Chapitre 23 : Comme un Alpha

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Ce n'est pas très difficile de deviner où se trouve la bête abattue : tous les passants dans le parc se précipitent tous un peu plus loin, sous les arbres. Je sursaute encore quand de nouveaux coups de feu résonnent. J'entends des cris – des policiers, peut-être ?

« Dégagez, dégagez ! Monsieur, tirer est le travail de la police ! Cessez immédiatement ! »

Mon sang se glace. J'essaye tant bien que mal de me rassurer. Zen, Ethel. On est à Orlando, aux Etats-Unis. Le pays des armes à feu. La personne qui s'est déchaîné sur cette bête est sûrement un passant se baladant avec une arme dans son sac. Rien de plus.

Argh. Même dit comme ça, le tout sonne faux dans ma tête. Fichu pour fichu, je dois voir de quoi il en retourne.

Alors que je m'élance, je sens Tobias attraper ma main non-baguée. Ses muscles se tendent rapidement puis se relâchent, comme si on lui avait asséné un coup. Je me retourne vers lui. Son visage est redevenu aussi impassible que d'habitude – pourtant, je le sens plus crispé. Sa paume serre la mienne plus fort que jamais. Il est bizarrement pâle.

« N'y vas pas. C'est une mauvaise idée.

-Tu plaisantes ? Tu as entendu ce que ce type a dit ? La bête... C'est un loup-garou à coup sûr !

-C'est un ennemi. Je le sens, m'indique-t-il en levant le nez en l'air.

-Avec les coups de feu qu'il s'est pris, je ne crois pas que cet ennemi soit en mesure de m'attaquer. Et sinon... je sais toujours me défendre. »

Tobias semble hésiter, avec l'air de vouloir me dire quelque chose. Finalement, alors que je fronce les sourcils avec la furieuse impression de perdre mon temps, il referme la bouche d'un air sévère.

« Comme tu voudras. »

Je l'observe quelques secondes. Un court instant, il m'a rappelé le loup au mauvais caractère, furieux d'évoquer son passé, dans le lit du motel après le combat avec Cyrus. Celui où il avait cauchemardé toute la nuit...

Le visage inquiet de Daphné traverse mon esprit, mais je l'éloigne le plus vite possible. Il y a plus urgent.

Je fais quelques pas en arrière, avant de me retourner pour de bon et suivre les touristes excités comme des puces par la bête d'Orlando fraichement abattue. Sur le chemin, je retrouve Ryan et Hécate, avec Amos dans les bras, en train de courir après la Bêta de Tobias.

« Nina ! Nina, reviens ! Attends-nous ! » lui crie Hécate.

J'aperçois une foule de touristes au loin, et je vois Nina s'y engouffrer violemment sans écouter la brune, bousculant les passants. Je profite du passage qu'elle s'est frayée pour la suivre, me frottant contre des chemises hawaïennes et une nuée d'Iphones.

« Nina ! » je m'écrie.

J'arrive enfin à m'extirper de la foule, qui s'est groupée autour de la bête abattue. Je vois un policier retenir un homme armé d'un mini-fusil d'assaut, se débattant comme beau diable.

« Non, non, et non ! La branche spécialisée de l'armée a été contactée, alors vous n'abattrez pas ce loup ! Non ! » gronde le flic, sans voir Nina qui s'avance vers la bête, ignorant les murmures de la foule.

La Bêta avance sans réfléchir, puis se fige face au triste spectacle qui s'étend devant elle. C'est ça, l'ennemi abattu ? je songe. Alors que je m'attendais à une créature sinistre, aux yeux rouges et à la gueule béante, un grand loup à l'air noble, au poil brun et aux yeux jaunes encore grand ouvert est étendu sur le sol. Son flanc est complètement ravagé par les coups de feu ; plusieurs balles de plomb lui ont déchiré le ventre, et je fais de mon mieux pour ne pas m'attarder sur l'immense flaque de sang s'écoulant jusqu'aux pieds des touristes, comme une grande rivière rouge. Si la bête avait été un loup normal, elle y serait passée. C'est donc bien un loup-garou.

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