13 - 5 mai 1998

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Dean se tenait là, devant la porte de la modeste maison de la famille Rosenberg, un bouquet de fleurs à la main. Il était anxieux et tourmenté, ses paumes moites le prouvaient. Que faisait-il ici, à attendre stupidement qu'on lui ouvre la porte, alors que Claudia lui avait très clairement fait savoir qu'elle ne voulait pas le revoir ? Le chasseur avait passé l'après-midi à essayer de se sortir la jolie brune de la tête, mais ça n'avait rien donné.

Après sa longue discussion avec Chris Argent et la préparation d'un plan en prévision de la rencontre entre Gerard Argent et Talia Hale, le jeune homme avait décidé d'aller visiter le petit centre-ville de Beacon Hills avant la tombée de la nuit. C'était alors qu'il observait les délicieuses confiseries derrière la vitrine d'une pâtisserie que lui revint la promesse qu'il avait fait à la belle Claudia la veille, quand il l'avait invitée au restaurant. Contrairement à ce que cette dernière avait pu croire, il n'avait pas agi sur un coup de tête. Claudia lui plaisait réellement, il en était sûr à présent. Cette invitation était le seul moyen qu'il avait trouvé pour lui montrer qu'il tenait à elle et qu'elle signifiait bien plus pour lui qu'une simple amourette sans importance.

Tout ça, bien entendu, c'était avant qu'il fasse l'idiot. Avant qu'il ne refuse de s'ouvrir à elle au sujet de son père, avant qu'il ne s'acharne à vouloir la surprotéger. Il voulait seulement qu'elle soit en sécurité, qu'elle n'ait pas à vivre tout ce que lui avait dû endurer depuis l'âge de quatre ans, depuis que son père les avait entraînés, son frère et lui, dans le dangereux et sanglant monde du surnaturel. Il n'avait simplement pas su trouver la manière adéquate pour lui faire comprendre qu'il tenait à elle.

La porte de la demeure des Rosenberg s'ouvrit sur Claudia qui, les cheveux en bataille et vêtue d'un jogging et d'un cardigan, avait tout l'air de sortir du lit. Dès qu'elle aperçut le chasseur, son regard parut s'illuminer, mais il perdit rapidement son éclat lorsqu'elle s'adressa à lui.

-Qu'est-ce que tu veux, Watson ? Je croyais qu'on en avait fini, toi et moi. Je ne suis qu'une petite chose fragile, tu te souviens ?

-Je...Je suis venu pour m'excuser. Je pensais pas ce que j'ai dit, c'est seulement que...De là où je viens, tu vois, c'est considéré comme une preuve de faiblesse de montrer ses émotions. C'est devenu comme un réflexe de garder tout en dedans, tu comprends ? J'ai toujours l'impression que si j'ose m'ouvrir à quelqu'un, ça va se retourner contre moi, ça lui fera un moyen de plus de m'utiliser ou de me faire du mal.

-Il est de là l'ennui, Dean, tu vois ? répondit la jeune femme en secouant doucement la tête. Tous tes soucis ne viennent que d'une seule source et tu es trop aveugle et trop effrayé pour t'en rendre compte. C'est ton père le problème, Dean. Dès qu'on aborde le sujet, comme tout à l'heure, tu te braques et tu te fermes complètement. Je sais pas comment ce type a abusé de toi quand t'étais gamin, mais tu vis dans une crainte constante quand il est question de lui.

-Tu insinues que j'ai peur de mon père ? se fâcha l'aîné Winchester. Qu'est-ce que vous avez tous à dire ça ? J'ai pas peur de lui, d'accord ? Je suis un bon fils et un bon soldat, c'est tout ! Y a rien de mal à respecter la hiérarchie familiale.

Claudia souffla, puis lui fit signe d'entrer d'un coup de menton avant de fermer la porte derrière lui. Avant que Dean n'ait pu esquisser un geste, elle s'était déjà emparée du bouquet de fleurs que le jeune homme avait toujours entre les mains et s'éloignait en direction de la cuisine. Le garçon la suivit et l'observa sortir un vase d'une armoire, le remplir d'eau et y déposer les fleurs. Elle reporta ensuite son attention sur son invité, les traits durs.

-Tu crois vraiment ce que tu te dis, Dean ? C'est pour ça que tu fais des pieds et des mains pour plaire à ton père ? Parce que tu es un bon soldat ? Non, mais est-ce que tu comprends le problème, ici ? Un père ne devrait pas, sous aucun prétexte, considérer son enfant comme un soldat ! Un bon père est là pour appuyer son enfant peu importe le chemin qu'il emprunte, le conseiller et lui donner de l'affection. Un bon père ne voudrait jamais que son fils marche dans son ombre, il voudrait le voir faire de grandes choses, avoir de grandes ambitions ! Dis-moi que j'ai mal compris ce que t'insinuais et que ton père fait tout ça pour toi, Dean. Dis-le moi.

Instinct PaternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant