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Chloé

 Main dans la main, nous montâmes au deuxième étage. En entrant dans ma chambre, je vis que Anne avait fait le ménage et remplacé les coquelicots fanés sur ma coiffeuse par un bouquet frais qui embaumait discrètement la pièce.

« Tu veux regarder un film ? » proposai-je en allumant la télé dans le mini séjour.

Ma chambre était en fait une suite qui comprenait une pièce principale pourvue de grandes fenêtres, sous lesquelles se tenait une banquette où j'adorais m'asseoir pour lire pendant des heures. La chambre était pourvue d'une grande salle d'eau, d'un dressing et d'un petit séjour qui comprenait mon bureau avec mon Mac posé dessus, une méridienne encadrée de deux poufs colorés et un grand écran plat encastré dans le mur. Je l'utilisais rarement.

« Oui, tu as déjà vu L'effet Papillon ? me demanda Grégoire.

─ Juste le premier, dis-je.

─ On pourrait regarder la suite, si ça te dit.

─ C'est parti alors ».

Il s'assit sur le sofa et je me pelotonnai contre lui, ramenant les jambes sous moi. Il posa le bras autour de mes épaules.

« C'est bien, je suis bien avec lui » me dis-je.

Nous en étions environ au premier tiers du film quand Grégoire commença à m'embrasser doucement sur la joue. Je tournai la tête vers lui, croisai son regard gris. J'y lus un respect immense pour moi, et de l'incertitude. Je comblai les quelques centimètres qui nous séparaient et posai les lèvres sur les siennes. Il me caressa le bras, me rendit mon baiser. Je sentis sa langue sur mes lèvres et entrouvris la bouche, un peu nerveuse.

Ca faisait longtemps qu'on ne m'avait pas embrassée de cette façon. Des années, en fait.

Doucement, il m'étendit sur la bergère. Son corps recouvrit le mien. Ce n'était pas désagréable de sentir son poids sur moi comme ça. Ca allait. Je gérais. Sa langue caressait timidement la mienne. J'attendais l'explosion des sens, le vertige d'être dans ses bras... mais rien ne vint. Attentive aux réactions de mon corps, je réalisais sans surprise que mon cœur ne s'emballait pas lorsqu'il me touchait, même si nous ne nous étions pas vus depuis une semaine déjà. C'était vraiment agréable, ceci dit, et je me sentais bien, mais...

Ma mélancolie s'accrut de constater avec une clarté éblouissante que je ne partageais pas ses sentiments.

« Chloé... » souffla Grégoire en glissant la main sous mon débardeur.

Du bout du doigt, il effleura la dentelle de mon soutien-gorge. Mon souffle se fit plus heurté. Lorsque sa main recouvrit mon sein, je l'immobilisai en saisissant son poignet.

« Excuse-moi, dis-je, confuse, en m'asseyant. Je...

─ Non, non, c'est moi. Pardon. Je ne voudrais rien faire qui te mette mal à l'aise. »

Je me sentis rougir. Ce que c'était malaisant ! Ce n'était pas sa faute. Ca faisait deux mois qu'on se fréquentait, et on y allait vraiment doucement. Je préférais comme ça.

« Je suis désolée que ça mette autant de temps, je vais faire mieux..., bafouillai-je en fuyant son regard.

─ Chut, dit doucement Grégoire. J'attendrai que tu sois prête. Ca ne me dérange pas. Enfin, pas autant que tu sembles le penser ».

Il me sourit et me caressa la joue. Je lui rendis son sourire, toujours embarrassée malgré tout.

« Je viendrai te dire au revoir, demain matin, mais avant, je voulais savoir... est-ce qu'on pourra se voir lundi prochain, après mon examen ? Je voudrais t'emmener à la fête foraine.

Le Solstice d'été (HB 2)Where stories live. Discover now