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Par la vitre de la portière, je regardais le Corcovado illuminé, surplombé par la statue du Christ Rédempteur.

« Je ne savais pas que ton ex était dans le graphisme, dit Lula en mettant son clignotant. En fait, je sais rien sur lui. Il a accepté, alors, pour l'affiche ?

─ Oui, oui, il a accepté. J'aurais préféré que Paol s'abstienne de le contacter, par contre.

─ Je peux comprendre. Mais tu sais, elle voulait juste aider l'association. Ernesto Guao est super pris, il m'a rendu ce service, mais qui sait, il a peut-être été ralenti par un autre contrat. Si ton ex – Alessio, hein ? - fait l'affiche, tout va s'arranger. »

Je me tortillai sur mon siège. Ca faisait un peu bizarre d'entendre Lula prononcer le nom d'Alessio.

« Tu en veux beaucoup à Paol ? demanda Lula en ralentissant dans la rue de Maman.

─ A mort. Elle se croit tout permis. Mais bon. Comme tu dis, elle voulait aider. J'ai réagi de façon un peu... vive, je suppose. Bref. Merci de m'avoir raccompagnée.

─ Pas de souci, le plaisir est pour moi. »

Lula se plaça juste derrière la voiture que Paol avait garée devant le portail de la maison.

J'hésitai une seconde, puis me penchai sur lui et déposai un baiser sur sa joue. Lula me fixa de ses beaux yeux émeraude.

« Merci » répétai-je.

Il hocha la tête.

« Heu... tu veux dîner avec nous ? » m'entendis-je demander.

La question nous surprit tous les deux. Lula parut ravi. Je faisais rarement des pas vers lui, il faut dire.

« Ce sera avec plaisir. Sauf si tu cuisines, par contre... j'ai entendu parler de tes prouesses dans ce domaine. »

Je ris et lui donnai une bourrade enjouée.

« Ecoute, je sais pas, on cuisine à tour de rôle. Je pense que c'est ma mère aujourd'hui. Viens alors. »

Nous sortîmes de la voiture. Au moment précis où j'ouvrais la porte, nous entendîmes Paol débouler lourdement dans les escaliers.

« Tantiiiine, je retrouve pas le masque de nuiiiit, se plaignait-elle. Celui qui fait la peau toute douce. Que t'as payé un bras. Pas l'autre, le moins cher.

─ Regarde dans le placard de la pharmacie, répliqua la voix de ma mère depuis la cuisine.

─ Oi, querida ! » lança Lula à Paol.

Elle se figea lorsqu'elle le vit et poussa un cri d'effroi. Je me retins de rire. Paol s'était changée en rentrant du bureau et arborait un t-shirt et un pantalon de survêtement noir tout usé, qu'elle affectionnait. Elle avait attaché ses beaux cheveux bruns en deux couettes, s'était démaquillée et avait retiré ses bijoux.

Pas le meilleur attirail pour se présenter devant son cher Lula, qui, à ma connaissance, l'avait toujours vue plutôt apprêtée.

« Lula ! Qu'est-ce que tu fais ici ? glapit Paol en rougissant, l'air affolé.

─ Dani m'a invité à dîner. Ca te dérange ? Tu veux que je reparte ?

─ Oh putain ! »

Paol repartit en courant par où elle était venue. Lula et moi échangeâmes un regard de connivence et pouffâmes de rire.

« Elle est mignonne, Paola, me dit Lula en souriant.

─ Dani, tu es là ? » s'enquit Maman en surgissant dans le salon.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant