10 - 21 mai 2018

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-Vous êtes qui ?

La détresse, l'insolence, la peur et la colère brillaient dans les grands yeux marrons de Stiles, mais l'adolescent ne se fit pas prier pour foudroyer son invité du regard en le chargeant de toute sa rancœur envers l'humanité. Il se releva en position assise et appuya son dos contre le mur capitonné sans quitter Dean des yeux.

Le chasseur ne répondit pas, trop obnubilé par la vision qui se présentait devant lui. Stiles était juste là, à seulement quelques pas de lui. Il n'avait qu'à tendre le bras pour le toucher, lui, son fils, le fruit de son amour pour Claudia.

Le garçon n'aurait néanmoins pas pu en faire autant, puisque ses membres étaient retenus par la camisole de force. Le voir ainsi diminué pinça le cœur de Dean, qui ne put s'empêcher d'interpeller le docteur Hopkins pour plaider la cause de son enfant.

-Est-ce qu'il y a moyen de lui retirer cette camisole de force, docteur Hopkins ? Il devra se servir de ses mains pour collaborer.

-Je suis désolé, agent Blake, mais c'est impossible. Je connais ce gamin, il profitera d'un moindre faux pas de votre part pour s'en prendre à vous. Voyez-vous, il est déjà en train d'analyser vos faiblesses pour les exploiter contre vous.

Les lèvres de Stiles s'étirèrent en un sourire ironique tandis qu'il répliquait aux propos du docteur Hopkins.

-Vous devriez faire confiance au docteur Hopkins. Vous ne voyez pas que vous avez affaire à un vrai psychopathe ?

La voix du jeune Stilinski était rauque, ce qui poussa Dean à se demander depuis combien de temps il n'avait pas bu ou même mangé. Ses joues étaient beaucoup plus creuses que sur les photos que le chasseur avait trouvées dans sa chambre et quelques ecchymoses saillaient sur son cou et son visage. Contrairement à la sarcastique recommandation de Stiles, l'image du garçon maltraité et abusé que reflétait le garçon ne donnait pas du tout envie à Dean de faire confiance à Joffrey Hopkins.

-Si je ne peux pas obtenir de lui quoi que ce soit à l'écrit, je vais devoir vous demander de nous laisser parler en privé, docteur, lança le chasseur d'une voix qui ne laissait aucune place à la réfutation. Notre entretien ne concerne que lui, moi et le FBI.

Malgré tout, le concerné tint son bout et refusa d'abdiquer à l'ordre de l'aîné Winchester, qui dut se retenir pour ne pas cracher le dégoût que lui inspirait le docteur depuis qu'il avait vu l'état de son fils. Pour calmer sa colère face à la persistance du psychiatre, Dean serra les dents et les poings et inspira un bon coup. Son regard croisa celui de Stiles, honnête et résolu, et une certaine connexion s'établit entre eux l'espace d'un instant. Il l'appelait à l'aide, comprit le chasseur. Il lui demandait de se méfier des paroles du venimeux docteur et de plutôt croire en son innocence. Ses prunelles lucides et intelligentes, qui lui rappelaient tant Claudia, lui criaient qu'il était victime d'un complot.

-Si vous aviez eu à vous entretenir avec un simple patient, je vous aurais laissé seul de bon gré, mais vous avez affaire à un interné détenu dans l'aile sécurisée et le protocole veut que le patient, s'il est en présence d'un invité, ne doit en aucun cas se retrouver seul.

Stiles roula des yeux, mais s'abstint de riposter quoi que ce soit. Dean renonça lui aussi à objecter, préférant plutôt se tourner vers son interlocuteur en feignant son plus aimable sourire.

-Dans ce cas, auriez-vous l'amabilité de m'apporter un verre d'eau, docteur ? J'ai cru voir que Stiles avait la voix enrouée. J'imagine que c'est parce qu'il n'utilise plus beaucoup ses cordes vocales, qu'en pensez-vous ? Ça pourrait lui faire du bien de boire un peu.

Joffrey Hopkins hésita quelques secondes avant de tourner les talons à contrecœur. Dean en profita pour reporter son attention sur Stiles, prêt à tirer parti de chacune des précieuses secondes qu'ils passeraient sans la présence du psychiatre, mais alors qu'il ouvrait la bouche pour questionner l'adolescent quant à sa présente situation, le garçon lui fit signe de se taire d'un geste de la tête avant de lui pointer le coin du mur derrière lui d'un coup de menton. Déconcerté, l'aîné Winchester leva les yeux vers l'endroit indiqué pour remarquer qu'une caméra dernier cri avait été installée de manière à englober chaque recoin de la pièce. Peu importe ce qu'ils diraient ou feraient, ils seraient enregistrés.

Instinct PaternelWhere stories live. Discover now