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« Oh putain » m'entendis-je murmurer.

J'étais pétrifiée, le ventre noué, la lèvre tremblant de façon incontrôlable, le sang rugissant dans mes tympans, une envie de vomir montant dans ma gorge, insidieuse.

Alessio ?! Ici ?

Hein ? Quoi ?

Non !

Paol émit un petit rire satisfait à côté de moi. Je me tournai vivement vers elle, les yeux écarquillés, la rage se disputant à la surprise.

« Putain de merde Paolina ! C'est quoi cette histoire ? Qu'est-ce que tu as foutu ??! »

J'avais une furieuse envie de pleurer, mais je me retins. Mon nez me picotait désagréablement.

« Il fallait bien que le designer du concert assiste à la fête. Il fait partie du staff. Je crois que tu n'as pas besoin que je te le présente ? »

Elle agita sous mon nez le badge écrit « Alessio Clement » que je n'avais pas remarqué jusqu'alors.

Je ne sais pas ce qui me retint de la gifler, là, sur le champ, mais la haine que je ressentis pour elle me donna le vertige.

« T'as osé, murmurai-je en empoignant le col de sa robe, le cœur battant à cent à l'heure dans ma poitrine. Mais pourquoi, pourquoi t'as fait ça ?! »

Elle se dégagea vivement, releva le menton d'un air bravache.

« Je suis désolée, mais il le fallait, dit-elle d'un ton résolu. Je sais ce que ta mère pense de votre relation mais c'est lui que tu aimes. »

J'étais bouche bée.

« Mais quel rapport ?! Espèce d'idiote ! Mise à pied pendant une semaine, persiflai-je. Et va falloir qu'on parle toi et moi. Ce soir. »

Elle m'ignora, mais au pli agacé qui s'était creusé entre ses sourcils, je sus qu'elle m'avait très bien entendue et qu'elle était contrariée. Paol avait besoin de son salaire.

« Bonjouuur, vous deux ! lança-t-elle ensuite en anglais, d'une voix forte, l'air radieux. Rolala ce que vous êtes beauuux ! »

Ils étaient là. Il était là. Je le sentais jusque dans mes tripes même si je fixais mon père et rien d'autre. J'étais au bout de ma vie. J'avais vraiment envie de vomir. Mes jambes tremblaient. Je dus me retenir à la barrière métallique devant moi pour maintenir mon équilibre.

« Saluuut, chérie ! » lança Papa en me prenant dans ses bras.

Il me souleva en riant. Je m'agrippai à lui, éperdue.

« Oh papa ! » gémis-je.

Je lui rendis son étreinte. Puis il me reposa, me regarda. Je m'efforçai de lui sourire.

« Ca va, ma grande ? T'es pile à l'heure, ça fait plaisir.

─ Oui, ça va, et toi ?

─ D'enfer. Paol, ma puce ! Como estás ?

─ La grande forme, tonton Tomas ! »

J'étais obligée de me tourner vers Alessio, à présent. Il allait falloir l'affronter, là maintenant tout de suite. Je levai lentement les yeux sur lui. Il me regardait déjà, et le frisson qui me traversa lorsque mon regard retrouva le sien me rendit les jambes en coton.

« Hey, t'as coupé tes cheveux » dit Alessio en me souriant timidement.

Oh là là... Il était tellement beau ! Je fixai son adorable fossette, sentis le rouge me monter aux joues. Pourtant, il ne m'avait pas dit que j'étais jolie ou que je lui plaisais.

Le Solstice d'été (HB 2)Where stories live. Discover now