2017

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2 ans et 7 mois plus tôt - Décembre 2017, Rio de Janeiro

Daniela


  Je m'avançai jusqu'à l'agent de l'immigration et lui tendis mon passeport brésilien. Il le feuilleta brièvement, souleva son tampon et l'apposa sur une page vierge.

« Bon retour au pays, Mademoiselle, me lança-t-il en me le rendant.

─ Merci » répondis-je du bout des lèvres.

   Mon sac à dos jeté sur une épaule, je me dirigeai vers la zone des carrousels à bagages. Il était 8 heures du matin au Brésil, et l'aéroport de Rio Galeão était tout tranquille, comme si tout le monde était encore à moitié endormi. Mon casque sur les oreilles, la musique à fond, je dus attendre vingt bonnes minutes pour voir surgir mon sac de voyage. J'allais le soulever, quand une main d'homme s'en empara à ma place.

« Ça va aller ? » me lança Léandre avec un sourire amical.

Je ne l'avais pas entendu approcher, mais j'avais lu sur ses lèvres. Je lui rendis son sourire et mis ma playlist sur pause.

« Ouais, merci, lui dis-je. On se voit bientôt, j'imagine.

─ J'y compte bien. »

Il me tendit mon sac et me laissa sur un dernier signe de la main. En marchant vers la sortie, j'appelai ma mère.

Messagerie.

« J'espère qu'elle n'a pas oublié l'heure à laquelle cet avion était censé atterrir ! » pensai-je sombrement.

Je l'avais appelée la veille au soir de Charles-de-Gaulle pour lui annoncer que je revenais à Rio plus tôt que prévu, et elle avait dit, je cite « Parfait, je viens te chercher, chérie ».

Les portes automatiques qui menaient à l'extérieur coulissèrent devant moi et je fus aussitôt assaillie par une vague de chaleur, aveuglée par la lumière vive du soleil. De ce côté-ci du globe, il faisait bon toute l'année. L'air chaud et humide de ce mois de décembre me sauta au visage et je plissai les yeux pour tenter d'y voir quelque chose, éblouie.

Nulle trace de Maman, bien sûr.

J'étais là, debout sur le trottoir, à hésiter entre la rappeler ou sauter directement dans un taxi ; j'allais choisir le taxi, quand...

« Daniela ! »

  Tiens ? Bref coup de klaxon ; je tournai la tête pour voir Maman débarquer au volant de sa voiture, la capote abaissée. Elle ralentit devant moi pour s'arrêter au dépose-minute, d'énormes lunettes de soleil perchées sur le nez, pimpante comme toujours dans sa robe blanche qui lui dénudait les épaules.

M'approchant de la voiture, je jetai mes sacs de voyage et ma veste en cuir sur la banquette arrière ; puis j'ouvris la portière et sautai sur le siège passager. Je me penchai vers ma mère pour embrasser sa joue satinée. L'odeur familière de sa crème de jour hors de prix vint chatouiller mes narines.

« Je suis pas trop en retard, hein ? s'exclama Maman en guise de bonjour.

─ Ça va. J'ai presque cru que tu avais oublié..., dis-je d'un ton suspicieux.

─ Bien sûr que non ! Je suis si contente que tu sois là ! Bon retour, chérie.

─ Merci M'man. Avoue que t'es quand même tête en l'air, hein... Ce ne serait pas la première fois que tu m'oublies quelque part.

─ ... Tu ne m'as toujours pas pardonné cette fois où je t'ai laissée au parc, pas vrai ? Hahaha !

─ Franchement, Maman ! J'avais à peine huit ans. Ça se fait pas.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant