43

566 90 54
                                    


Alessio


Je tapais un sprint dans l'aéroport de Rio, slalomant entre les autres passagers.

Je n'avais pas bien dormi suite à ma dispute avec Daniela - euphémisme - et m'étais réveillé tard. Panique. J'avais sauté dans le premier taxi en lui promettant un beau magot s'il me déposait à temps à l'aéroport.

La majeure partie de la nuit, j'avais pensé à Dani. Lui dire qu'effectivement je songeais sérieusement à tenter avec Chloé était une chose. Rester sur mes positions en était une autre. J'avais réussi, je n'en revenais pas.

J'avais failli céder à plusieurs reprises ; la première fois, sur le bateau, lorsqu'elle avait parlé de s'attendre deux ans. Elle était triste, avait les larmes aux yeux, ça m'avait tué.

La seconde fois, lorsque je lui avais offert le collier dans la chambre du Sofitel. L'expression sur son visage... j'avais dû me faire violence pour ne rien dire du style « Putain de merde t'as raison je vais emménager à Rio la semaine prochaine ».

Je savais que j'aurais mieux fait de ne pas répondre lorsque Dani m'avait demandé quels étaient mes plans concernant Chloé... Mais je n'avais jamais menti à Dani. Si elle me posait une question, j'y répondais, c'était comme ça. Autant mettre les choses au clair, alors. Ex ou pas : pas facile. Pas facile du tout.

Lui dire d'aller vers Lula, c'était la chose la plus difficile, la plus douloureuse que j'avais faite après l'avoir quittée. Je n'avais strictement aucune envie qu'elle aille vers ce mec, mais elle l'aimait bien et je voulais qu'elle soit heureuse.

Clairement c'était plus simple comme ça. Et si elle passait à autre chose, je serais moins tenté de lui tourner autour.

Et alors je pourrais vivre sans elle.

Ma porte d'embarquement, c'était la Gate 19. Quasi tout au fond de l'aéroport, évidemment, sinon c'est pas drôle. Je montai les marches d'un escalator quatre à quatre.

Putain, ça avait été dur, mais j'avais tenu le coup. Je n'avais pas cédé devant ses yeux magnifiques, ni devant ses larmes qui brisaient mon cœur, ni devant sa colère que je voulais apaiser, ni devant ma culpabilité d'apprécier Chloé... j'étais resté sur mes positions, parce que je savais que j'avais raison.

Je l'aimais, mais je n'étais pas son père. Je voulais des choses pour moi, pour mon futur. J'estimais beaucoup Tomas mais je ne voulais pas me retrouver demain là où il était aujourd'hui. Son destin ne serait pas le mien, bien que son histoire et la mienne fussent identiques : très jeune, il était tombé amoureux d'une femme magnifique et ne s'en était jamais relevé.

Puis sur le coup de 3 heures du matin, j'avais craqué. J'avais failli retourner chez Daniela. J'étais sorti du lit et avait enfilé mes chaussures. J'étais fébrile ; je m'étais demandé si je prenais la bonne décision à la laisser seule ici. Devais-je faire un 360 ? Devais-je tout laisser tomber pour elle ? Sérieusement. Devais-je tout envoyer promener pour Daniela ? Mes amis, mes parents, mon Master... pour rester ici et être avec elle. Créer notre famille. Pourquoi pas ?

Je le vivais mal, mais cette femme restait mon tout, restait ma vie ; je n'étais pas naïf au point de raisonnablement penser que quelqu'un la supplanterait un jour. Elle allait mieux. Je n'avais pas envie d'être loin d'elle. La chose que je désirais le plus au monde, c'était qu'elle dorme et se réveille dans mon lit à mes côtés chaque matin. Etre privé de ça avait quelque chose qui tenait résolument de l'injustice. Elle était mienne et je la voulais pour moi tout seul...

Le Solstice d'été (HB 2)Onde histórias criam vida. Descubra agora