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Paolina avait réservé une chambre à Alessio au Sofitel, qui était situé à Copacabana. Papa descendait souvent là. C'était cher, très cher. La vue était magnifique sur le Pain de Sucre et la plage, à travers les immenses baies vitrées, semblait toute proche.

Je fusillai Paolina du regard.

« Ecoute, dit-elle alors qu'Alessio et Papa faisaient leur check-in, accoudés à la réception. Je l'ai bien reçu, ton amoureux. Il sera bien ici, t'inquiète pas. J'ai tout bien fait.

─ C'est Guiomar qui paie, en plus, Paolina !

─ Oui mais techniquement, ça va, l'hôtel, c'est le budget pour les invités. Dani, c'est un invité. On a un contrat avec lui. Tout va bien. Relaxe !

─ Putain, j'ai même pas envie de te parler. Je peux pas te voir, là ».

Elle parut vexée.

« Je suis sûre que tu seras contente, et que tu me remercieras, plus tard, tu verras.

─ Ta gueule. Je te jure, ferme-la. Je suis à ça de t'en coller une. »

Elle eut la sagesse de ne rien ajouter.

Papa et Alessio revinrent vers nous, tandis qu'un employé de l'hôtel en livrée s'occupait de leurs sacs.

« On va voir les chambres, venez », dit Papa en se dirigeant vers les ascenseurs dorés.

Il crocheta le bras de Paol et l'entraîna joyeusement. Je suivis le mouvement en évitant de regarder vers Alessio.

Les chambres étaient au cinquième et dernier étage, côte à côte, identiques, pourvues d'une porte communicante. Elles étaient plutôt spacieuses, dans les tons jaunes et blancs. Paol s'assit sur le canapé de Papa et alluma la télé. Alessio se laissa tomber sur son lit. Je m'adossai au chambranle de la porte afin de pouvoir apercevoir les deux pièces en même temps.

A cet instant, le téléphone de Paol se mit à sonner. Elle me regarda.

« C'est Niki » m'apprit-elle.

Elle sortit sur le balcon de Papa pour pouvoir répondre.

« J'espère que c'est rien de grave » me dis-je en rejoignant Alessio dans sa chambre.

« Wahou ! Comment c'est trop stylé ici ! » s'exclama Alessio en avisant le paysage sublime déployé derrière la baie vitrée.

On avait plein feux sur la promenade de Copacabana bordée de ses palmiers qui s'agitaient dans la brise chaude de l'après-midi, la plage de sable blanc et une nuée de bateaux dispersée plus loin. Le ciel était d'un bleu idéal, vide du moindre nuage. Il y avait pas mal de passants comme tous les après-midis.

« On va se baigner, après ? » me demanda Alessio.

Il me décocha un grand sourire de petit garçon réjoui.

Impossible de ne pas le lui rendre. Il s'était mis à sauter joyeusement sur le lit. Je le suivis des yeux, alors que la voix de ma mère résonnait dans ma tête, implacable : « Alessio est encore un enfant ».

« On aura pas le temps..., répondis-je, plus sévèrement que je ne l'avais prévu. On doit tous être au Palacio vers 18 heures, au plus tard.

─ Dommage. Peut-être demain, hein ?

─ Oui, bien sûr, si tu veux. Demain ».

Papa arriva dans la chambre d'Alessio, entrant par la porte commune restée grande ouverte.

« Alessio, descends de là. Dani, il y a un type à la porte qui me demande mon passeport pour une autre copie. Tu veux bien prendre mon chargeur et brancher mon téléphone pendant que je redescends ? »

Il fit demi-tour sans même attendre que j'accepte.

Bon... OK.

J'allais prendre le sac, mais Alessio fut plus rapide. Il sauta du lit au tapis et le souleva à ma place. Il le posa devant moi, sur la petite banquette qui surplombait le lit.

« Merci, dis-je.

─ Pas de quoi. »

Il alla ouvrir son sac à dos posé sur le bureau, à la recherche de je ne sais quoi. J'eus toutes les peines du monde à détourner le regard de son dos parfait pour reporter mon attention sur le bagage de Papa.

Je ne sais pas comment je me démerdai, mais en l'ouvrant, je me coinçai le doigt dans la fermeture Eclair. La vive sensation de brûlure me fit grimacer. Putain ! Je m'étais ouvert le bout de l'index.

« Aïe, soufflai-je.

─ Qu'est-ce qu'il y a ? Fais voir » dit Alessio en s'approchant de moi.

Avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, il m'avait poussée sur son lit pour que je m'y asseye. Puis il se mit debout à genoux devant moi - à genoux, bordel -, prit ma main dans la sienne et l'approcha de son visage pour l'examiner.

« Ça saigne un peu, mais c'est rien du tout » dit-il en levant les yeux vers moi.

Il mit mon index dans sa bouche et je sentis sa langue toute chaude s'enrouler autour de mon doigt pour le lécher. Mon cœur bondit dans ma poitrine et je crus défaillir en rencontrant de nouveau ses yeux bleus magnifiques.

« T'as mal ? » demanda encore Alessio d'une voix rauque qui me fit frissonner.

Mal ? Bien sûr que j'avais mal.

Tellement depuis qu'il m'avait quittée.

A chaque seconde de chaque minute.

« Ca va, m'étranglai-je, incapable de ne pas fixer sa bouche au dessin parfait.

─ Hey, Dani...

─ Oui ? Quoi ? »

Voilà qu'il se mordait la lèvre.

« Tu devrais pas me regarder comme ça... si tu ne veux pas que je t'embrasse, dit Alessio d'une voix basse, mal maîtrisée.

─ Oh... je... »

Mon ventre se contracta, et je rougis. Le problème était sans doute que je voulais qu'il m'embrasse, justement. Non non non ! Purée, j'étais totalement perturbée par sa proximité.

« Y'a peut-être des pansements par ici, attends » dit-il en se redressant.

Sur quoi il se dirigea vers la salle de bains.

Ni une ni deux, je me levai d'un bond, ramassai mon sac à main et m'enfuis en courant.

Trop de pression.

Trop compliqué.

Trop stressant.










Le Solstice d'été (HB 2)Where stories live. Discover now