Chapitre 19 : Bravoure et jalousie

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« Graaargh ! »

Je sursaute violemment, manquant de faire riper la lame en argent et d'arracher l'oreille de Nina au passage. Je ne suis vraiment pas faite pour être médecin. Vraiment pas.

« Nina. Calme, ordonne Hécate.

-Elle a manqué de m'arracher l'oreille ! Comment est-ce que tu veux que je reste calme ? hurle Nina.

-Je n'y peux rien si ce pick-up gigote autant ! » je me défends.

Comparé à ma Chevrolet rutilante, le pick-up de Ryan fleure bon le véhicule de chasseur : délabré de partout, sentant le vieux chien, il manque de s'effondrer à chaque fois que ses pneus usés roulent sur un nid-de-poule. Donc forcément, utiliser une des nombreuses lames en argent que Ryan a dans son véhicule pour retirer les dispositifs GPS de Nina, Amos et Tobias s'avère être d'une difficulté sans nom.

J'entends Ryan, à l'avant, ricaner. Hécate, assise à ses côtés, lève les yeux au ciel d'un air de mère agacée. Si je l'ai installée à côté de lui, c'est pour la simple raison que le blond semble plus avoir peur de la mystérieuse beauté de notre groupe que de n'importe quel loup. Ça, et le fait qu'elle soit capable de le supporter, plus ou moins bien, comme une grande sœur agacée.

« Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ? je grommelle.

-Rien... Je me disais juste que tu ferais une très mauvaise vétérinaire.

-Parce que tu saurais mieux faire que moi, peut-être ?

-Tu sais très bien comment ça finirais. » répond-t-il d'un ton vaguement menaçant en m'observant grâce au rétroviseur.

Hécate monte brusquement la musique qui jouait en sourdine et Highway to Hell se met à hurler dans l'autoradio branlante, mettant fin à la conversation. Bien. Au moins, je n'aurais plus à entendre ses ricanements de chasseur ravi d'entendre des loups souffrir. Cela fait maintenant deux bonnes heures qu'on roule, et je n'en ai toujours pas terminé avec ces fichus dispositifs que Grand-Mère a dû enfoncer dans la peau des loups à grands coups de marteau, pour qu'ils soient si bien ancrés. J'ai pu à peine l'enlever à Amos, qui a la peau plus fine que ses deux congénères ; mais celle de Nina me donne l'impression d'être épaisse comme du cuir. J'y suis déjà depuis plus de deux heures. La régénération quasi instantanée des blessures de loup-garou ne m'aide pas du tout, même avec une lame en argent.

« Allez, on reprend. J'ai presque fini... » je lance à Nina, tentant d'être la plus rassurante possible.

La Bêta s'avance vers moi en croisant les bras, plus ronchon que jamais. J'ai déjà osé faire pleurer Amos en lui retirant l'object du crime, alors forcément... Heureusement que ni Mahu ni Riley ne sont passés par le domaine Burnwood. Irritables comme ils sont, je me serais retrouvée avec quelques membres en moins. Pour l'instant, sur la partie extérieure du pick-up, ils vérifient qu'aucun chasseur ou loup renégat ne nous suit. Question de sécurité. Je n'aurais l'esprit tranquille que lorsque ces dispositifs GPS auront disparu dans la nature.

« Ah ! C'est presque bon, encore un peu... je signale à Nina.

-Arf ! Dépêche ! grogne-t-elle, mordant le fauteuil devant elle pour éviter de crier.

-Je l'ai ! »

La lame en argent fait sauter la puce vers le pare-brise en laissant derrière elle quelques gouttes du sang de Nina. Ryan l'attrape, le toisant avec dégoût, avant de le jeter par la fenêtre. Nina, soulagée, arrache un bout de la mousse du fauteuil en enlevant ses dents.

« C'est moderne, ce bidule, constate-t-il. Ta grand-mère devait bien connaître la physionomie des loups. Il n'y avait aucune chance que les bestiaux se l'arrachent d'eux-mêmes.

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