Chapitre 13b

32 8 18
                                    

Ce dernier pointait du doigt une silhouette qui avançait vers eux à travers champs. La tension monta de plusieurs crans parmi le petit groupe.

Mia fit pivoter sa monture pour se tourner vers le nouvel arrivant alors que tout le groupe s'immobilisait derrière elle. L'un des gardes se rapprocha pour saisir les rênes du prince Loenn. Ce dernier le foudroya du regard.

— C'est bon, lâcha Tchaek en reposant la lunette qui venait d'apparaître comme par magie entre ses mains. Ce n'est qu'une enfant.

— Une enfant ? murmura Lilia tandis que Mia fronçait les sourcils.

Ils attendirent en silence que la silhouette se rapproche. Arrivée à quelques mètres, tous purent constater que c'était effectivement une petite fille aux nattes blondes battant derrière elle au rythme de sa course. Elle ne devait pas avoir plus de huit ou neuf ans, pâle et chétive avec sa robe usée et ses genoux couverts de terre. Son visage et son regard n'exprimaient qu'une admiration émerveillée quand elle posa les yeux sur les hommes en armes et sur Mia.

Cette dernière, comprenant que l'enfant ne se rapprocherait pas plus, se laissa glisser en bas de sa monture et fit quelques pas dans sa direction. Elle s'accroupit pour se mettre à son niveau.

— Bonjour, fit-elle d'une voix douce, je suis Mia.

— Je sais qui vous êtes, répliqua la petite fille d'une voix aiguë, mon papa m'a dit de venir vous chercher.

— Nous chercher ? Pourquoi ?

— Papa dit qu'il y a des hommes de patrouille qui arrivent sur la route, là-bas (elle pointa le doigt vers leur destination), et que si vous ne vous cachez pas, ils vous trouveront et vous feront du mal.

Mia entendit distinctement Tchaek jurer derrière elle et sentit le mouvement de panique qui commença à agiter le reste des hommes.

— Silence ! siffla-t-elle en se relevant pour toiser son groupe. C'est juste une patrouille, elle n'a rien à voir avec nous ! Nous ne sommes pas encore hors du champ d'action du roi, ne l'oubliez pas.

Elle les dévisagea les uns après les autres jusqu'à s'assurer que chacun avait repris ses esprits, puis elle se tourna de nouveau vers l'enfant.

— Ton papa t'as dit où nous devons aller ?

La fillette pointa la silhouette trapue d'un ferme, un peu plus loin.

— Dans la grange, là-bas.

Mia examina le bâtiment. Elle faisait partie de celles dont aucune fumée ne montait et elle était suffisamment éloignée de la route pour ne pas attirer l'attention. Et de toute façon, décida-t-elle, ce n'est pas exactement comme s'ils avaient le choix.

Elle baissa les yeux vers la fillette qui la regardait, les mains sur les hanches avec un sérieux adulte très bien imité.

— Très bien, répondit-elle avec une ébauche de sourire, nous te suivons, jeune dame. Que dirais-tu de monter avec moi pour me montrer le chemin ?

Un sourire étincelant éclaira le visage de la fillette qui hocha frénétiquement la tête.

Mia la hissa sur sa monture avant de se remettre en selle derrière elle.

— Allons-y.

La fillette, qui leur dit s'appeler La 'tite, leur indiqua où attacher leurs chevaux pour que ses frères s'occupent d'eux et les invita à la suivre dans le corps de ferme. Elle appuya de tout son poids pour faire basculer la lourde porte qui grinça sur le sol de pierre en s'ouvrant.

Aussitôt, une odeur de vieille soupe et de savon et les accueillit.

— Papa, Papa ! cria la fillette. J'ai amené les gens.

Un jeu de rois et de pions 1 - Nous qui sommes des ombresWhere stories live. Discover now