4 - 20 mai 2018

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Dean sentit un frisson lui parcourir l'échine lorsqu'il passa les portes du Beacon Hill Memorial Hospital. C'était le genre de frisson qu'il avait appris à comprendre et à aiguiser au cours des années et qui signifiait très clairement: « Prend garde à toi, danger imminent ». Pourtant, au milieu de tous ces malades et de ces blessés, au cœur de ces gémissements et de ces plaintes continues, l'aîné Winchester ne percevait pas la moindre adversité...Enfin, à part peut-être les germes et les microbes.

-Bonjour, je peux vous aider ? lui sourit la dame de la réception.

-Hum...Oui. Je m'appelle Dominic Howards, je travaille pour le FBI, se présenta-t-il en lui montrant le faux badge d'agent fédéral qu'il avait créé pour l'occasion. Je mène présentement une enquête et force est de croire que l'un des dossiers médicaux que vous détenez pourrait m'aider dans mes recherches.

-Oui, bien sûr, M. Howards. À quel nom est ce dossier ?

-Claudia Rosenberg. Serait-ce possible aussi de me donner le nom de l'infirmière qui l'a accompagnée dans ses derniers instants ? J'aurais des questions à lui poser.

-Je vais voir ce que je peux faire. Vous pouvez aller vous asseoir dans la salle d'attente, je vous appellerai ou j'enverrai quelqu'un vous chercher lorsque j'aurai plus d'informations.

-Merci beaucoup. C'est très apprécié.

Dean suivit la recommandation de la réceptionniste et se dépêcha de prendre place sur l'une des nombreuses chaises de la salle d'attente, qui était étonnement vide à cette heure de la journée. Tant mieux, songea le chasseur, qui sentait son anxiété monter en flèche dans son estomac. Il n'aurait pas à cacher sa détresse s'il se retrouvait seul dans la pièce.

La femme qu'il avait aimée était morte près de dix ans plus tôt et il n'en avait jamais rien su car il avait été trop lâche pour oser revenir à Beacon Hills, parce qu'il avait eu trop honte de lui-même pour essayer de lui faire face et régler ses comptes avec elle. Il était trop tard, maintenant, et il ne pouvait rien faire d'autre à part tenter d'éclaircir le mystère qui entourait sa mort prématurée. Même si ce n'était probablement pas de son ressort, peut-être est-ce que cette initiative pourrait faire taire la culpabilité qui l'assaillait depuis l'atroce annonce de Margaret et lui permettre de dormir la nuit.

-M. Dominic Howards ?

Une femme d'un certain âge venait de mettre le pied dans la salle d'attente, un dossier à la main. À voir son uniforme, Dean comprit rapidement qu'il avait affaire à une infirmière. Elle lui sourit gentiment, puis lui fit signe de le suivre.

-Je m'appelle Judith Anderson, j'étais l'infirmière de madame Rosenberg lors de ses dernières visites à l'hôpital. C'est moi qui l'ai accompagnée jusqu'à la fin et qui ai partagé ses derniers moments. Vous disiez avoir des questions à me poser ?

-Oui, en effet. Je...J'aimerais que vous me parliez de Claudia, des conversations que vous avez pu avoir avec elle alors que la maladie la...

-La tuait à petit feu ? Il ne faut pas avoir peur d'utiliser les vrais mots, surtout dans nos domaines respectifs, monsieur l'agent. Je tiens d'abord à dire que Claudia était l'une des meilleures personnes qu'il m'ait été donné de connaître. Même si on voyait bien que la dégénérescence fronto-temporale la consumait et l'affectait beaucoup plus qu'elle ne voulait le montrer, elle gardait la tête haute et continuait de sourire. Et puis, ses pensées ont lentement commencé à se disperser, elle s'est mise à avoir des phase d'amnésie et de paranoïa brèves mais très intenses. C'était pour des banalités, au départ, mais son état s'est rapidement dégradé et elle en est devenue violente. C'était horrible, vraiment, mais ce l'était encore davantage pour sa famille. Son fils et son mari ont assisté à chacune de ses phases jusqu'à ce qu'elle cherche à s'en prendre à eux aussi.

-Attendez, attendez...Vous avez dit qu'elle...qu'elle avait un fils ?

Dean sentit son poil se hérisser et son cœur se serrer à cette nouvelle. Elle avait eu un mari et un enfant après son départ, elle était parvenue à l'oublier et à recommencer une nouvelle vie. C'était une bonne chose, non ? Alors pourquoi se sentait-il aussi déchiré à cette annonce ?

-Oui, Stiles Stilinski. Un brave gamin, quoique un peu trop curieux pour son propre bien-être, si vous voyez ce que je veux dire. Claudia était mariée au shérif Noah Stilinski et tous trois formaient la petite famille parfaite. Stiles était particulièrement attaché à sa mère, il ne quittait jamais son chevet. Inutile de dire que le garçon était pour Claudia plus précieux que la prunelle de ses yeux. Elle était toujours là à le couver, à tout faire pour le rendre heureux. Leur relation a rendu la démence de Claudia encore plus sordide, selon moi. J'étais là le jour où elle s'est jetée sur lui et qu'elle a serré ses doigts autour de son cou en le traitant de meurtrier, de tueur, en crachant qu'il était exactement comme son père et qu'elle ne pouvait plus supporter de voir son visage. Le gamin n'avait que dix ans à l'époque.

-Comme...Comme son père, vous dites ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

Judith parut hésiter un instant, mais finit par se résoudre à ouvrir le dossier qu'elle avait entre les mains et à pointer une certaine information à l'aîné Winchester.

-Au départ, je croyais que tout ce que Claudia disait n'avait pas vraiment de sens, que rien ne se tenait, que c'était la démence qui parlait à sa place, mais au fil des mois passés avec elle, puis encore après son décès, j'ai commencé à assembler des morceaux et j'ai fait une découverte des plus bouleversantes. Pendant les derniers jours de sa vie, Mme Rosenberg ne cessait d'appeler quelqu'un, de crier son nom, de hurler et de pleurer, d'insulter, de maudire puis de glorifier cette personne. Et puis, peut-être deux jours avant de rendre l'âme, elle a semblé reprendre tous ses esprits et a demandé un papier et un crayon. Elle a passé la nuit à écrire et au matin elle m'a remis deux lettres en me faisant promettre de les donner à ses destinateurs lorsqu'elle aurait rendu son dernier souffle. L'une était pour son fils, Stiles, et l'autre était destinée à l'homme qu'elle avait passé tant d'heures à appeler en vain. J'ai passé des semaines à essayer de retracer ce type après la mort de Claudia, mais c'était comme s'il n'avait jamais existé, alors j'ai fini par abandonner le projet. Mais mes recherches m'ont tout de même permis d'apprendre quelque chose sur la famille Stilinski. J'en suis venue à croire que cet homme mystère était une sorte de relique du passé de Claudia que sa démence avait simplement fait ressortir, alors j'ai fouillé son dossier médical à la recherche d'indices et devinez ce que j'y ai trouvé ? À la naissance de Stiles, aucun papier n'a été signé par le père de l'enfant et le nom du père biologique ne figure pas sur son certificat de naissance. Ça signifie donc...

-Que le shérif Stilinski n'est pas le père biologique du gamin, termina Dean dans un murmure.

-Et que c'est sûrement cet homme que Claudia a passé des heures a appeler qui partage le même sang que Stiles, conclut Judith. J'aurais pu valider cette théorie il y a de ça des années en ouvrant cette lettre, mais quelque chose m'a toujours empêché de le faire. J'aurais eu l'impression de trahir Claudia et ses dernières volontés en m'incrustant ainsi dans sa vie privée, vous voyez ?

Le souffle court, l'aîné Winchester s'arrêta pour s'appuyer contre le mur le plus proche. L'infirmière posa une main sur son épaule et posa un regard inquiet sur le chasseur, qui profita de la situation pour river ses grands yeux verts dans ceux de la dame.

-Cette lettre, l'avez-vous toujours en votre possession ? demanda-t-il d'une voix chancelante alors qu'il tentait de freiner les tremblements qui l'envahissaient.

-Oui, elle est chez moi, bien gardée dans un tiroir de mon bureau. Pourquoi ?

-Pouvez-vous me dire le nom de l'homme à qui elle est destinée ?

-Oui, comment l'oublier ? Elle est destinée à un certain Dean Winchester.

***

Ave ! Comment avez-vous trouvé ce chapitre ? Comment va réagir Dean, selon vous, en apprenant qu'il a eu un enfant avec Claudia ? Pourquoi Claudia lui aurait-elle écrit une lettre avant de mourir ?

Mille mercis à vous tous xxx

Joe.

Instinct PaternelWhere stories live. Discover now