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Alessio

J'avais encore rêvé d'elle.

Lorsque j'ouvris les yeux, j'avais la tête posée sur la poitrine de Dani, le nez entre ses seins... et le bras tout engourdi.

Elle dormait encore, ses cheveux dissimulant son visage. Doucement, pour ne pas la réveiller, je fis glisser mon bras avec précaution de sous son dos. Dani roula paresseusement sur le côté, se blottit contre moi.

L'odeur familière de son shampooing à l'abricot me parvint discrètement.

Je me rendormis presque tout de suite.

***

  C'est la lumière chaude du jour qui me réveilla pour de bon, plus tard.

  J'étais seul dans le lit, et j'entendais l'eau couler dans la petite salle de bains attenante. La nuisette de Dani gisait en tas sur le tapis. Elle devait prendre sa douche.

  Je me frottai les yeux. A en croire ma montre posée sur la table de chevet, il était 9 heures passées. Les rayons dorés du soleil se déversaient dans la chambre. Des images de la journée de la veille me revenaient par bribes ; moi tout joyeux mettant ma ceinture dans l'avion, Tomas me racontant une blague qui faisait froncer les sourcils à l'hôtesse de l'air, Rio de Janeiro vue du ciel, l'air impassible de l'agent de l'immigration tamponnant mon passeport, l'expression paniquée de Dani lorsque j'avais essayé de lui faire la bise... je me revoyais en train de mettre son index dans ma bouche, faisant l'idiot dans la voiture alors qu'elle conduisait vers le Palacio puis la prenant sur cette table dans la petite remise.

Ca n'avait jamais été aussi bon. J'avais même remis ça hier soir avant de m'endormir.

J'avais envie de me mettre des baffes.

C'était horrible.

Horrible cette façon dont elle m'attirait comme un aimant.

  Mes bonnes résolutions de tourner la page à son sujet avaient vacillé dès que j'avais posé le regard sur elle. J'avais l'impression d'être à sa merci, de lutter désespérément contre le courant rugissant d'un fleuve, puis d'être emporté comme un fétu de paille à la plus petite inattention.

  Je pensais qu'après six mois, qu'après tous ces efforts, j'étais plus solide, mais pas du tout ; en fait, je m'étais rarement senti aussi démuni, justement parce que je réalisais que ça n'avait pas suffi. Rompre n'était pas suffisant, sauter des jolies filles n'était pas suffisant, se bagarrer n'était pas suffisant.

  Incontestablement.

  Il m'était très difficile de résister à cette attraction lorsque Daniela était près de moi. Est-ce que la Terre résistait à l'attraction du Soleil ?

Non.

J'étais coupable sans le moindre doute et ne pouvait m'en prendre qu'à moi-même. Je n'avais strictement aucune excuse, n'en recherchais aucune.

La veille au concert, je n'avais même pas eu envie d'essayer plus que ça. Pire encore ; dès qu'elle avait refusé mon invitation à danser, j'étais passé en mode chasse dans ma tête.

Elle m'avait repoussé, bien sûr, mais pas assez fort pour que je ne l'attrape pas...

Au moins, ça nous avait permis de parler.

Je m'étirai. J'avais dormi tout nu ; je repoussai les draps, sortis du lit en bâillant. Le parquet craqua sous mes pieds lorsque je traversai la chambre pour pousser la porte menant à la salle de bains. Le miroir en était tout embué, la pièce pleine de vapeur. Une agréable odeur de gel douche flottait dans l'air. J'entendais Dani chantonner dans la douche, et souris. Elle avait l'air heureux. Plus heureux que quand je l'avais quittée, en tout cas, et ça me réchauffait le cœur.

Le Solstice d'été (HB 2)Where stories live. Discover now