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Chapitre 14 : Réunion familiale

Je reste figée devant le téléphone, qui continue à vibrer de toutes ses forces, sous le regard inquisiteur d'Hécate. Tout se bouscule dans ma tête, trempée par l'arrosage automatique. ; les prédictions de la brune, cet étrange moment avec Tobias, et maintenant, ma mère qui me téléphone...

Grand-Mère a dû parler à mes parents de ma disparition, et comme dans toutes les familles normalement constituées, ils s'inquiètent. Je vais sûrement me faire sermonner pendant des heures, et tout ça devrait être normal. Pourtant, quelque chose me chiffonne...

« Tu devrais décrocher, me conseille Hécate.

-Ethel ? Tout va bien ? Tu as pâli, d'un coup... » s'inquiète Tobias, arrêtant de s'agiter sous le jet d'eau.

Le téléphone vibre toujours. Si je ne décroche pas rapidement, je vais manquer l'appel de ma mère. Inconsciemment, je serre le portable plus fort, transmettant les vibrations dans tous les os de mon bras, jusqu'à mon épaule blessée. Je déglutis, appuyant sur le bouton vert criard affiché par l'écran pour prendre l'appel.

La voix de mon père, à travers le téléphone de ma mère, retentit avant même que j'aie le temps de porté l'appareil à mon oreille.

« Ethel ! Où est-ce que tu es ?

-Papa ? je m'écrie. Papa, calme-toi, je vais...

-Mam... enfin, Grand-Mère nous a prévenu que tu avais disparu... Elle s'y est prise si tard ! Où est-ce que tu es, ma puce ? Je suis si content que tu ailles bien ! »

Je soupire. Mon père est le papa poule par excellence, tout l'inverse de sa mère, Mary-Jane, stricte et froide. Il m'a toujours couvée, payé mes études, tout fait pour garantir que j'aie accès aux meilleures écoles de droit de Floride... dont j'ai allègrement raté les examens d'entrée, à cause de Thomas. Une part de moi-même se sent rassurée de le sentir aussi soulagé de m'entendre ; la dernière fois que je l'ai vu, il refermait la porte de la voiture, glacial, sans un mot, après m'avoir déposée au domaine Burnwood.

« C'est ton père ? commente Nina. Tu peux parler à ton père avec ton boîtier ? »

Je plaque ma main sur le « boîtier », comme le dit si bien la louve, mais sa voix ne parvient pas à être étouffée. Nom d'un chien, pourquoi je n'ai jamais pris la peine de lui expliquer les véritables fonctions de mon téléphone ? Je suis grillée : mon père l'a entendue.

« Ethel ? Tu es avec quelqu'un ? demande sa voix dans le combiné. Tu as fui du domaine Burnwood avec quelqu'un ?

-Je n'ai pas fui ! je me défends. Enfin, pas exactement... »

S'il apprenait que j'étais partie parce que la population humaine de ce pays était menacée par des loups-garous féroces, et que j'étais moi-même liée par une dette à l'un d'entre eux, il ferait une syncope. Mieux vaut se taire pour cette fois.

« Où es-tu, à la fin ? Tu as fui et tu es perdue en forêt ? Suis les balises, appelle la police, et...

-Henry ! »

Oh oh. Je reconnais immédiatement la voix éraillée de l'intervenante.

« Henry, passe-la-moi. C'est mon téléphone, je te rappelle. Je veux lui parler. Et calme-toi, tu veux ?

-Maman... »

Hécate croise les bras et je fronce les sourcils devant son air assuré. Quelque chose me dit qu'elle sait déjà comment va se dérouler la conversation. Nina et Tobias me fixent, l'air un peu inquiet. Je leur adresse mon sourire le plus rassurant possible, mais il me semble faux, même pour moi.