49 - 11 septembre 1998

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Claudia arrêta le moteur de la Dodge Challenger devant l'enseigne « Singer Auto » qui indiquait la cour du ferrailleur. La nuit tombait sur la petite ville de Sioux Falls, peignant le ciel d'orange, de rose et de mauve, et la jeune femme s'accorda quelques secondes de répit pour contempler le magnifique spectacle qui s'offrait à elle. Néanmoins, la lumière qui se reflétait à travers les fenêtres de la misérable maison de Bobby Singer la ramena à la réalité et elle se dirigea vers la demeure en laissant échapper un soupir de nervosité.

L'Impala de John était stationnée juste devant la maison, signe que Dean devait forcément se trouver à l'intérieur. La jeune femme sentit soudain son cœur s'emballer à l'idée que l'homme qu'elle aimait, celui qui lui avait été trop rapidement enlevé, se trouvait à seulement quelques mètres d'elle. Peut-être y avait-il encore de l'espoir, après tout. John Winchester n'était pas un être bon, mais il avait tout de même un cœur, et quel genre d'homme pouvait laisser un enfant grandir sans son père ? Peu importe ce qu'il adviendrait en ce jour décisif, Claudia se jura de tout faire pour que la chose qui grandissait dans son ventre puisse connaître son géniteur.

La belle se préparait tout juste à monter les marches du perron et à cogner à la porte lorsque des bruits de pas résonnèrent derrière elle. Elle se retourna brusquement, secouée par l'espoir qu'il s'agissait peut-être de Dean, mais son espérance fut de courte durée et elle sentit ses jambes se ramollir sous son poids lorsqu'elle aperçut John Winchester se dresser de toute sa stature devant elle. Tous deux se fixèrent pendant de longues et angoissantes secondes, et Claudia ne sut pas comment l'air pouvait encore entrer dans ses poumons tant son souffle était court.

Pourtant, contrairement à ce qu'elle avait pu imaginer aux premiers abords, le regard de John n'avait rien de mauvais, bien au contraire. Cet homme qui avait appuyé un fusil sur sa tempe il y avait à peine un mois de ça l'observait maintenant avec une curiosité et une admiration que Claudia peinait à cerner.

-Alors tu l'aimes vraiment ? demanda-t-il lorsque le silence devint insoutenable.

-Oui, répondit simplement la jeune femme. Quoi, ça vous étonne qu'on puisse aimer votre fils ?

-Pas du tout. En d'autres circonstances, j'aurais été fou de joie d'apprendre que mon fils est enfin parvenu à trouver une fille qui lui convienne et dont il est réellement amoureux. C'est tout ce que j'ai toujours demandé pour mes enfants. L'amour est une chose si précieuse...

-Alors pourquoi ne me laissez-vous pas le voir ? Pourquoi l'empêchez-vous de lire mes lettres ? Pourquoi l'avez-vous tout simplement forcé à quitter la Californie alors que vous le saviez plus heureux avec moi qu'il ne l'a jamais été avec vous ?

-Tu crois vraiment que je le fais de bonté de cœur ? J'ai vu mon fils s'enfoncer plus profondément que jamais au courant du dernier mois juste parce qu'il a l'impression de ne plus pouvoir vivre sans toi. Je sais ce que c'est, je l'ai moi-même vécu avec ma défunte femme. Mais il s'agit toujours d'un concours de circonstances et, même si je sais que je commets une atrocité en forçant votre destin, je vous épargne également bien des souffrances.

-Vous vous prenez pour qui ? Le maître de l'univers ? C'est pas parce que votre relation s'est mal terminée qu'il faut que vous projetiez votre douleur sur les relations de vos fils ! C'est complètement insensé !

-Je ne te demande pas de comprendre, puisqu'il te manque des morceaux pour compléter le puzzle. Sache seulement que si Dean reste dans ta vie, toi et l'enfant que tu portes serez automatiquement condamnés.

Comment pouvait-il être au courant de l'état de Claudia ? Même ses propres parents n'avaient toujours pas été mis au parfum et, à seulement un mois de grossesse, son ventre avait à peine commencé à gonfler.

Instinct PaternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant