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Daniela


Attendez, quoi ?!

Lula tenait les rênes financières de mon asso ?

Le ciel venait de me tomber sur la tête.

Ahurie, je fixais Paolina. Il me semblait qu'un sourire satisfait dansait sur ses lèvres.

« C'est pas vrai, dis-je lentement.

─ Bien sûr que c'est vrai.

─ Fábio m'en aurait parlé.

─ Fábio ne dit pas toujours tout. Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, vous partagez cet agaçant trait de caractère. »

Le sentiment de trahison que je ressentais me donnait le tournis. Je me sentais trahie, non pas par Fábio et ses cachotteries, mais par Lula... Nom de Dieu ! Ceci m'inquiéta au plus haut point. Si je me sentais trahie, c'est que quelque part en chemin, je lui avais donné ma confiance.

Le choc que me causa cette révélation me coupa le souffle ; puis la colère prit le relais, très forte, m'empêchant presque de respirer. Furieuse, je me levai, ramassai ma robe bain de soleil et l'enfilai rageusement sur mon bikini. Puis je glissai mes pieds dans mes espadrilles jaunes, passai mon sac de plage à mon épaule et partis sans un mot.

Alors que j'atteignais la promenade de Copacabana, j'entendis une cavalcade dans mon dos : Paol m'avait suivie.

« T'énerves pas trop, D, quand même... »

Je ne répondis pas, et ne décrochai pas un mot de tout le trajet en bus jusqu'à la rue de l'association.

Je déboulai dans l'open space et pris les escaliers qui menaient à l'appartement de Fábio, au deuxième étage. Je frappai furieusement contre le battant.

« Une minute ! » lança Fábio de l'autre côté.

A peine ouvrait-il que je le bousculais contre la porte, folle de rage.

« Daniela ?! Hé, joyeux anniver...

─ Vire-le, ordonnai-je d'un ton sans appel.

─ Oh, dit Fábio, et il échangea un regard avec Paol qui était appuyée contre la rambarde de l'escalier, derrière-moi. Bravo, Paol !

─ Désolée, dit Paol, qui n'avait pas du tout l'air désolé.

─ Je plaisante pas, persiflai-je, regard vissé sur celui de Fábio. Tu vas le virer. Tu vas le virer et en prendre un autre. Je veux plus de Lula ici.

─ Je ne vais certainement pas le virer, Dani.

─ Si. Putain, Fábio, si ! On co-gère cette asso ensemble, et je suis pour un renvoi pur et simple. Je comprends mieux pourquoi tu as mis Lula sur ce poste ! Tu disais que c'était parce qu'il était doué, quand en réalité, c'est parce qu'il t'a pratiquement payé pour l'avoir ! Putain, c'est beau !

─ Tu n'y es pas du tout. Il est doué. Tu l'as vu faire. Il a un excellent carnet de contacts et ça nous est bénéfique, Dani. On ne va pas virer un élément indispensable de notre équipe. Tu es sûre que ce n'est pas plutôt... une affaire personnelle ? »

Évidemment que ça l'était : il me plaisait.

Enfin, plus ou moins, quoi.

J'aurais voulu qu'il ne soit pas aussi souvent en ma compagnie.

Et un peu moins attirant, aussi.

Je n'allais certainement pas dire ça à Fábio.

Je voulais qu'il le vire, tant qu'il en était encore temps. Tant que je ne ressentais rien.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant