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Daniela

Discussion entre Daniela et Klaus Dieter

─ Je me suis toujours sentie coupable d'être tombée amoureuse d'Alessio, dis-je un matin de juillet.

─ Continue.

─ On contrôle pas les sentiments mais... Alessio m'a toujours tellement fait penser à Rubén, expliquai-je en me tordant les mains.

─ Tu te sens coupable parce que tu as aimé un autre homme après Rubén, donc coupable vis à vis de Rubén, ou parce que tu as aimé un homme qui te fait penser à Rubén, donc coupable vis à vis d'Alessio ?

Je considérai le Doc Dieter avec étonnement. ll formulait si bien ce que j'avais en tête, ce que j'arrivais à peine à comprendre moi-même, parfois.

─ Oui. C'est ça, acquiesçai-je. Les deux.

Klaus Dieter écrivit quelque chose sur son carnet, avant de croiser les jambes.

─ Est-ce qu'Alessio et Rubén se ressemblent tant que ça, selon toi ? Je n'ai jamais vu leurs photos respectives.

─ Je peux vous les montrer tous les deux, si vous voulez. Mais ça vous avancera pas, la ressemblance n'est pas frappante physiquement. Juste la façon dont ils sourient, ou réfléchissent, et puis... y'a ce coté innocent chez Alessio, enfin avant... ça me rappelait Rubén avant.

─ Oui. Avant. Mais tu sais, Alessio change probablement tous les jours, tout comme toi. Penses-tu vraiment que si tu le croisais aujourd'hui, tu lui trouverais toujours cette forte ressemblance avec Rubén ?

─ Ca fait un an et demi que je ne l'ai pas vu, alors, peut-être moins. Mais on change pas sa façon de sourire, hein ?

─ Il est humain et normal d'aller vers ce qui nous est familier et agréable. Tu aimais Rubén et sa façon de sourire, tu aimes Alessio et sa façon de sourire. C'est leur façon de sourire qui est peut-être similaire, mais ça tu n'y es pour rien, ce sont tes goûts personnels. Tout comme certaines aiment les grands blonds, toi, apparemment, tu aimes les sourires à fossettes. La belle affaire !

Je souris. C'était vrai que dit comme ça, ça paraissait presque idiot de se rendre malade pour un sourire.

─ En dehors d'eux deux, d'ailleurs, n'as-tu jamais spontanément aimé une personne de ton entourage parce qu'elle te rappelait quelqu'un d'autre ?

─ Si. Ma cousine Paol a le même sourire que ma tante, ça me dérange pas.

─ Et maintenant que tu n'as plus peur de laisser partir Rubén, parce que, je reprends tes mots (il baissa les yeux sur ses notes) « je veux penser au futur »... es-tu vraiment dérangée par le fait qu'Alessio te fasse penser à lui ?

─ Ca me paraît moins perturbant. C'est pas comme si je voulais qu'il revienne, comme avant. Il me manque mais... Alessio me manque aussi. Son sourire me manque.

Klaus Dieter sourit.

─ Et j'imagine que son sourire te manque, pas celui de Rubén à travers le sien.

─ Voilà.

─ Tu parlais de culpabilité, tout à l'heure, reprit le doc Dieter en fixant ses notes, une notion capitale. Penses-tu que Rubén t'en voudrais d'être allée vers Alessio après sa mort ? Penses-tu qu'il t'en veuille d'être allée vers Lula y'a un an ?

─ Non, sincèrement, je pense pas qu'il m'en veuille. Lula et Alessio sont des mecs bien. Rubén aurait même été... content que ça marche.

─ Ca te fait du bien de te dire ça ?

Le Solstice d'été (HB 2)Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz