39 - 28 juillet 1998

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Lorsque Dean sortit de la chambre de motel, il trouva John assis sur le capot de sa voiture, les bras croisés contre son torse. Le garçon descendit les quelques marches du perron qui le séparaient de son père et avança lentement vers lui, les mains fourrées dans les poches de son jean pour éviter de montrer son anxiété.

-Alors, tes affaires sont prêtes ? T'as fait tes adieux à ta petite-copine ? On peut partir, maintenant ?

-Je te l'ai déjà dit, papa : je ne pars pas avec toi. J'en ai fini une bonne fois pour toutes avec la chasse et tu ne pourras pas me faire changer d'avis là-dessus.

John leva les yeux sur son fils et y darda son regard le plus menaçant, mais Dean se refusa à baisser les yeux. Claudia sortit de la chambre à son tour, mais elle resta en retrait sur le porche pour éviter d'intercéder dans cet échange entre père et fils.

-Tu ne peux pas rester, Dean, lâcha John en tentant de garder son calme. Tu es peut-être trop aveugle pour le voir, mais tu mets un peu plus ta copine en danger à chaque minute passée avec elle. Tous tes ennemis deviendront les siens lorsqu'ils remarqueront le lien qui vous unit et ils s'en prendront à elle !

-Quels ennemis, papa ? De mon point de vue, ce sont seulement tes ennemis qui en ont après moi. Si je m'éloigne de toi, alors je ne courrai plus aucun danger.

Sans avertir, John envoya valser son poing contre la mâchoire de Dean, qui manqua de peu de tomber par terre dû à la force de l'impact. Le jeune homme crut vaguement entendre Claudia crier, mais il était difficile de percevoir quoi que ce soit d'intelligible à travers le bourdonnement incessant que provoquait la douleur. Il releva les yeux sur son père et tenta tant bien que mal de retrouver une posture droite en l'assassinant du regard. C'était la deuxième fois qu'il le frappait en une journée parce qu'il avait osé lui tenir tête en ce qui concernait son propre bonheur. Son père était-il au moins en mesure d'éprouver des sentiments à son égard ?

Bientôt, des bras vinrent l'envelopper et la silhouette de Claudia apparut entre son père et lui. Le garçon voulut la presser de bouger, de s'éloigner autant que possible de John et d'arrêter de jouer les intrépides pour une fois, mais la brunette le précéda. Elle riva à son tour un regard meurtrier sur le patriarche de la famille Winchester en levant fièrement le menton et cracha à son intention :

-Fichez le camp d'ici avant que j'appelle la police. On ne veut plus vous revoir, alors c'est pas la peine de revenir dans le coin à moins que ce soit pour formuler des excuses pour tout ce que vous avez pu faire, salopard.

Sur ces mots, la jeune femme tourna le dos à John pour se diriger vers la chambre de Dean, entraînant par le fait même son amoureux à sa suite sans porter un seul regard de plus en direction de John. Juste au moment où les deux tourtereaux montaient la dernière marche du perron, John daigna enfin parler.

-Tu sais, Dean, je suis tombé amoureux de ta mère parce qu'elle avait le même caractère que ta copine. Rappelle-toi seulement que la dernière fois que je l'ai vue, elle brûlait au plafond de la chambre de ton petit frère. Tu ne pourras jamais mener une vie normale, gamin. Ne fais pas les mêmes erreurs que moi et sauve la vie de cette fille tant qu'il en est encore temps.

-Tu veux savoir ce que je pense, papa ? Je pense que t'es seulement effrayé à l'idée de te retrouver tout seul. Parce que si je ne suis plus là, qui est-ce qui va empêcher Sam de partir de cette vie de débile dès qu'il en aura l'occasion ? Personne, et tu le sais très bien. Tu es juste trop prétentieux pour admettre que tout ce qui t'arrive en ce moment est uniquement ta faute.

Claudia ouvrit la porte de la chambre et s'y engouffra. Dean se préparait à y entrer à son tour lorsque la voix de John lui parvint de nouveau.

Instinct PaternelWhere stories live. Discover now