Chapitre 47

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Blanc.

Après le calme de l'obscurité, la lumière le brûla, lui arrachant un gémissement.

Les yeux pleins de larmes, il leva son bras pour se protéger et sentit la texture satinée des draps glisser sous ses doigts.

Des draps.

Il se redressa brusquement mais une douleur violente lui traversa l'abdomen, le laissant sans force sur ses oreillers.

Il resta immobile en attendant que sa vision revienne, le souffle saccadé. Quand il put enfin distinguer son environnement au travers de ses larmes, il reconnut une pièce qui ne lui était que trop familière.

La chambre.

Son regard courut sur le lit en bois sombre, les hautes fenêtres, la cheminée ronflante et le fauteuil.

Son fauteuil.

Vide.

Il était seul.

Il se sentait étrangement vide. Il lui fallut un moment pour réaliser que l'empreinte du pouvoir de la reine sur son esprit, dont il n'avait pris conscience qu'une fois arrivé au pont, avait désormais disparu.

Pendant un instant, il se demanda si tout ceci n'avait pas été un rêve. Relevant sa chemise, il effleura du bout des doigts le large bandage qui lui entourait le ventre.

Des images lui traversèrent l'esprit comme autant de flashs.

Les nuits solitaires auprès du feu.

Isine qui soignait sa blessure.

Sa chaleur quand elle le tenait contre elle.

Cette sensation qui s'épanouissait en lui.

Une sensation qu'il n'avait plus connue depuis tellement longtemps qu'il lui avait fallu des jours et des jours pour l'identifier.

L'amour ?

Il avait été heureux.

Et puis l'indifférence dans le regard d'Isine, ce mur qu'elle avait bâti entre eux, avait détruit son pauvre bonheur encore trop fragile.

Par cet unique regard, elle l'avait anéanti.

Et encore une fois, il avait été seul.

Si terriblement seul.

Tout le reste était flou.

Au travers des formes et des sons qu'il percevait sans les comprendre, un besoin, vital.

Il fallait qu'elle comprenne. Il fallait qu'une personne, une seule — une seule personne ! — sache qui il était vraiment. Le croie. Une seule. Par pitié.

Dans l'espace infini qui sépare deux battements de cœur, il avait prié de toute son âme.

Pour un miracle.

Jusqu'au dernier moment, à la dernière seconde, il avait attendu.

Et puis la mort.

Dans le présent, ses doigts se refermèrent sur les couvertures.

Comment... ?

La porte s'ouvrit dans un grincement. Il releva brusquement la tête et Isine entra.

Un jeu de rois et de pions 1 - Nous qui sommes des ombresWhere stories live. Discover now