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Daniela


Juillet



Quelle soirée de merde, me dis-je un peu plus tard, allongée dans un petit lit dans une petite pension.

Je crevais de chaud. La clim fonctionnait mal, et par-dessus le marché, j'entendais les voisins qui se hurlaient dessus.

Charmant...

Je ne pleurais plus. Je dressais un bilan peu reluisant de ma situation, mais j'étais franche avec moi-même.

Ainsi donc, j'étais super entourée le matin même encore, et tout à coup, je me retrouvais toute seule. Amusant comme tout était fragile, comme tout pouvait s'écrouler en une seconde d'inattention, pouf. Je n'avais plus ma chambre confortable chez Maman, et plus la compagnie de Maman et Paol ; Lula ne me parlait probablement plus.

Et Klaus Dieter n'était pas prêt de me revoir.

Je dois dire que j'avais l'estomac noué à l'idée de m'éloigner de tous ces gens, enfin, peut-être pas Paol.

Quelque part, je lui en voulais encore d'avoir fait venir Alessio à Rio dans mon dos.

Ca avait résolument un goût de trahison.


**


Le lundi suivant, je sautai le petit-déjeuner et me pointai à Guiomar un peu en avance comme à mon habitude. Très vite, il m'apparut que Lula n'allait pas venir. Je me sentis mal à l'aise en étudiant son bureau bien rangé, sa chaise vide. Paol n'était pas encore arrivée.

Je m'assis à mon bureau, fis pivoter ma chaise et allumai mon ordinateur. Je regardais les tâches du jour, quand la voix de Fábio se fit entendre, très claire dans l'open space.

─ Daniela ! appela-t-il vers 10 heures, le ton mécontent.

Je soupirai longuement, très longuement, après quoi je me levai de ma chaise pivotante et le rejoignis dans son bureau.

─ Tu veux quoi, Fábio ?

─ Lula vient de poser sa démission. T'en sais quelque chose ?

─ Non.

─ Ne me mens pas.

Je soupirai une nouvelle fois.

─ Ecoute, Fábio. Tu sais bien que je voulais rien avoir à faire de sérieux avec lui. Je mélange jamais vie privée et vie pro. Peut-être que lui si.

─ Bravo, commenta Fábio, exaspéré. Ca allait arriver, j'en étais sûr.

Je croisai les bras sur ma poitrine, sur la défensive.

─ Arrête, Fab...

─ T'as intérêt à trouver de nouveaux investisseurs, ce mois-ci. Je plaisante pas, Dani ! Je m'en fous de tes affaires de cœur, de cul peu importe, mais Lula c'était un excellent élément comme tu sais très bien. Il a démissionné de son poste de responsable, je ne sais pas ce qu'il en est de l'argent qu'il versait à Guiomar mensuellement, mais je ne veux pas qu'on courre plus de risques.

─ Je sais, Fab. Je vais m'en charger. Baisse d'un ton.

Il avait démissionné...

Alors je l'avais vraiment perdu.

Putain de merde.


**


Dix jours auparavant

─ Dani, ça suffit ! me cria Fábio.

Nous étions dans son bureau. J'haussai les épaules avec une nonchalance affectée.

─ C'est pas le Club Med ici, me tança Fábio, le ton acide.

─ J'ai juste trente minutes de retard.

─ Quarante, corrigea Fábio en consultant sa montre.

─ C'est bon.

─ C'est la troisième fois cette semaine.

─ Ouais, ouais...

─ T'es chiante. Qu'est-ce qui te prend, enfin ?!

Il me prenait que j'étais en colère contre le monde entier. Alessio était reparti droit dans les bras de Chloé. Quant à moi, bien sûr, j'étais incapable de la même chose. Je n'avançais pas.

─ M'emmerde pas, râlai-je à l'adresse de Fábio.

─ Daniela !

─ ... OK, je vais faire gaffe.

─ J'ose espérer. Va travailler, maintenant, hein ?

Je me levai du siège et quittai son bureau en marmonnant dans ma barbe.

Arrivée dans l'open space, je regardai la chaise vide de Lula.

Il était parti en sortie avec les membres du foyer de la Vega. Ils allaient faire un tour près d'une chute d'eau, avec pique nique à l'appui.

Et si je les rejoignais ? Je ne me sentais pas de rester enfermée à Guiomar aujourd'hui.

J'enfilais ma veste en jean quand Fábio fonça furieusement près de moi.

─ Et peut-on savoir où tu vas ? s'enquit-il d'un ton très désagréable.

─ Rejoindre Lul.

─ Hors de question. T'as plein de travail en retard. Je te signale qu'on a rendez-vous à midi en plus avec les Chinois.

De potentiels investisseurs, en visite à Rio. Je soupirai.

─ Au boulot, conclut Fábio en s'éloignant.

En me tournant, je croisai le regard de Nicole, ma responsable pour les bénévoles. Elle m'offrit une moue réconfortante.

Ca ne me réconforta pas.

Le Solstice d'été (HB 2)Where stories live. Discover now