7

879 119 116
                                    


Chloé


   Cette après-midi là, je n'écoutai pas grand-chose en cours, impatiente à cause du verre qui m'attendait avec Alessio. Lorsque le prof de maths nous lâcha, je fus parmi les premières dans le couloir.

« Chloé ? m'appela Coralie, étonnée. Tu vas où ?

─ Voir mon mec ! A demain ! »

Lorsque j'arrivai enfin devant le café, haletante parce que j'avais marché vite, Alessio m'attendait près de l'entrée. Alessio était souvent en avance aux rendez-vous, chose que j'aimais bien, car je me sentais presque plus féminine à toujours paraître en retard en ricochet.

Il avait le visage penché sur un livre traitant des techniques de dessin, les lunettes dangereusement près de glisser de son nez, le bonnet descendu sur ses boucles châtain. Je l'étudiai un instant du regard, sans me manifester ; l'observai qui lisait attentivement. Ses lèvres remuaient silencieusement alors qu'il formait les mots, l'air concentré et perdu dans son monde. Il ne s'était pas rasé depuis quelques jours, ce qui lui donnait cet air un peu sauvage qui devait affoler certaines. Moi comprise, je crois.

Le moment était parfait, la lumière encore plus. Je sortis mon iPhone de ma poche et le pris en photo.

« Joyeuse Saint-Valentin mon Alex », lançai-je finalement en m'approchant.

Alessio me sourit en refermant son livre, et je sentis des papillons s'agiter dans mon ventre.

« Ah, oui, c'est vrai...! Bah, à toi aussi, j'imagine ? »

Je le vis se toucher distraitement au niveau du flanc droit.

« Hé, t'as l'air fatigué, ça va ? » demandai-je.

Je pris doucement son visage entre mes mains. La sensation de sa barbe rugueuse contre mes doigts me bouleversa, sans que je ne puisse dire pourquoi au juste. Après une courte hésitation, je pressai un petit baiser malhabile sur ses lèvres. Elles étaient douces, froides... mon pouls s'enflamma d'être si près de lui. Son parfum familier me parvenait, réconfortant et agréable.

M'enhardissant parce qu'il s'était laissé faire, je passai les bras autour de sa taille pour l'étreindre, et, ce faisant, je sentis qu'il se raidissait un peu. Lorsque je levai le nez vers lui, je le surpris à grimacer.

« Pardon, je t'ai fait mal ? balbutiai-je, confuse. Qu'est-ce que t'as ? Ca va pas ?

─ Si si, ça va très bien, répondit Alessio avec un bref sourire. Il fait froid, hein ? Viens, on va se poser à l'intérieur ».

Il me tint la porte du café de sa main libre.

Il n'y avait pas grand monde à l'intérieur, un jeune homme en costume qui travaillait sur son ordinateur et un couple qui se regardait en chiens de faïence, près du comptoir. Nous allâmes nous asseoir à côté d'une fenêtre, au fond.

Avec des gestes précautionneux, je sortis ma petite boîte Tupperware de mon sac et la posai sur la table entre nous tandis qu'Alessio retirait son bonnet gris pour le jeter sur le siège voisin.

« Ah là là ! » pensai-je en fixant le couvercle. Quand nous en avions terminé avec elle, la veille, la Charlotte aux Fraises ressemblait à une œuvre de pâtisserie de haute compétition. Lucie était vraiment douée, et je m'étais appliquée. Je n'en avais coupé qu'une grosse part, puisqu'il ne m'était pas possible de me trimballer en cours avec tout le gâteau.

« C'est quoi ? me demanda Alessio, les yeux brillant déjà de gourmandise. Ca se mange, hein ?

─ Un peu que ça se mange. Je t'ai fait une Charlotte, lui dis-je, toute fière. C'est ton gâteau préféré, pas vrai ? »

Le Solstice d'été (HB 2)Where stories live. Discover now