épisode trois

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GINNY

Tout en marchant dans les couloirs, j'ouvre mon sac pour récupérer mes écouteurs quand quelqu'un me coupe la route.

– Hé ! Tu vas bien ?!

Je sursaute en découvrant un élève de mon ancien lycée du nom de Ken, une espèce de petit binoclard qui pourrait être mignon s'il ne passait pas son temps à me suivre partout. Je n'ai jamais été très à l'aise en compagnie des garçons, mais avec lui, c'est encore pire. Octavia m'a recommandé à plusieurs reprises de l'envoyer bouler mais ma conscience m'en empêche. Avec ma meilleure amie, il était le seul à être présent quand tout a volé en l'air au lycée.

– Qu'est-ce que... je commence.

– J'ai appris que tu déménageais alors j'ai demandé à être transféré dans la même école que toi. J'espère que tu es contente !!

Nom de dieu, mieux vaut pour lui ne pas croiser la furie qui me sert de meilleure amie, si elle apprend qu'il m'a suivi dans mon nouveau lycée, elle va lui casser ses lunettes et les lui faire manger. D'un côté, je reconnais que c'est vraiment... cringe.

– Euh, ouais... je réponds, hésitante. C'est super mais..

– T'as pu faire le tour du lycée déjà ? C'est super grand !!

Il faut que je me débarrasse de ce boulet au plus vite. Si Octavia avait été là, elle lui aurait répondu un truc du genre "va te perdre ailleurs" et m'aurait pris le bras pour m'entraîner loin de ce pot de colle. Pourquoi est-ce qu'elle est jamais là quand il faut ? Tout ça un cause d'un stupide délégué pas foutu de trouver un dossier !

– C'est vrai que ça change par rapport à notre ancienne école, je réponds avant d'ajouter : Par contre, je suis désolée mais je dois y aller. Je dois retrouver mon frère au garage et...

– Oh cool ! s'exclame Ken. Je peux t'accompagner si tu veux !

– Euh... ouais, si tu veux...

Il faut que je trouve une combine pour m'échapper et vite ! Que ferais Octavia ?

Mon regard parcourt le couloir alors que Ken continue de me parler de je ne sais quoi quand enfin, mon échappatoire apparaît.

– Euh Ken, je le coupe. Excuse-moi mais faut que je passe aux toilettes avant de partir.

– Oui pas de problèmes ! répond le binoclard. Je t'attends là !

Super...

Je parcours le couloir en grande enjambées et claque la porte des toilettes des filles derrière-moi avant de m'y adosser. Bon sang, comment vais-je m'en sortir ? Pourquoi faut-il toujours que je sois incapable de dire ce que je pense ? Ce serait tellement plus simple! Quoi que si je le faisais, Ken pourrait mal le prendre et se transformer en psychopathe obsessionnel digne des séries policières qu'Octavia aime tant.

Je baisse les yeux sur mon téléphone et ouvre ma conversation avec Octavia pour lui demander conseil. Mais avant de cliquer sur "envoyer", je réalise la bêtise que je m'apprête à faire.

Bon, Gigi, reprends-toi ! Tu n'es plus cette victime terrifiée que tu étais avant, tu es une femme forte et indépendante et tu peux affronter un mec sans l'aide de ta meilleure amie !

Je prends une grande inspiration et pose la main sur la porte avant de jeter un coup d'œil à la fenêtre.

Non...

Non Gigi, ce serait complètement stupide comme idée..

Espèce d'idiote, tu ne vas quand même pas envisager ça ?

Et pourtant, l'idée de monter sur le lavabo, puis sur le radiateur et enjamber la fenêtre au risque de me casser une jambe dès le premier jour me semble moins terrifiante que de passer la prochaine demi-heure à écouter Ken me dire qu'il a déjà trouvé mon emploi du temps.

Ma décision prise, je passe la deuxième bretelle de mon sac sur mon épaule, attache mon perfecto et tend le bras pour ouvrir la fenêtre. Je monte sur le lavabo et me tiens au robinet pour vérifier que je suis bien en équilibre et me redresse en retenant mon souffle.

L'instant d'après, je me hisse avec difficulté sur la fenêtre en me maudissant d'avoir insisté pour obtenir une dispense en cours d'escalade.

Les yeux rivés sur le sol, je grimace en me rendant compte que j'ai mal évalué la distance mais avant de réfléchir à l'éventualité de faire demi-tour, je me sens glisser vers le sol et pousse un hurlement tout sauf crédible en rencontrant lourdement le sol.

– Foutue gravité, je marmonne en retrouvant mon souffle.

Je me redresse et époussette mes vêtements, remerciant le ciel que la cour soit vide.

Enfin c'est ce que je croyais...

Un rire me parvient et je me tourne brusquement, découvrant un garçon fort peu aimable bien que très, très, très canon. Il a la frange dont rêvent tous les emo et les cheveux rouges. Il porte une veste en cuir noir associée à une chemise rouge vif avec une empreinte de crâne ailé sur le devant (il me semble qu'il s'agit du logo d'un groupe de rock) ainsi qu'une chaîne en argent pendue à son cou et un pantalon noir avec une chaîne accrochée à la boucle de ceinture avant gauche.

J'en perds immédiatement ma capacité à parler.

– Et bien la nouvelle, tu fuis quelque chose ?

Je cligne plusieurs fois des yeux le temps d'intégrer ses paroles avant de jeter un regard en arrière, terrifiée à l'idée que Ken ait entendu mon boucan et ne me retrouve. Puis je bafouille un :

– Euh, oui.. Un.. Enfin j'essaie de me débarrasser d'un boulet.

Il y a quelques mois, j'aurais été incapable de prononcer plus de quelques syllabes, j'estime donc que c'est une grande victoire.

– Un boulet ? se moque le rockeur. Tu parles de Nathaniel, n'est-ce pas ?

– Nath... Nathaniel ? je répète.

– Oui, ce bouffon de délégué général.

Ah, le fameux délégué ! Vu le regard d'Octavia après l'avoir rencontré, je doute que "bouffon" soit le terme approprié.

– GINNY ? entends-je au loin.

– Merde ! je m'écris.

Sans un regard de plus envers le beau rockeur, je détale en courant avant que mon boulet n'apparaisse dans mon champ de vision.

Le soleil décline enfin lorsque j'arrive devant le garage que tient mon frère aîné. Je passe la grande porte en métal et salue de la main les employés avant de rejoindre Jimmy à l'arrière du garage. Concentré sur sa tâche, seuls ses pieds dépassent de la décapotable noire qu'il répare.

Quelques minutes plus tard, il sort de sa cachette et me salue :

– Alors, ta journée ?

J'hausse les épaules.

– Tu le sens comment ce nouveau lycée ?

– Disons qu'on a vu pire, je réponds.

– Hum hum, commente mon frère. Je termine avec ça et ensuite on rentre ? Tu pourras me raconter tous les détails de ta journée comme ça.

J'acquiesce et baisse les yeux sur mon MP3, activant ma playlist.


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this is me trying || Amour SucréWhere stories live. Discover now