~ Chapitre 4

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Je me dirige vers le self, avec Brooklyn à mes côtés. La matinée s'est bien passée, et on a vu défiler nos professeurs un à un.

« - Alors ? », me demande Brooklyn en mangeant du raisin. « - Parle moi de toi. D'où viens-tu pour avoir cet accent ?»

« - Je suis française. », dis-je en rigolant.

« - Ah bon ?! Tu parles si bien anglais que j'ai cru que tu étais américaine venant d'un pays où il y la prononciation est plus accentuée ! », s'exclame t'elle en riant à son tour.

« - Merci. Mes parents m'ont appris la langue comme si j'étais née en Amérique. J'ai su parler très tôt ! J'espère que mon accent ne s'entend pas trop. »

« - Non, pas particulièrement. Et en plus, c'est très mignon ! »

« - Et toi ? Tu es d'ici ? », je lui demande tout en mangeant mon riz.

« - De Californie. », dit-elle en riant.

« - C'est grave bien ! Je trouve que le lieu est magnifique. »

« - Oui, moi aussi. Ça m'a fait un peu de la peine de partir. »

« - Et tu as de la famille, ici ? »

« - Non ! En fait, je suis fille unique. », répond t'elle tout en se mettant une main dans les cheveux. « - Et toi, tu as ton grand frère, qui est très mignon en passant. »

Je ris, voyant Brooklyn tomber sous le charme d'Hadrien.

« - Tu as beaucoup de chance d'en avoir un. Et il a l'air vraiment adorable. », me dit-elle en baissant les yeux sur sa purée.

« - Pendant deux ans, je ne le voyais que les étés, car il allait ici. Tu ne peux pas savoir à quel point c'était dur d'être privée de son propre frère. »

La réalité, c'est que non seulement ça me tuais intérieurement, mais je le jalousais. Il partait plusieurs mois, et revenait transformé, des anecdotes pleins la bouche, le sourire aux lèvres.. Et moi, je restais chez moi. J'allais en cours. J'attendais son retour. Ce n'est que maintenant que je pars avec lui que je peux réellement passer du temps avec mon frère, découvrir cette nouvelle facette qu'il a développé ces dernières années, et que j'ai été incapable de mettre à jour.

« - Ça a dû être dur... », me dit-elle d'un ton compatissant.

« - Et ils font quoi tes parents ? », dis-je pour changer de sujet.

Son regard semble fuir, et je me sens légèrement coupable de ma question.

« - Tiens, il est l'heure ! C'est ouf, le temps passe si vite. », s'exclame t'elle en abordant un faux sourire, regardant sa montre imaginaire en me désignant son poignet.

« - Tu as raison, on devrait y aller.», je murmure, voyant que j'ai touché un point sensible.

Je ne sais pas ce qu'elle a vécu pour avoir évitée ma question. Mais cette fille qui me parlait avec aise et qui me paraissait si déterminée me parait maintenant déstabilisée. J'essaie de chercher ses yeux, mais elle les baisse en prenant son plateau pour aller le poser avec tous les autres. J'arrête d'essayer de comprendre, car elle me dira lorsqu'elle le voudra, ou peut-être ne me le dira t'elle jamais. C'est son choix, et je le respecte.

On entre finalement dans la classe à l'heure, même si j'avais peur qu'on arrive à l'avance. L'après-midi passe rapidement et nous faisons connaissance avec nos autres professeurs, qui apparaissent plus normaux que celui de philosophie.

« - Tu veux venir à mon chalet pour qu'on fasse notre taff ? », je demande à Brooklyn, tandis qu'on sort de classe.

« - Avec plaisir. »

Before.Where stories live. Discover now