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Fin février

La Plagne, Auvergne-Rhône-Alpes

Jules


« Tadaaa ! » s'écria Alessio.

  Je tournai la tête vers lui, pour le voir sortir de son sac de voyage un boîtier de jeu PS4. Il le lança sur mes genoux.

« Ah, putain, trop bien ! fis-je en ramassant le jeu. T'as ramené Metroid ? ZeroSuit Samus est tellement sexy.

─ J'avoue. Des news des deux autres ?

─ Partis acheter des trucs à grignoter. Tu connais Paul, il a tout le temps la dalle ».

  Sur ce, Alessio se jeta sur mon lit, une main derrière la tête, et croisa les jambes au niveau de ses chevilles. Depuis la chaise de bureau, je le considérai d'un air moqueur. Même si c'était les vacances, j'étais obligé de réviser mon cours de Réseaux. Avec un coeff de 9, pas question d'être recalé à l'exam.

« Surtout fais comme chez toi, hein, lui dis-je, goguenard. Je te signale que t'as un lit, aussi.

─ Ouais, merci. Le tien était plus proche. Comment ça va tes révisions ?

─ Ça va, j'ai quasi terminé. T'es prêt ? lui lançai-je.

─ Ouais, bof. Franchement j'ai pas super envie de sortir, ce soir... on pourrait rester ici et jouer à la console, t'en dis quoi ?

─  Non, c'est mort ! Ce soir on bouge, et c'est tout ! On vient d'arriver à la station, putain, on est là pour s'éclater. T'es toujours le premier à vouloir t'éclater, en plus. »

Alessio haussa les épaules, se leva pour aller s'accouder à la fenêtre grande ouverte. La vue donnait sur la rue passante, les autres chalets et les montagnes enneigées juste en face.

 Il sortit de quoi se rouler un bédo de la poche intérieure de sa veste en jean, approcha la flamme de son briquet de l'extrémité, puis tira une taffe en regardant les vacanciers en contrebas, qui rentraient à leurs hôtels respectifs, leur paire de skis à l'épaule. La nuit était tombée depuis longtemps, et les lumières de la ville brillaient.

« T'es pas sorti la semaine dernière non plus, quand on était encore à Paris, rappelai-je. T'es sûr que ça va ?

─ Je vais très bien. J'ai juste beaucoup bossé ces derniers temps et je suis crevé. Ce nouveau job me tue. Je déteste la manutention, sérieux.

─ Ben c'est toi aussi là, tu bosses le soir et les week-ends, plus l'uni, c'est chaud quand même ! Tu abuses, je trouve. Fais une pause. Au fait, t'as eu des nouvelles de Dani, depuis... la patinoire ? »

Bref silence.

« Nan », dit finalement Alessio sans me regarder, et il expira sa bouffée dans l'air frais du soir.

On ne parlait jamais de son ex. C'était clairement un sujet tabou. Aucun d'entre nous ne lui en parlait jamais, à vrai dire... mais ce soir, peut-être parce qu'on était en vacances et que le cadre était différent, je décidai de tenter, pour voir.

« T'en veux ? Insistai-je. Des nouvelles, je veux dire ?

─ Nan.

─ Tu crois que je vais croire ça ? Vous vous parlez vraiment plus du tout, hein ? Même pas un petit message depuis son départ ?

─ Rien, que dalle. Et c'est très bien comme ça. De toute façon si elle me parle, je ne répondrai probablement pas. Ça sert à rien qu'à faire du surplace. C'est fini, c'est tout.

Le Solstice d'été (HB 2)Where stories live. Discover now