épisode soixante-deux

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GINNY

Il y a un extrait d'une série télé qui a forgé presque l'intégralité de ma personnalité. C'est un extrait d'à peine une minute dans lequel Tate Langdon traverse son lycée, habillé d'un manteau long noir, d'un maquillage de squalette, accompagné de la musique Twisted Nerve.

Bien sûr, ce passage iconic est en réalité sa préparation pour un meurtre de masse et n'allez pas croire que je suis en faveur du meurtre de masse, loin de là ! Certes, il m'arrive certaines fois de faire des blagues de très mauvais goût à ce sujet, d'entrer au lycée avec mes écouteurs dans les oreilles diffusant cette musique, me donnant moi aussi l'impression de " me préparer pour mener une guerre sainte". Mais cela ne reste que du domaine du fantasme, en réalité je suis même fermement opposée au port d'armes.

En trainant dans les coulisses ces dernières semaines, j'ai découvert que le lycée mettait à notre disposition des objets très intéressants. Mon choix s'est porté sur la batte de baseball qui trainait dans le carton des affaires de sport.

Je crois que c'est la toute première fois que je comprends réellement le personnage de Tate Langdon. Moi aussi je suis préparée pour cette guerre. Je suis calme, je connais le secret, je sais ce qu'il va se passer et je sais que personne ne peut m'arrêter, même pas moi.

Ma batte traîne par terre et je regrette de ne pas avoir eu le temps d'y accrocher du fil barbelé. Le bruit résonne sur le sol du couloir et mon poing la serre fermement. Lorsque j'aperçois l'objet de ma hantise, ma batte quitte le sol et je la brandis.

– Merci, Octavia...

Ce fumier pose sa main sur ma meilleure amie, et cette fois je ne réponds plus de rien. Ma batte s'abat violemment à l'arrière de son crâne et un sursaut général saisit les quelques personnes présentes dans le couloir. L'homme s'effondre sur le sol, inconscient, et ma meilleure amie me dévisage, sous le choc. Son regard oscille entre l'homme à ses pieds et ma batte de baseball avant qu'elle ne lâche :

– On va vraiment devoir l'écrire cette histoire de zombies.

Je vois l'instant précis où ses nerfs se mettent à lâcher puisqu'elle éclate de rire. Pas un rire sinistre comme lorsqu'elle prépare une mauvaise blague à Ambre, pas un rire forcé lorsqu'elle se force à rire à une blague qu'elle n'a pas comprise. Non, c'est un véritable fou-rire.

– Je suis désolée, s'excuse-t-elle entre deux éclats de rire. C'est pas du tout une réaction appropriée.

– C'est rien, répond Mark. Ton cerveau évacue le stress par la production d'endorphine.

– Ah ouais je vois, comment Castiel en relâchant sa prise sur Mark. En fait, le truc de balancer des infos dont tout le monde se fout, c'est de famille.

Tout le monde se tourne vers lui et il lève les bras pour faire comprendre qu'il ne dira plus rien. La tension commence peu à peu à s'apaiser et je cale ma batte contre mon épaule.

– Si vous saviez depuis le temps que ça me démangeait... je lance, sentant également la tension s'échapper de moi.

– C'était incroyable... commente Rosalya, à deux doigts de m'applaudir.

En revanche, il y en a une qui n'est pas du tout euphorique, c'est la mère d'Octavia. Elle est accroupie aux pieds de son pédo de mec et fusille son ex-mari du regard. Ce dont il semble bien se foutre. Mark a les yeux rivés sur sa fille et se met à froncer les sourcils en voyant un bandage à sa main. Il la saisit et défait ledit bandage avant de marmonner :

– Il va te falloir des points de suture.

– Mais non, c'est bon ! réplique Octavia.

– Rappelle-moi, de nous deux, qui a fait 11 ans de médecine ?

– Sérieusement Mark ? lance-t-elle. Même dans un moment comme ça ? Tu ferais mieux de t'occuper de ta main à deux millions de dollars l'année !

En effet, la main ayant servi à faire une jolie chirurgie plastique à l'autre connard est légèrement ensanglantée mais je ne doute pas que la jolie Hélène va s'en occuper au plus tôt.

Les deux Rousseau se jaugent du regard et Mark est le premier à craquer en attirant vers lui sa fille. Octavia reste sidérée un moment, sous le choc. Ils sont à peu près aussi tactiles l'un que l'autre et cette étreinte a sûrement dû provoquer un bug dans son cerveau. Néanmoins, à ma plus grande surprise, elle finit par répondre à cette étreinte.

– POLICE ÉCARTEZ-VOUS !

Je me tourne vers les trois agents et leur lance :

– La menace a été maîtrisée, merci pour votre réactivité à toute épreuve !

Les agents me lancent un regard noir auquel je réponds par un sourire avant de m'écarter de leur route avec plaisir ! Le beau-père d'Octavia commence à reprendre conscience quand l'un d'eux lui passent les menottes aux poignets et le second commente :

– Ça, ça va te coûter cher mon gars.

Et voilà que tout est bien qui finit bien !

– Je peux savoir ce qu'il se passe ici ?

Nous nous tournons tous vers la directrice qui s'approche en courant et Octavia se dégage de la prise de son père qui, lui, se tourne vers la directrice, un regard noir plaqué sur le visage.

– Ne vous en faites pas, nous en reparlerons la semaine prochaine, affirme-t-il, les dents serrées. Au passage, on parlera de la sécurité bancale de votre établissement. 

 

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