45 - 13 août 1998

306 25 6
                                    

Dean s'ennuyait à mourir. Les cinq jours qui venaient de passer depuis son départ de Beacon Hills avaient été les plus longs de son existence et rien n'allait en s'améliorant. Son père était parti sur une affaire en les laissant, Sam et lui, aux bons soins de Bobby. Sam était toujours convalescent de son accident de chasse, ce qui lui donnait une excellente raison de rester en sécurité à Sioux Falls, mais ce que Dean avait de la difficulté à comprendre, c'était pourquoi John avait insisté pour que lui aussi reste aux côtés de son petit frère. Après tout, son père ne l'avait-il pas traîné de force hors des bras de Claudia pour qu'il vienne de nouveau l'assister à la chasse ?

-Il ne me fait plus confiance, avait-il un jour laissé échapper à Bobby tandis qu'ils préparaient le repas. C'est pour ça qu'il ne m'a pas emmené. Il a peur que je disparaisse de nouveau s'il m'accorde de la liberté.

Bobby ne répondit rien. Il se contenta de fixer obstinément le maïs qu'il était en train d'éplucher en feignant de ne pas avoir entendu la remarque de son jeune protégé.

-Est-ce que c'est ça, Bobby ? Je suis retenu ici ?

-Sois pas stupide, petit, grogna finalement le vieil homme. Y a rien qui te retient ici. John a seulement besoin que tu veilles sur Sam jusqu'à ce qu'il soit rétabli.

-Alors je pourrais t'emprunter une voiture, juste pour aller faire un tour ?

Une fois de plus, Bobby resta silencieux, signe qu'il était loin de consentir à la requête du jeune homme. Il mit les maïs qu'il venait d'éplucher dans l'eau chaude et fit mine de sortir de la cuisine pour mettre fin à la conversation, mais Dean n'était pas prêt d'en finir. Il se planta devant son vieil ami pour lui bloquer le passage, plus agité qu'il ne l'avait été lors des cinq derniers jours.

-C'est pour ça que tu as caché les clefs de toutes tes voitures et que tu m'interdis l'accès au téléphone, hein Bobby ? Je suis prisonnier ici. Tu t'es allié à mon père pour m'empêcher de retourner là-bas retrouver la fille que j'aime. Pourquoi, Bobby ? Je croyais que je pouvais te faire confiance !

-J'aimerais bien que ce soit aussi simple, gamin, mais ça ne l'est pas. Tu refuses peut-être encore de l'admettre, mais ton père a eu une bonne raison de t'éloigner de Beacon Hills et de cette fille, Dean. Alors s'il te plaît, ne fais rien de stupide et contente-toi de me faire confiance, tu veux ?

-Comment tu veux que je te fasse confiance si tu ne veux rien me dire, merde ! Tout qui m'empêche de voler une voiture pour courir rejoindre Claudia, ce sont les menaces que mon père a proférées contre elle si je m'éloignais pas au plus vite ! De comment je le vois, mon père n'est rien de plus qu'un monstre et tu ne vaux pas mieux si tu t'associes à lui.

Bobby voulut répliquer aux dires hostiles du jeune Winchester, mais Dean ne lui en laissa pas la chance. Le garçon courut à l'extérieur en faisant la sourde oreille aux interpellations du vieil homme et disparut entre les carcasses de voitures. Il ne réapparut que le lendemain, toujours aussi contrarié envers Bobby, à qui il n'avait plus adressé la parole depuis lors.

-Qu'est-ce qui t'arrive, Dean ?

Son frère était venu le rejoindre un soir où il était assis sur le perron à réfléchir, les yeux rivés sur le ciel étoilé. Une partie de lui se faisait croire que c'était parce qu'il ne voulait pas croiser Bobby qu'il restait planté là pendant des heures à observer les étoiles, mais au fond, Dean espérait peut-être seulement qu'il établirait un contact avec Claudia si elle levait aussi les yeux vers le ciel. Après tout, les mêmes astres les recouvraient malgré la distance qui les séparait.

Le jeune chasseur avait passé la journée entière à écrire des lettres à sa belle, qu'il s'était dépêché d'aller poster avant que Bobby s'en aperçoive. Si le vieil homme refusait que Claudia et lui se voient ou se parlent, alors Dean ne voyait pas comment s'écrire pouvait être une activité moins illicite.

Instinct PaternelWhere stories live. Discover now