épisode quatre-vingt-dix-sept

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CASTIEL

Je frappe frénétiquement du pied contre l'un des vieux bancs en regardant l'immeuble décrépi qui se trouve devant moi. Qu'est-ce que je fous là moi ? J'ai enfin reçu l'autorisation d'aller rendre visite à mon meilleur ami à moitié mort et au lieu d'être à son chevet, je suis devant l'appart de sa copine à attendre comme un con un signe divin.

Ce signe divin se manifeste presque immédiatement quand le frère de celle-ci passe la porte. Il s'arrête en me voyant et me détaille du regard. Ouais je sais mec, j'ai des cernes plus grandes que le Texas et j'ai l'air de sortir d'un hôpital psychiatrique mais tu pourrais au moins faire l'effort de prétendre que c'est pas le cas.

– Castiel, me salue-il. Qu'est-ce que tu fais là ?

Je bute sur mes mots comme un débutant avant de me reprendre et de retrouver ma Castiel-attitude :

– Je viens voir Ginny, on a l'autorisation de venir rendre visite à Lysandre et je me disais que-enfin qu'on pourrait y aller ensemble.

– Euh, je te file les clefs si tu veux mais je te préviens, elle fait peur à voir.

Il y a deux jours j'ai vu la bouffonne qui me sert de meilleur ami au féminin trouer le crâne de mon meilleur ami originel, je doute que cela puisse être plus flippant.

En plus, son petit côté dépressif lui donne l'air de sortir tout droit d'un magazine de rock des années 90, c'est carrément sexy.

Je m'égare.

Je passe la porte et monte les étages vieillots de l'immeuble, on est bien loin du quartier de bourgeois duquel je viens. Quand je passe la porte d'entrée, l'appartement est silencieux, vide, et l'espace d'un instant je me demande si elle serait pas déjà partie. Mais des bruits de fond se font entendre au bout du couloir. Je referme la porte avec mon talon et parcours la distance qui me sépare de notre émo de service avant de marquer une hésitation, étant bien moins sûr de moi d'un coup.

Bordel Castiel, bouge-toi. C'est qu'une fille, tu vas quand même pas la laisser te faire perdre tes moyens ? T'as pas le droit d'avoir ce genre de pensées, surtout pas pour elle. Elle a été très claire quant à la non-existence de sentiments envers toi alors tu vas pas te transformer en chanteur de boysband et pleurer sur ton sort.

Je frappe et ce qui ressemble à un marmonnement me parvient aux oreilles, me donnant le feu vert. J'ouvre la porte avec le plus de douceur dont je suis capable de faire preuve et découvre une petite souris emmitouflée sous une épaisse couette rose.

Rose ??

Depuis quand elle connait d'autres couleurs que le noir ?

Je ne m'attarde pas sur ce point, attiré par la tonne de posters qui recouvrent les murs de sa chambre. La seule lumière de la pièce émane de la petite lucarne et de l'écran d'ordinateur posé sur le lit.

Elle a les yeux rivés dessus mais ne semble pas le moins du monde suivre son film, ce qui semble assez inquiétant.

– Ginny ?

Elle sursaute légèrement en entendant ma voix avant de tourner la tête vers la porte. Il y a un instant de battement durant lequel son cerveau enregistre l'information de ma présence et d'un coup, elle se redresse.

– Qu'est-ce que tu fais là ? s'étonne-t-elle.

Sa voix est plus rauque que d'ordinaire et je me demande depuis combien de temps n'a-t-elle pas parlé.

– Je-Je voulais savoir si tu voulais venir avec moi voir Lysandre.

Elle ne répond pas immédiatement et j'en déduis que son esprit carbure à mille à l'heure.

this is me trying || Amour SucréWhere stories live. Discover now