Chapitre 52

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Elle ne savait pas combien de temps s'était écoulé lorsqu'elle ouvrit les yeux.

Tout était noir.

Sordide et silencieux.

Mais son instinct l'avait réveillée et elle savait que dans ces ténèbres, n'importe qui ou n'importe quoi pouvait se cacher n'importe où.

Elle se redressa sur un coude.

Il faisait sombre dans cette prison, encore plus depuis que l'un des gardiens était venu éteindre les torches, et quelque chose en elle lui murmura que c'était toujours la nuit.

Quelque chose d'anormal était à l'œuvre.

Elle se concentra sur l'obscurité, contrôlant son souffle jusqu'à le rendre insignifiant.

En quelques secondes, elle put discerner ce qu'une personne autre qu'elle-même n'aurait eu aucune chance de saisir.

Une infime respiration.

Là.

Juste devant sa cellule.

Un frisson glacé se répandit dans son dos tandis qu'une peur viscérale se nouait en elle. Celle de la proie qui se retrouve acculée par le prédateur. Elle n'avait aucune arme, aucun moyen de s'enfuir, aucun moyen de se défendre...

Puis elle se rappela où elle était.

Quand elle était.

Son cœur s'apaisa et l'adrénaline qui s'était mise à fuser dans ses veines décrut.

Que craignait-elle, exactement ? De mourir ? La belle affaire.

Elle faillit émettre un ricanement désabusé, mais elle se retint au dernier moment.

Après tout, quelqu'un était là.

Pendant un très bref et très intense instant, elle se demanda si Dzangher était revenu. Puis elle se rendit à l'évidence : c'était impossible.

Ce qui l'était moins, en revanche...

Elle se concentra sur la respiration. Elle était à peine perceptible, même avec son entraînement et ses sens tendus à l'extrême.

Lente, régulière.

Maîtrisée.

Parfaitement contrôlée pour se calquer sur ses propres expirations.

Elle se leva et s'approcha de la grille jusqu'à l'effleurer de ses mains. Toute peur avait désormais déserté son cœur, ne laissant que des questions.

— Que me vaut le plaisir ? susurra-t-elle à l'ombre qui lui faisait face, à quelques centimètres de son visage.

Elle ne perçut rien, pas la plus infime variation dans la respiration, pas un mouvement. Pourtant, une seconde plus tard, la porte de sa cellule s'ouvrit quand le verrou sauta avec un claquement sec.

— Suis-moi, fit l'ombre.

Ils marchèrent plusieurs dizaines de minutes dans le silence le plus total. Isine put voir en passant devant une meurtrière que le monde était toujours plongé dans l'obscurité. L'aube était loin. Elle s'attendait à ce qu'ils descendent mais au lieu de ça ils montèrent, montèrent encore, évitant les couloirs les plus utilisés, jusqu'à atteindre l'une des plus hautes tours du château.

Elle suivait son visiteur nocturne avec une confiance aveugle, bien qu'elle n'ait aucune idée de ce qu'il lui voulait en l'emmenant là-bas. Elle se sentait étrangement sereine.

Un jeu de rois et de pions 1 - Nous qui sommes des ombresWhere stories live. Discover now