Instinct Paternel

52 - 8 août 2018

Lydia n'avait jamais été aussi effrayée de toute sa vie. Les beuglements inhumains des morts-vivants étaient abominables, inqualifiables, monstrueux, et elle perçut l'odeur putride des macchabés avant même que le premier zombie n'apparaisse à l'horizon.

Comment tuait-on un zombie ? La jeune femme ne pouvait faire autrement qu'espérer que son cri de banshee parviendrait à ralentir la cadence de l'ennemi. Chris, qui portait une ceinture fournie de nombreux pistolets et qui tenait anxieusement le bâton de baseball de Stiles et une machette entre ses mains, ne semblait pas bien plus confiant que l'adolescente, ce qui ne manqua pas de faire monter l'angoisse de la rousse en flèche.

-Comment on va faire, Chris ? Nous ne sommes que deux contre toute une armée, on n'a aucune chance de l'emporter.

-Espérons que Sam parvienne à percer rapidement une brèche, souffla le chasseur d'une voix mal assurée.

Un cri plus perçant que les autres glaça le sang de Lydia, qui aurait probablement pris ses jambes à son cou si elle ne gardait pas constamment une pensée pour Stiles, qui était probablement en train de lutter présentement pour sa liberté et peut-être même pour sa vie. Lui n'aurait jamais hésité à se battre. Il se serait jeté dans la mêlée sans même songer aux probabilités qu'il n'en ressorte jamais vivant et serait mort fièrement pour assurer la survie de cette ville qu'il chérissait tant. Si Lydia et Stiles survivaient à cette nuit d'horreur, alors la jeune femme ne voulait pas avouer à celui qu'elle aimait qu'elle avait tourné le dos à la bataille pour protéger ses propres intérêts.

Le premier macchabée fit son apparition dans son champ de vision et l'adolescente s'arma de courage pour lui faire face. Juste au moment où elle se préparait à se lancer à l'attaque, Chris l'arrêta en lui présentant sa main.

-Si on doit mourir aujourd'hui, je veux seulement que tu saches que je suis content de me battre à tes côtés pour défendre notre ville. Qui sait, peut-être que ça restera dans les annales et que notre sacrifice fera comprendre aux générations à venir que chasseurs et créatures surnaturelles ne sont pas si différents, au fond, et que nous y gagnerons tous en nous unissant pour le bien commun. C'est ce qu'Allison aurait voulu, c'est ce pourquoi elle se battait, et c'est l'héritage que je veux laisser aussi.

-Ce beau discours, tu le garderas pour le dire toi-même à tous ceux qui voudront bien l'entendre une fois qu'on sera sortis de cette pagaille, Chris, répondit la rousse en serrant la main de son frère d'armes. On se bat pour la vie, aujourd'hui. On se bat pour Stiles, pour Dean, pour les habitants de Beacon Hills qui dépendent de nous. C'est ça qu'Allison aurait fait, alors si on doit mourir ici, au moins on lui aura rendu hommage une dernière fois.

Chris sourit doucement, comme s'il ne s'était pas trouvé sur une route cernée de morts-vivants prêts à lui faire la peau à tout moment.

-Pour Allison, alors.

Sur ces mots, le chasseur se précipita sur le zombie qui ne se trouvait maintenant qu'à une dizaine de mètres de lui et il lui coupa la tête avec la machette. Lydia sentit le soulagement délester le point qui lui comprimait jusqu'alors l'estomac en voyant que la dépouille ne se relevait pas. Poussée pas un nouveau regain d'énergie, l'adolescente fonça vers le tas de cadavres qui lui faisait toujours face un poussant un cri digne de la banshee qu'elle était.

***

Sam commençait à regretter de ne pas avoir établi de plan avant de s'être jeté dans la gueule du loup. Il était maintenant devant la grille qui fermait l'enceinte d'Eichen House et se retrouvait sans aucun moyen d'entrer sans attirer l'attention des membres du personnel de l'établissement. Le souffle coupé par l'anxiété, il jeta un coup d'œil à sa montre, qui lui indiqua qu'il était exactement 18h34. Cette heure lui rappela bien malgré lui que le temps pressait avant que les morts-vivants n'aient raison de Chris et de Lydia, mais cela signifiait aussi que les heures de visite à l'intérieur de l'hôpital psychiatrique étaient encore permises et qu'il pouvait toujours en profiter pour s'y infiltrer sans éveiller les soupçons du docteur Hopkins et de ses acolytes.