pas une arme pour un humain lambda...

« Moi aussi, j'aimais bien les road-trips, quand j'étais jeune... se souvient-elle avec nostalgie. Cela dit, je ne me faisais pas des tatouages comme toi. J'espère que ça ne t'a pas fait trop mal... Il y a une signification particulière ?

-Le lien, je réplique d'un ton que j'espère le plus naturel possible. Le lien me reliant avec une personne.

-Oh. »

L'excuse que j'ai inventée est la plus bidon de tous les temps - comme si je pouvais choisir un tatouage avec une signification aussi niaise, moi ! - mais mon explication semble intriguer ma mère. Elle lève un de ses sourcils fins.

« Le lien, hein... » répète-t-elle en se penchant sur le pistolet.

Quoi ? Je vois son reflet déformé sur les dorures, qui effacent quasiment ses rides. Je suis vraiment son portrait craché. Elle se retourne vers moi, passant une mèche auburn par-dessus son épaule.