Instinct Paternel

29 - 16 mai 1998

Dean commençait sérieusement à se demander pourquoi il n'avait pas quitté Beacon Hills dès qu'il en avait eu l'occasion, six jours plus tôt. Claudia avait réussi à le convaincre de rester jusqu'à la fin de son sursis, le temps qu'elle parvienne à convaincre ses parents qu'elle ne risquait rien en partant avec lui. Bien entendu, monsieur et madame Rosenberg n'avaient pas du tout été enchantés d'apprendre les intentions de leur fille et avaient catégoriquement refusé qu'elle quitte la ville avec un jeune homme qu'elle connaissait à peine et dont ils ignoraient jusqu'alors l'existence.

Pour leur prouver que son nouveau petit-ami était quelqu'un de bien, la jolie brunette avait donc insisté pour qu'ils le rencontrent, et c'est ainsi que Dean sonnait une fois de plus à la porte de la maison des Rosenberg, affublé de ses plus beaux habits. Si on lui avait demandé comment il aurait aimé passer sa dernière soirée en ville, souper avec ses beaux-parents en vue de faire bonne impression se serait certainement retrouvé au bas de sa liste.

Mais voilà qu'il se retrouvait tout de même là, envoûté par les beaux yeux suppliants de sa belle. Et lorsque les Rosenberg lui ouvrirent la porte, il les gratifia même de son plus beau sourire.

-Bonsoir, les salua-t-il en tendant la main à monsieur Rosenberg et en faisant la bise à sa femme. Merci beaucoup pour l'invitation, monsieur et madame Rosenberg.

Le père de Claudia lui serra la main sans même manifester ne serait-ce que l'ombre d'un sourire, mais madame Rosenberg fut plus cordiale.

-Je vous en prie, monsieur Watson, vous pouvez nous appeler Diane et Mick.

-Seulement si vous m'appelez Dean, madame, répondit amicalement le jeune chasseur, qui n'avait pas l'habitude de toutes ces formes de politesse.

Le garçon présenta à ses hôtes un gâteau au fromage qu'il était allé acheter à la pâtisserie du coin. Claudia l'avait bien informé que c'était le favori de son père, qui était celui qu'il allait devoir charmer au courant de la soirée.

-Oh ! Regarde un peu ça, Mick ! s'exclama joyeusement Diane en acceptant gaiment le cadeau du jeune homme. Il nous a emmené un gâteau.

Monsieur Rosenberg se contenta de grogner avant de tourner les talons en direction du salon. Il s'assit sur un fauteuil, une bière à la main, sans se soucier davantage du nouvel arrivant. Dean, les muscles tendus par l'embarras, entra dans la maison en cherchant à se faire le plus petit possible, espérant que ce supplice prenne fin au plus vite. Diane le laissa seul avec Claudia le temps d'aller réfrigérer le gâteau et la belle en profita pour enlacer le jeune homme, qui se sentit soudainement délesté de toute pression.

-Ne t'en fais pas, tout va bien aller, lui susurra-t-elle à l'oreille. Tu n'as qu'à leur montrer à quel point tu es formidable et eux aussi succomberont à ton charme, crois-moi.

-Vraiment ? Parce que j'ai l'impression que ton père me prend pour la réincarnation de Satan, grogna Dean entre ses dents. Tu m'as dit que ce serait difficile de l'impressionner, mais t'as pas mal surestimé la portée de mon charme, tu crois pas ? Je dirais plutôt que ça va être mission impossible de l'éblouir.

-Dis pas ça ! Il a l'air bien bougon en ce moment, mais c'est toujours comme ça qu'il réagit quand j'invite des garçons à la maison.

-Quoi, alors je suis pas le premier garçon que tu présentes à tes parents ? sourit moqueusement le chasseur.

En toute réponse, la jolie brunette enchâssa ses doigts entre ceux de son petit-ami et l'entraîna vers le salon, où madame Rosenberg vint les rejoindre quelques secondes plus tard.

-Alors, Dean, et si vous me parliez un peu de vous et de ce que vous faites en ville ? demanda la dame en s'assoyant auprès de son mari. Ce n'est pas que je veux me montrer trop intrusive, mais Claudia reste plutôt évasive lorsqu'elle parle de vous depuis votre rencontre.