épisode soixante-dix

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NATHANIEL

– Alors, est-ce que Monsieur le Délégué a quelque chose à déclarer ?

– Laisse-moi tranquille Peggy, je réponds en refermant mon casier plus sèchement que d'ordinaire.

Je la laisse à ses questions et pars m'enfermer dans la salle des délégués. Avec mon absence de ces derniers jours, j'ai pris du retard aussi bien dans mes devoirs que dans ma paperasse de délégué. Je laisse tomber mon sac par terre et tire l'une des chaises pour m'asseoir. Je cale ma tête entre mes mains et laisse échapper un long soupir.

Ces derniers jours ont été un véritable calvaire.

Je le savais. À l'instant où Ambre a invité chez nous Octavia pour satisfaire sa lubie débile de se faire remarquer par tout le monde, je savais que c'était une mauvaise idée. Je suis pratiquement sûr que son père était dans le coup lui aussi. À l'instant où le coup de mon père a résonné dans la maison, je savais qu'elle l'entendrait. Je savais qu'à l'instant où Octavia découvrirait tout, elle ne pourrait pas s'empêcher de s'en mêler. Mais je lui ai quand même tout révélé. Comment ai-je pu être aussi idiot ? Cette fille se mêle de tout, tout le temps, elle est impulsive et ne supporte pas de voir les autres souffrir.

Quelle ironie que ce soit ce qui me fait l'aimer soit aussi ce que je déteste le plus chez elle.

Si elle n'avait rien dit, tout serait resté normal. Mon père aurait continué à avoir ses excès de colère, certes, mais il n'y aurait pas ce climat de menace latente régnant en maître dans la maison.

J'ai été stupide de croire qu'elle pourrait comprendre, qu'elle pourrait, pour une fois, rester loin des problèmes. Mais non, elle a plongé droit dedans ! Et maintenant c'est toute ma famille qui paie.

La porte s'ouvre et je n'ai pas besoin de lever les yeux pour savoir qui vient d'entrer. Bien sûr qu'elle est venue me voir dès qu'elle est arrivée au lycée, j'aurais dû me douter que c'était débile d'espérer qu'elle reste loin de moi.

– Je me disais aussi que c'était étonnant que tu ne sois pas venue me voir, je marmonne.

Je lève les yeux vers elle et reste interdit quelques secondes. J'ai appris à reconnaître son niveau de détresse avec le temps. Et les cernes qu'elle tente de cacher sous une couche épaisse de maquillage me relève qu'elle se sent presque aussi mal que moi.

Presque.

– Tu as fini par comprendre que j'ai fait tout ça parce que je tiens à toi ? réplique-t-elle d'un ton qui se veut neutre en croisant les bras sur sa chemise blanche non repassée agrémentée d'un nœud papillon.

Si c'était le cas, tu ne m'aurais pas trahi.

– Tu n'as pas le droit de dire ça, pas après m'avoir trahi.

– Nate...

Pas ce surnom, tout mais pas ce surnom.

– Je sais que tu m'en veux mais crois-moi-

– STOP ! je la coupe en me redressant. Tu n'as aucune idée de ce que tu as déclenché ! La police est venue chez moi, Octavia, la POLICE. Ils ont emmené mon père et m'ont posé des questions. J'ai cru que mon père allait avoir une attaque.

Elle pince les lèvres et je me doute qu'elle se retient de balancer l'un de ses sarcasmes du type "au moins ça règlerait le problème définitivement" ou "comme ce serait dommage", se doutant que cela n'arrangerait pas la situation entre nous.

– Alors... reprend-t-elle, hésitante : Tu leur a tout avoué ?

– Bien sûr que non ! je m'exclame. Je ne veux pas que mon propre père aille en prison !

this is me trying || Amour SucréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant