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Juillet 2019


Daniela


─ Tiens, bebe, taquinai-je Lula un soir en lui tendant une canette de limonade.

Il me fit un clin d'œil, pas dupe de la blague.

─ Merci bebe.

Je m'assis près de lui, sur le sol du pont, et posai la tête sur son épaule. Les lattes de bois étaient encore chaudes sous mes jambes nues. Comme tous les soirs, Lula chantait et s'accompagnait à la guitare.

Mon moment préféré de la journée.

Le disque du soleil venait juste de se coucher sur l'océan, et le paysage était d'une beauté étourdissante, quasi irréelle. Le cobalt profond du ciel s'affaissait de plus en plus sur le vermeil du couchant, près de se fondre dans l'obscurité des vaguelettes bordées d'écume.

J'accompagnai Lula sur quelques airs, chantonnant avec lui, l'écoutant parfois en silence, tandis qu'une myriade d'étoiles s'allumaient dans le ciel nocturne.

A nous deux, nous mangeâmes un paquet entier de biscuits au chocolat.

A l'horizon, vers l'Est, des nuées de lumières scintillaient paresseusement, telles autant de diamants sur le velours de la nuit.

C'était les Bermudes.

─ Tu vois, à droite ? C'est la plus grande des îles, dit Lula en me désignant le regroupement de lueurs. Hamilton est là-bas.

─ C'est magnifique. Tu es venu souvent, ici ?

─ Quelques fois, durant mes études.

─ On y sera dans la nuit ?

─ Demain, très tôt, on passera la douane.

J'étais contente. On arrivait au bout du voyage, enfin, la première partie.

Ensuite, il serait encore temps de mettre le cap sur New-York.

─ Dis, Lula, ça te manque pas trop la richesse ? L'argent, les belles voitures, les privilèges...

─ Franchement ? Parfois. J'ai grandi dans cet univers-là. Mais tu sais... je suis plus heureux sans rien qu'avec tout ça. Mon grand-père m'a enseigné la valeur des choses tout jeune. Je sais apprécier ce que j'ai.

Sur quoi, Luiz tira une note à sa guitare et se pencha pour m'embrasser sur la tempe. Je souris.

─ Tu penses que j'aurais dû surnommer le Radiant « Bianca » ? me demanda-t-il, pensif. En l'honneur de ma petite sœur ?

Nos regards se croisèrent. De la main, je caressai affectueusement le plancher tout lisse du bateau. Je l'avais nettoyé le matin même.

─ Je pense que le Radiant, c'est parfait. Ca parle de lumière, d'espoir et de lendemains. Je pense que ça aurait plu à Bianca, que tu ne t'apitoies pas sur ton sort. C'est un bel hommage que de choisir de vivre sans nos morts.

Lula m'embrassa sur la tempe avant de prendre mon visage entre ses mains. Son regard était d'une tendresse infinie.

─ Je pense que ça aurait plu à Rubén que tu parles de cette façon.

Cette petite phrase me réchauffa le cœur.





Alessio


Le Solstice d'été (HB 2)Where stories live. Discover now