Instinct Paternel

43 - 8 août 1998

Dean fut réveillé en sursaut par l'irritante sonnerie du cadran qui reposait sur la table de nuit. Il ferma l'appareil en ronchonnant, puis se tourna délicatement vers Claudia pour vérifier si elle aussi avait été réveillée par la cloche.

Sa belle était étendue à ses côtés, flambant nue, et ses grands yeux bruns admiraient tendrement toutes les parcelles de son visage. À voir son regard alerte, elle être réveillée depuis un bon moment déjà, ce qui poussa Dean à se questionner si elle avait même dormi. Après tout, leurs ébats s'étaient prolongés jusqu'à tard dans la nuit et il était maintenant à peine cinq heures du matin. Une faible lumière perçait à travers les rideaux de la chambre, peignant des ombres sur les murs fraîchement peints.

-Dis-moi que t'as pas passé tout ce temps à me regarder au lieu de dormir, souffla le garçon d'une voix rauque.

-J'y peux rien, juste l'idée que c'est peut-être la dernière fois que je te vois m'enlève toute envie de dormir. J'ai seulement envie de profiter un peu du temps qu'il nous reste.

-Je te l'ai dit, Clau : on trouvera une solution. Je t'appellerai à tous les jours et on s'écrira des lettres jusqu'à ce que les choses se calment.

-Et si les choses ne se calment pas ?

Les larmes humidifièrent les yeux de Claudia, qui dût se pincer les lèvres pour éviter d'éclater en sanglots. Instinctivement, Dean passa les bras autour de la taille de sa belle pour la serrer contre lui et lui chuchoter des mots rassurants à l'oreille.

-Mon père t'a fait du mal et qui sait ce qu'il pourrait encore te faire si je n'accepte pas ses conditions ? Je refuse de savoir jusqu'où il est prêt à aller pour obtenir ce qu'il veut. Si je dois passer le reste de ma vie loin de toi pour assurer ta sécurité, alors je le ferai sans hésiter.

Le chasseur jeta un coup d'œil au cadran et remarqua avec consternation que John ne tarderait plus à arriver. Le temps passait beaucoup trop vite à son goût, mais il craignait que si Claudia continuait sur sa lancée, elle parviendrait à le convaincre de rester. Il desserra donc son étreinte sur le corps nu de la brunette et se releva pour s'habiller. Claudia n'abandonna pas la partie pour autant et se leva à son tour pour barrer le chemin au jeune homme.

-Je t'aime, Dean. S'il te plaît, écoute-moi ! Je t'aime et je ne t'abandonnerai pas, tu m'entends ? On pourra bien essayer de nous séparer, de t'emmener loin de moi, mais je te jure que ce n'est pas comme ça que notre histoire va se terminer. On avait des rêves, tu te rappelles ? S'acheter une maison, fonder une famille, oublier tout ce qui touche au surnaturel et vivre heureux, pour toujours et à jamais...Est-ce qu'on va vraiment laisser une seule personne détruire tous nos rêves et nos ambitions ?

Dean baissa la tête, incapable de répliquer aux propos de sa belle. Bien sûr qu'il voulait rester, qu'il voulait bâtir la vie dont il avait toujours rêvé avec elle, mais son père...son père était de ces ennemis dont on ne peut pas se débarrasser avec de l'eau bénite ou une balle en argent dans le cœur. Il serait toujours là à lui pourrir l'existence parce que le garçon n'arriverait jamais à s'en débarrasser pour de bon. Il ne voulait peut-être pas se l'avouer, mais John Winchester était à la fois son idole et son pire cauchemar.

-Je te promets que rien ne se terminera aujourd'hui entre nous, souffla le garçon. Je reviendrai, je te le promets. Je ne sais seulement pas quand je le pourrai.

Cette fois, Claudia ne put retenir le sanglot qui lui serrait la gorge. Elle se jeta dans les bras de Dean pour y enfouir son visage ravagé par les larmes, et le chasseur cacha sa propre peine en assourdissant ses reniflements dans les doux cheveux de sa belle. Ils restèrent collés l'un contre l'autre pendant un long moment, mais Dean dut bien malgré lui mettre un terme à cette étreinte. Il lui embrassa tendrement le front, puis ramassa ses vêtements qui traînaient sur le sol pour s'habiller.