40

603 74 128
                                    


Takeshi


On parlait du boulot lorsque Dani, la petite copine d'Alessio, arriva vers 11 heures.

─ Salut ! lança-t-elle à la cantonade.

Tout le monde lui répondit, sauf Rin, toujours de mauvaise humeur parce qu'elle avait compris que c'était fichu avec Alessio.

─ Un jus d'orange, s'il vous plaît, demanda Dani à la serveuse. Merci.

Michael l'observait d'un air enamouré. Dani me sourit, et je lui retournai son sourire. Elle était tout à fait ravissante. Pas mon genre cependant, je les préférais un peu plus en chair. Elle portait un t-shirt blanc au modeste décolleté, avec un jean déchiré qui s'arrêtait aux chevilles et des mocassins noirs tout simples. Plein de boucles s'échappaient de sa tresse. Le peu de maquillage qu'elle avait mis rendait ses yeux sombres envoûtants. Elle ne portait quasiment pas de bijoux, juste une bague au pouce et à l'index et un collier ras le cou avec le symbole de l'Infini en pendentif.

Certes.

Je savais qu'elle était plus âgée que nous, mais en fait, on n'aurait pas dit, surtout habillée et coiffée de cette façon. Attifée comme ça, à mes yeux, elle passait facilement pour une jeune fille de vingt-trois, vingt-quatre ans. Moins de vingt-cinq ans en tout cas. Elle était toute mince, avec un visage doux qui semblait assez trompeur. Mais un tailleur et une coiffure plus stricte devaient certainement lui faire paraître son âge réel, soit vingt-huit ans si ma mémoire était bonne.

Dani s'approcha d'Alessio et se pencha pour lui dire quelque chose. Il leva les yeux vers elle, l'embrassa sur la joue et lui répondit un truc que je ne compris pas. Du français. Ils se sourirent. Dani s'assit sur ses genoux, prit sa fourchette et piqua un morceau de pain perdu dans son assiette.

Alessio était très silencieux d'ailleurs, ce matin. Il écoutait ce qui se disait, tandis que Rin lui jetait des regards courroucés. Il la regardait parfois, l'air indéchiffrable, avant de détourner les yeux. Il semblait troublé. Il ne regardait pas Dani, mais quelque chose dans sa posture me fit savoir qu'il avait tout à fait conscience du fait qu'elle était perchée sur sa cuisse, alors même qu'ils ne se parlaient pas.

Alessio demanda à Michael s'il avait fini le rapport pour la fresque de la filiale de Kyoto.

─ Non, putain, et t'as intérêt à m'aider, râla Michael tandis que Dani se mettait à embrasser Alessio dans le cou, remontant lentement vers son oreille. T'es le plus doué d'entre nous pour ces conneries ! Ca fait trois semaines que je galère, j'en peux plus, moi !

─ T'inquiète, on trouvera un truc, on va se démerder. On est large encore, dit Alessio.

Je vis un sourire commencer à se dessiner sur ses lèvres, mais ne pas éclore tout à fait. Je pense qu'il appréciait les baisers de Dani, tout en n'étant pas très à l'aise de la situation. Je le comprenais. Je le comprenais même parfaitement, maintenant que je l'avais vu partir en vrille la veille.

Rin les observait d'un air de plus en plus irrité, l'air d'enfler comme un crapaud buffle.

─ Je peux te parler ? demanda Alessio à Rina en japonais. Je voudrais t'expliquer un truc.

Rin parut hésiter, avant d'hocher la tête.

Alessio murmura quelque chose à Dani avant de la faire glisser Dani de ses genoux. Rin et lui s'éloignèrent du même pas vers la sortie. Alessio ouvrit la porte du café à Rin et celle-ci passa devant lui sans le regarder.

Dani et moi échangeâmes un regard. Elle n'avait pas compris ce qu'Alessio avait demandé à Rin mais c'était plutôt transparent. Elle s'assit à la place laissée par Alessio et m'offrit un sourire.

Le Solstice d'été (HB 2)Where stories live. Discover now