Chapitre 30b

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[TW : scènes érotiques]

— Savez-vous qu'Isine est venue me parler de vous ?

Les yeux de Dzangher s'arrondirent alors que le visage de la jeune femme jaillissait dans sa tête. Toutes ses belles résolutions sur le fait de mourir dignement volèrent en éclat.

— En bien, crut bon de préciser la souveraine, se méprenant devant son expression. Elle m'a demandé de vous accorder une faveur.

Son regard sonda l'ancien général.

— Pour elle, et aussi parce que je constate qu'elle avait vu juste à votre sujet, je vais accéder à son souhait.

Les pensées de Dzangher tournaient en rond. Isine était venue ? Elle avait parlé à sa reine ? Sur lui ? Pour lui ?

— Voici la situation. D'un côté, vous pouvez refuser votre destin. Nous vous conduirons au rendez-vous pieds et poings liés, vos derniers jours passeront dans le silence et la misère, mais vous n'y échapperez pas. Ou alors, vous pouvez coopérer avec nous.

— Je crois, la coupa Dzangher, la voix tremblante de colère, que vous m'avez mal compris. Je suis peut-être votre prisonnier, je serai peut-être votre pion, mais je ne serai pas votre sujet. J'ai déjà donné ma loyauté auparavant, et on me l'a jetée aux pieds. Si la vie m'a appris une seule leçon, c'est bien celle-ci. Vous ne pouvez pas me demander cela.

La reine secoua la tête.

— C'est vous qui m'avez mal comprise. Il ne s'agit pas de loyauté. Je vous propose un contrat.

— Un contrat ?

— Votre coopération contre le souhait d'Isine : choisissez une faveur, et je vous l'accorderai.

Le cœur de Dzangher se mit à battre la chamade.

— Comment puis-je vous croire ? Je suis votre ennemi.

— C'est vrai, mais je suis capable de reconnaître et respecter un adversaire de valeur. Je suis une femme et je dirige ce pays, général. Pouvez-vous imaginer ce que cela demande ? Mes promesses, comme mes menaces, doivent être tenues si elles veulent rester efficaces. Et je suis efficace. (Son regard se fit d'acier.) Je tiens toujours mes promesses.

Un long silence s'installa, puis Dzangher hocha gravement la tête, scellant leur accord et conscient de signer ainsi son propre arrêt de mort.

La reine soupira et chassa une poussière invisible d'une de ses manches.

— Parfait. Maintenant, avez-vous une idée de ce que vous demandez en échange ?

Des milliers de regrets, de souvenirs, de rêves surgirent dans l'esprit de l'halfelin. Étrangement, le visage d'Isine se glissa une fois de plus entre deux de ses pensées chaotiques, mais il le repoussa avec fermeté.

Il allait mourir. Tout cela n'aurait bientôt plus aucune importance. Malgré tout ce qu'il avait vécu et traversé, enterrer ses espoirs faisait toujours aussi mal. Puis quelque chose s'imposa à lui.

— Je voudrais, fit-il après un silence, que vous racontiez mon histoire. La vraie. Vous avez l'oreille de votre peuple, et au-delà. Vous savez ce qu'il s'est réellement passé lors de la guerre des 600. Pourquoi n'avez-vous pas cherché à rétablir cette vérité avant, je m'en moque. Je me doute qu'il y a des raisons tout à fait valables pour avoir détruit ma vie, ma mémoire, et celle de milliers de personnes. Voilà ma requête, Votre Majesté : rétablissez la vérité.

La reine ne répondit pas tout de suite.

— C'est une faveur conséquente que vous me demandez là.

Il se cala dans son canapé et croisa les bras.

Un jeu de rois et de pions 1 - Nous qui sommes des ombresWhere stories live. Discover now