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Janvier

Chloé

  J'appliquai un léger spray de mon parfum sur mon cou, puis mes poignets, que je frottai lentement l'un contre l'autre. On frappa à la porte alors que je passais ma brosse à cheveux dans mes mèches blondes.

« Entrez » lançai-je.

Anne poussa le battant et me sourit. Je lui rendis son sourire.

« Anne ! Tu tombes à pic, dis-je. Que penses-tu de ma tenue ?

─ Vous êtes ravissante, mademoiselle. Le bleu cobalt est vraiment fait pour vous. »

Tant mieux ! J'aimais beaucoup ce top bordé de dentelle. Je venais de l'acheter cette après-midi, chez Sandro, en revenant de mon cours de flûte. Il était pourvu de bretelles très fines et d'un décolleté pigeonnant qui mettait ma poitrine en valeur, sans faire vulgaire. Je l'avais associé à un jean noir pour rester assez sobre.

Je fis bouffer mes cheveux blonds d'une main ; attachés, ou détachés ?

« Détachés » tranchai-je en m'étudiant dans le miroir. Il aimait mes cheveux longs, je le savais.

« Mademoiselle, appela Anne alors que je finissais d'appliquer mon fard à joues Guerlain. Madame voulait savoir si vous aviez terminé le plan de table pour le dîner du 15.

─ Je l'ai terminé, et je lui ai envoyé par mail il y a cinq minutes.

─ Elle m'a aussi demandé si vous dîniez ici ce soir ?

─ Non. Comme tu vois, je sors, dis-je en attrapant ma pochette argentée sur ma coiffeuse. Alors tu diras à Mère qu'on se verra demain. »

Anne hocha la tête tout en lissant son tablier.

« Ah oui, tu diras aussi à Léon, s'il te plaît, que Léopoldine passe à la maison demain après les cours. S'il pouvait donner des ordres en cuisine pour le délicieux cake au citron qu'on avait mangé la dernière fois... ce serait super.

─ Très bien, Mademoiselle. C'est comme si c'était fait.

─ Merci beaucoup, Anne. »

Anne s'éclipsa sans un bruit. J'enfilai mes bottines en cuir noir et quittai ma chambre à mon tour.

Je fis la moue en me rappelant que Mère était partie voir une amie en début de soirée et avait emmené Romaric avec elle. Notre second chauffeur était avec Père ; du coup, j'allais devoir prendre un taxi.

  Une demi-heure plus tard, le conducteur dudit taxi me déposait non loin du Kaziski Jolie, arguant qu'il ne pouvait pas se rapprocher plus avec la file de voitures qui se profilait devant le bar. Je finis le trajet à pied. Ça ne me dérangeait pas ; en cette fin janvier, il faisait étrangement doux.

  On était vendredi soir. J'étais sûre qu'Alessio serait là. Ce bar était le QG de son groupe d'amis, parce que Paul y travaillait, et qu'ils avaient souvent les boissons à moitié prix, je crois.

Ou peut-être en aimaient-ils juste le cadre. Cet endroit me laissait assez indifférente, pour ma part. Je sortais dans des lieux plus branchés, avant.

Avant de me rendre compte que non seulement quelque part depuis notre rencontre j'étais tombée amoureuse d'Alessio, mais qu'en plus... je voulais y faire quelque chose.

Quelque chose comme sortir avec lui, peut-être.

Seule ombre au tableau : depuis le soir de son anniversaire, le 29 décembre, Alessio se comportait franchement bizarrement avec moi. Il ne m'écrivait que si je lui écrivais et de façon lapidaire, en plus; j'en voulais pour preuve notre dernier échange :



Le Solstice d'été (HB 2)Where stories live. Discover now