Chapitre 7 : Ceux que les dieux détestent

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Éclairée par la seule lumière de mon téléphone dans la nuit noire, je me penche sur mon moteur, comme s'il allait me murmurer quel était son problème dans le creux de mon oreille.

Malheureusement pour moi, ma Chevrolet reste désespérément muette, et moi, je demeure toujours aussi nulle en mécanique. Qu'est-ce qui ne va pas dans ma voiture ? Il va bien falloir que je la répare, si je veux repartir. Le plus tôt sera le mieux : je ne resterai pas une seule seconde dans cette Meute complètement tordue.

Depuis que les louves ont repéré ma marque et sa nature totalement anormale, Mahu et Tiva n'ont cessé de me toiser comme une pestiférée. Avant, j'étais une, espèce dont les loups-garous se méfiaient ; maintenant, je suis devenue en plus de ça un abominable blasphème sur pattes. Un blasphème envers des dieux auxquels je ne crois même pas ! Si elles croient que je vais gober leur mysticisme à deux sous, elles se fourrent leurs doigts griffus dans l'œil.

L'ambiance était tellement pesante que j'ai préféré m'esquiver, quitte à réparer ce fichu moteur en pleine nuit malgré mes connaissances plus que bancales en mécanique.

Je m'enfonce dans le capot, précipitant les mains dans le cambouis. Même avec les mains perdues dans cette infâme substance noire, je m'entends grommeler : « Interdit par les dieux... Interdit par les dieux... S'ils savaient où je me les mettais, leurs...

-Où ? »

Je sursaute violemment, tombant sur les fesses dans l'herbe du bas-côté, nez-à-nez avec mon pare-chocs. Je relève la tête : les traits virils de Tobias se dessinent, éclairés par la faible lumière du téléphone. Il se tient debout, les mains dans les poches, me dominant de toute sa hauteur. Comment un type aussi grand et fort peut arriver à se matérialiser de nulle part ?

« Tu as failli me provoquer une crise cardiaque ! » je m'écrie avant de plaquer une main sur ma bouche.

Si je réveille les louves de la Meute Tangwakunu, j'ai très peur de leur réaction. Si elles tentaient de me retenir lorsqu'elles apprendront que je tente de me faire la malle, moi, l'outrage à leurs lois divines ? Tobias penche la tête sur le côté, le visage teinté de sa perpétuelle expression indéchiffrable.

« Pardon. Je peux savoir où tu comptais te mettre les dieux ?

-Heu... C'est pas tes affaires ! » je persifle en me relevant péniblement, comprenant avec soulagement que le loup n'a pas compris le sens de cette expression peu polie.

J'époussette mon jean avant de replacer le téléphone, tombé avec moi dans ma chute, pour qu'il éclaire à nouveau le moteur. Quel bazar, mon dieu, quel bazar... Je me tourne vers Tobias, finalement un peu rassurée qu'il soit là. Au moins, il m'apporte une distraction qui me détourne de mon affreux moteur.

« Qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne dors pas ?

-Je ne peux pas rester loin de toi longtemps. Il pourrait t'arriver quelque chose. Et tu sais que...

-Oui, je réponds d'un ton sec. Si je meurs, tu meurs aussi. Je sais. »

Finalement, j'ai plutôt envie de retourner dans mon moteur. Il est venu pour assurer sa fonction de protecteur avant de rembourser sa dette. Comme d'habitude. Je pose les mains sur mes hanches, poussant un souffle agacé. Allez, Ethel. On se motive, et surtout, on ne se laisse pas perturber par un loup-garou impassible.

« Je présume que tu n'y connais rien en réparation de moteurs ?

-L'animal monstrueux sous la machine ? Non. »

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