~ Chapitre 35

1.1K 96 30
                                    

"- Merde merde merde.", dis-je précipitamment, le souffle court en faisant défiler tous les appels manqués sur mon écran.

Chaque message reçu est de plus en plus stressant, et on sent l'inquiétude dans chacun d'eux. J'ouvre un des nombreux textos et le lis :

Hadrien à Moi : L'école entière te cherche. Où es-tu ? Ethan aussi n'est pas la, mais vous n'êtes pas au chalet. Appelle dès que tu peux !

Mon frère a l'a envoyé à deux heures du matin. Je n'imagine pas son état maintenant. Je l'appelle directement. Il répond immédiatement, brusquement et d'une voix très inquiète.

"- Romane ! Ça va, tu n'as rien ?"

" - Jesuisdésolé, Hadrien, je n'avaispasvul'heure, j'étaisavecEthan..", dis-je d'un ton précipité, au bord de la crise de panique de ce que je vais me prendre dans la gueule.

"- Comment ? Répète doucement...", continue t'il d'une voix confuse.

"- Je suis désolé, Hadrien... Je n'avais pas vu l'heure, j'étais avec Ethan et je.."

« - Vous étiez où ? », réplique t'il froidement.

« - Dans le village d'à côté. », je chuchote, honteuse.

« - J'arrive. »

Il raccroche brutalement le téléphone, et je suppose qu'il est déjà sur le chemin du chalet. Je me prépare mentalement à me faire prendre un savon, là. Je descends m'assoir sur le canapé, et me ronge les ongles en fixant le vide.

« - Ça va ? », me demande Ethan, buvant une gorgée d'eau en venant s'assoir à côté de moi, décontracté.

« - Je vais me faire niquer ma race. »

« - Pourquoi ? », continue t'il en esquissant un sourire.

« - On n'a prévenus personne, Ethan. On s'est cassés toute la nuit et l'école entière nous a cherchés. »

Il chuchote à son tour «merde » en sortant son téléphone et son visage se décompose en découvrant les mêmes messages que j'ai reçu. Ils parlent presque tous de moi, comme si ce qui leur importait était de savoir où je suis mais pas lui. Après, je suis une fille et j'ai deux ans de moins, donc peut-être que ça joue dedans. Puis, apparemment, Ethan sait mieux prendre soin et faire attention à lui que moi.

Je suis interrompue dans mes pensées par Hadrien qui entre brusquement dans la pièce, furieux. Je me lève, essayant de le regarder dans les yeux. Il se dirige vers moi et s'arrête ; alors que j'ai les jambes qui tremblent. Je ne sais pas si ça vous ait déjà arrivé, avoir fait une si grosse connerie que vous le reconnaissez vous-même, ou bien avez juste peur de votre punition.

« - Putain mais ça fait une nuit qu'on vous cherche ! », hurle mon frère en agitant les mains. « - Ethan, c'est à toi de surveiller ma sœur ! Je ne te demande pas de l'emmener seule avec toi autre part sans prévenir personne ! »

Ethan se lève à son tour et regarde Hadrien d'une façon étrange, avant de cracher : « - Tu crois que je suis un baby-sitter, c'est ça ? Ou que je vais lui faire du mal ? Mais merde, mec, elle est mature, peut-être même plus que nous deux réunis, alors laisse la faire ce qu'il lui plaît ! »

« - Alors vous avez fait quoi, pendant plus de cinq heures, dis moi ? », continue de hurler Hadrien, en ne regardant qu'Ethan, comme si je n'étais pas capable de lui donner la réponse.

« - On s'est promenés ! Et je pense qu'elle s'est bien mieux amusée qu'à cette putain de fête ! »

Hadrien ne riposte pas, et fixe Ethan, comme s'il essayait de juger s'il dit la vérité. Ensuite, il se tourne lentement vers moi.

« - J'ai prévenu l'école que vous étiez revenus. Vous devrez faire un tour dans le bureau du principal. »

Je baisse les yeux. Je me rends compte de la gravité de notre bêtise, de l'inquiétude que j'ai causé, mais, aussi égoïstement soit-il, je ne regrette pas. Ces heures que j'ai passé avec Ethan, c'était un truc que j'avais jamais ressenti, ou peut-être de rares fois, et je me sentais vivante, libre. Personne ne devrait regretter de vivre.

Hadrien s'avance vers moi et me prends dans ses bras, en plaçant sa main contre ma tête. Je me laisse faire, et je place ma tête contre son épaule. Je n'imagine même pas combien il a du avoir peur.

« - Ça va ? », me murmure t'il contre mon oreille.

Je hoche la tête, doucement, et il chuchote, tout en resserrant son étreinte :

« - Tu m'as foutu une de ces frousses. »

« - Je t'aime. », je souris à mon frère alors que je suis dans ses bras.

« - Ne vas pas à l'école, aujourd'hui. Cherche plutôt à régler cette histoire avec le proviseur. », dit-il en se décollant de moi.

Je hoche de nouveau la tête, et il se dirige vers la sortie, avant de s'arrêter.

« - Je pense que j'ai besoin d'une bonne nuit de sommeil moi... Tu expliqueras aussi à Sam, Natoo et Brooklyn. Ils se sont fait un sang d'encre pour toi. », dit-il en finissant sa phrase assez froidement.

« - Ne t'en fais pas. », je dis doucement.

Il se retourne vers la porte et part, et je regarde Ethan, qui fulmine encore.

« - Je n'arrive pas à croire qu'il puisse croire que je vais te faire du mal. Comme si tous les mecs étaient des violeurs ou des psychopathes. »

« - Je suis désolé pour tout ça, Ethan. », je chuchote, car si je parle normalement ma voix risque de se briser. « - Merci pour cette nuit. C'était incroyable. »

Sans attendre de réponse, je monte les escaliers pour aller dans la salle de bain me laver les dents. Je ne me lave pas, car je souhaite avoir avec moi cette odeur des près et de la liberté le plus longtemps possible. Je me mets en pyjamas, et saute dans mon lit une fois arrivée dans ma chambre. Je suis prête à m'endormir lorsque j'entends des cris venant d'en bas. Je me lève, discrètement, et descends sur la poire des pieds. Je sors la tête du couloir pour voir apparaître Ethan et Esmeralda, sa copine, se disputer dans notre salon.
Depuis quand elle est là elle ?

Il a l'air agacé, et a une clope entre ses doigts, alors qu'elle s'agite dans tous les sens en hurlant.

« - Comment tu as pu faire ça ? M'abandonner toute seule dans cette soirée et emmener cette fille avec toi ! », crie t'elle dans tous les sens.

Et là, les larmes de crocodiles viennent , et j'ai envie de lui en mettre une :

« - J'ai peur pour nous, Ethan... Que devient-il ? Elle te plaît, hein ? Dis-le moi, et je partirai... », continue t'elle en commençant à pleurer.

« - Esmeralda, tu sais que c'est toi que j'aime. Romane est une simple amie, et jamais je ne la considérais comme plus. Elle n'est rien comparée à toi.», dit-il en jetant sa cigarette et en prenant sa cavalière dans ses bras.

Ces mots, je les reçois en pleine gueule. Et putain ce que ça fait mal. Encore plus mal que les cris de mon frère, encore plus mal que des mots balancés au hasard fait exprès pour te blesser. Je ferme les yeux et essaie de ne pas pleurer. Je reste silencieuse, quelques secondes, à les entendre se chuchoter des choses et Esmeralda rire sous les blagues que susurre Ethan à son oreille.
Mais c'est plus fort que moi, une larme roule sur ma joue, puis une autre, et je monte rapidement les escaliers sans me soucier du bruit que je fais, en voyant que je ne vais pas réussir à m'arrêter.
Et le pire, dans toute cette histoire, c'est que je ne suis pas censé être touchée par ces propos. Je ne suis pas censé pleurer à l'entente de ces paroles.

Je monte jusque dans ma chambre, où je me plaque dans mon hamac, le visage contre le tissu. Est-ce que c'est la fatigue qui me fait ça ? Est-ce que je suis censée réagir comme ça ?

Tout ce que je sais, pour l'instant, c'est que ça me fait mal.

Before.Where stories live. Discover now