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Lula

Dani resta très silencieuse lors du vol retour jusqu'à Rio de Janeiro. Le trajet en voiture de l'aérodrome jusqu'à l'association se fit également dans le silence. Pas un silence gênant. Je ne troublai pas ses réflexions. Je me concentrai sur la conduite.

La lune s'était levée, nimbant les arbres et l'asphalte de la route d'une lueur argentée.

Il nous fallut près d'une heure pour arriver à Guiomar. Tout était éteint. Fabio était sorti, à en juger par les fenêtres de son appartement plongées dans la pénombre.

Dani me donna les clefs. Je déverrouillai la porte, allumai tout. Dans la cuisine, je piochai un bonbon au chocolat dans le petit bol posé sur le plan de travail. Dani m'imita. Je me retins de sourire. Elle ne résistait pas au sucre. Elle me dépassa, le bruit de ses pas se faisant entendre dans les escaliers.

« J'ai laissé le trousseau sur la table dans la salle de pause », me dit-elle distraitement.

Elle parlait de ses clefs de voiture. La salle de pause était située juste à côté de l'open-space. Je la suivis sans un mot jusque là et m'arrêtai dans l'embrasure de la porte, les bras croisés. Je la regardai prendre le trousseau et me rejoindre, souriante :

« Je les ai. Allez, on rentre. Je suis crevée. »

Je la retins par le bras alors qu'elle s'apprêtait à passer devant moi. Elle leva le nez vers moi et je lus un peu de réticence dans ses prunelles sombres. Cette même réticence que je voyais depuis qu'elle était arrivée à Rio, six mois plus tôt.

« Daniela..., dis-je en reculant avec elle vers le canapé.

─ Bon sang, Luiz. Quoi ?

─ Tu m'aimes bien.

─ Et alors ?

─ Dis-moi que tu n'as pas envie que je t'embrasse, murmurai-je en posant la main sous son menton, et je jure que je te laisserai tranquille ».

J'attendis. Elle ne dit rien, évidemment.

Je savais qu'elle ne dirait rien. J'avais pris soin de vérifier qu'elle voulait de moi lorsque j'avais failli l'embrasser à bord du Radiant, quelques semaines plus tôt. Alors je me laissai choir sur le canapé, l'entraînant avec moi. Je pris son visage en coupe et posai tout doucement mes lèvres sur les siennes. Sa si jolie bouche, pulpeuse, suave comme un fruit mûr. Ma joie explosa lorsque je réalisai qu'elle ne me repoussait vraiment pas. Mieux que ça, elle me rendait mon baiser. Elle avait le goût du bonbon au chocolat qu'elle venait de manger. Et de quelque chose d'interdit.

Je n'étais pas censé l'approcher, bien sûr, mais... j'avais très envie d'elle depuis longtemps. Vraiment envie d'elle. Cependant, je voulais y aller doucement. Je ne voulais pas la faire fuir.

Tout était tellement fragile entre nous...

Le Solstice d'été (HB 2)Where stories live. Discover now