~ Chapitre 55

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« - Tu viens avec moi au village ? », me demande Brooklyn en mâchant ses épinards.

« - Bah, on a cours, là. »

« - Pas grave. On se casse, non ? »

Mon hésitation doit se voir sur mon visage, car elle ajoute, en me faisant un clin d'œil :

« - Je pensais que tu étais une reine de la fugue. »

Je ris et lui balance mon pain à la tête.

« - C'est un oui ? », rayonne t'elle.

« - C'est un oui. »

Elle sautille de joie et va vite ramener son plateau à la borne alors que je la suis, pour que nous puissions partir.

« - On pourrait même peut-être rendre visite à la maison de retraite ! »

« - Bof. Je les ai un peu délaissé en ce moment, et je ne reviens qu'avec des potes les voir. Je préférerais leur montrer que je viens aussi pour eux, et pas seulement lorsque je suis de passage. »

« - Je comprends. Alors on va juste prendre un bon petit chocolat chaud, et puis je dois m'acheter une écharpe. »

« - Et celle que ta coloc t'as tricoté pour Noël ? »

Elle esquisse une grimace et j'éclate de rire. Je sors les clefs de la voiture et nous entrons à l'intérieur, alors que je fais gronder le moteur. J'ai un peu arrêté la voiture, soudainement prise d'une peur que je me fasse prendre par la police ou pire, par un accident. Mais je continue, rarement, de conduire pour aller voir le prêtre pour mes cours de catéchisme.

« - Et sinon, tu dois me raconter pour Gabriel. », me dit Brooklyn en haussant les sourcils, un énorme sourire aux lèvres.

« - Bah, ça c'est fait comme ça. », dis-je en haussant les épaules.

« - Mais comment vous vous êtes révélés vos sentiments, enfin ! »

« - On s'est embrassés. », je souris. « - On était chez lui. »

« - Et tu n'aimes plus Ethan ? »

« - C'est un peu compliqué. Je me sens amoureuse d'Ethan, tu comprends ? Mais il a une copine, et j'aime aussi bien Gabriel même si c'est moins fort. Ne croies pas que je suis polygame, par pitié. »

« - Mais donc tu es avec une personne que tu n'aimes pas ? »

« - Non, je l'aime bien, mais j'avoue que c'est pas l'amour fou... Hier, je me suis sentie un peu mal à l'aise avec lui. J'étais full distante, et il paraissait totalement perdu. Ça m'a fait de la peine. »

« - Peut-être que tu ne le considère que comme un ami. »

« - Non, j'aime bien l'embrasser et recevoir ses intentions... »

Brooklyn rit et je me sens encore plus dans le vague qu'avant. Je ne sais pas du tout quoi faire.

« - Et toi, mon frère ? »

« - Tout roule pour le mieux ! »

« - Vous allez faire comment, l'année prochaine, lorsqu'il partira pour l'université ? »

« - Je ne sais pas trop. On n'en a pas parlé. Je suppose qu'il viendra nous rendre visite. », sourit-elle.

J'hoche la tête et reste songeuse. On arrive finalement à destination et on descends de la voiture pour se balader dans le village, à la recherche d'une petite friperie. On la trouve rapidement, située près du pont. On entre et tout un univers s'ouvre à nous : des étagères remplies de vêtements en désordre règnent partout, mal rangés, non pliés. De la musique des années 80 résonne dans des enceintes, et une vieille dame s'amuse à danser sur les airs qui passent. Je souris immédiatement :
Ça, c'est tellement cool.

Before.Where stories live. Discover now